2008 (2e trimestre)

BULLETIN COM/IDEEES
n°11 (181) 7 avril 2008

1)Les Français et la politique : retour de baton

Enquête Sofres/Libération à l’occasion de la Journée du livre politique.
Où l’on voit bien que les Français sont A NOUVEAU sans illusion sur la
politique. Impression de ne pas être entendu, de ne pas compter, de
n’avoir aucune prise sur la vie politique. Après un regain de confiance
au moment des présidentielles, retour très fort donc d’un pessimisme
citoyen à l’égard de la politique. En raison des promesses non tenues,
du « cause toujours... » systématique. Il faut remonter à 1991 pour
retrouver une telle déception. Mais existe aussi l’envie de bousculer le
poids du trio politique/médias/monde économique avec le souhait de voir
emerger des contre-pouvoirs ( associations, syndicats).

2)Popularité du PCF en forte hausse

Les municipales et cantonales ont boosté l’image du PCF : le baromètre
mensuel Figaro Magazine de début avril note une progression de six
points de la cote de popularité du PCF, passant de 21 à 27% de bonne
opinion ; c’est la plus forte cote du PCF depuis l’été 2006 (lente
dégradation depuis), la plus forte progression du PCF d’un mois sur
l’autre depuis très longtemps et la plus forte progression, en avril, de
tous les partis politiques (PS +5, Verts +3 ; Modem -4, UMP -2, FN-1).

Dans la même enquête, forte progression de l’inquiétude sur les prix (et
forte baisse d’inquiétude sur le chomage) ; on juge à 89% la politique du
pouvoir inefficace en matière de prix, de chomage (68%) ; deux français
sur trois pensent que les choses vont de mal en pis ; la confiance à
Sarkozy toujours aussi basse (37%).

3)Mise à mort de l’Etat social...

Nouvelle et forte offensive de la presse de droite sur les thèmes de la
dette, du déficit public, des dépenses publiques excessives, etc ;
histoire d’accompagner la purge à la mode Sarkozy ; et de démantibuler un
peu plus l’Etat social, accusé de tous les maux.

4)Et relance de l’Etat banquier.

On remarquera en même temps le retour, dans tous les pays développés, de
l’Etat banquier au service de la finance. Sans scrupule les libéraux
utilisent l’Etat pour aider banques et entreprises ; long article sur le
sujet d’Alexandre Adler dans Le Figaro du 29 mars intitulé de manière
provocatrice « L’Amérique et le socialisme » et détaillant l’étatisme de
l’équipe Bush : « A côté, les nationalisations de Mitterrand, c’est de la
petite bière ».

Sur le même thème voir Challenges du 3 avril : Patrick Artus y souligne
le caractère massif de l’intervention de l’Etat aux USA. Entre la FED et
les banques publiques régionales, la puissance publique a racheté en
quelques jours près de 400 milliards d’actifs « pourris », qui vont sans
doute lui rester sur les bras. Mais cela permet au discours officiel de
claironner « La crise est finie »...

5)Le pays a le blues

Gros échos dans la presse (double page du Monde, dossiers du Parisien,
de Libération) de l’enquête INSEE sur « le moral des ménages ». L’indice
du moral est à son plus bas niveau historique (-36) depuis la création
de l’indicateur en 1987 ! Cette angoisse dépasse de loin la question du
chômage, alors même que les chiffres officiels plus ou moins trafiqués
parlent de baisse... La question des inégalités, la peur de la
précarité, l’impression que les enfants vivront plus mal que les
parents, la succession de sacrifices sans que rien ne change, la crainte
de la mondialisation « libérale », des enjeux écologiques, etc, sont
cités comme facteurs de stress.

6)Nouvelle famille française

Sortie du bilan 2007 de l’Institut national d’études démographiques,
INED. La famille, aujourd’hui, ce sont des mères plus âgées, des PACS
qui tendent à se substituer aux mariages et une majorité d’enfants nés
hors mariage. A rappeler face au discours conservateur de la droite sur
le sujet.

7)Hit parade de la pensée critique

Les Rencontres de la Cartoucherie de Vincennes, festival annuel de
théâtre critique (juin), inaugurées il y a une dizaine d’années avec la
mise en scène de La misère du monde de Bourdieu, va travailler cette
année sur les auteurs suivants : Alain Badiou (De quoi Sarkozy est il le
nom) ; Slavoj Zizek (Plaidoyer en faveur de l’intolérance ; Le spectre
rode toujours : actualité du manifeste du parti communiste) ; Eric Hazan
(Changement de propriétaire) ; JC Michéa (L’Empire du moindre mal, essai
sur la civilisation libérale) ; Daniel Bensaïd (Les dépossédés) ; Comité
invisible (L’insurrection qui vient) ; Yannick Haenel (Cercle roman).

8)L’Eglise catholique est fatiguée

Long discours alarmé du cardinal Vingt-Trois, nouveau président de la
Conférence épiscopale, à Lourdes devant les évêques. « Douloureuse
mutation », « réalité inquiétante », « les prêtres ont le sentiment
d’être entraînés dans un tourbillon dont ni le sens ni le but ne sont
clairs », « pas de génération de successeurs », « épreuve », « 
souffrance », « crise ecclesiale », « manque de moyens »...

9)A propos de faillite

Alors qu’il est beaucoup question de dette publique, on relira avec
intérêt la chronique d’un économiste de l’OFCE, Mathieu Plane, in « 
Alternatives économiques » (1/1/8) montrant non seulement que la France
est dans la moyenne, que les critères de Maastricht ne tiennent pas
compte des « actifs des administrations », lesquels ont connu une forte
hausse. L’argumentaire donne ce chiffre : le bébé français ne récupère
pas à la naissance une dette publique de 18 700 euros mais hérite au
contraire d’un actif net de 11 000 euros.

10)Economie de marché et démocratie

Sur le thème marché et démocratie, on lira avec intérêt « Démocratie et
mondialisation » de JP Fitoussi (_www.ofce.sciences-po.fr
<http://www.ofce.sciences-po.fr/> _) et « L’économie de marché peut elle
être gérée démocratiquement ? » par Christian Barrère, économiste, Reims
(www.gabrielperi.fr)

BULLETIN COM/IDEEES
n°12 (182) 14 avril 2008

1)Le gouvernement et les réformes : frapper partout, gagner où c’est
possible.

Réunion de réflexion sur les réformes à l’Institut Montaigne, club huppé
dirigé par Bébéar (AXA) marquée notamment par un débat sur le rythme des
réformes. Mieux vaut prendre UNE réforme, exemplaire, et s’y tenir,
disaient les intervenant étragers ( ex ministre d’Aznar par exemple) ;
pas du tout, répliquait Raymond Soubie, conseiller de Sarkozy pour les
questions sociales. Mieux vaut une réforme imparfaite menée à terme
qu’une réforme parfaite qui ne voit pas le jour et surtout il faut « 
ouvrir plusieurs fronts en même temps et bouger. On ne peut pas être
battu partout. Il y a des régiments qui prendront des positions ». Il
ajoutait que « tout se tient » et insistait sur l’importance de la
préparation (Figaro Economie, 31/3 ; cf _www.institutmontaigne.org
<http://www.institutmontaigne.org/> _) .

2)Droite divisée

L « affaire Kosciusko », au delà de la question OGM, traduit un malaise
à droite portant pour l’essentiel sur le rythme des réformes. Et suscite
des commentaires alarmés dans la presse de droite.

Un édito du Figaro (11/4) rappelle qu’après les dernières élections,
Sarkozy a choisi d’accélérer, en attendant l’opinion des Français en
2012 ; nombre d’élus préfèreraient eux « adoucir », composer, tempérer,
etc. A l’UMP de trouver une passerelle entre ces deux orientations.
Il existe aussi à droite un courant trouvant Sarkozy trop frileux ; voir
les chroniques régulières de Rioufol dans Le Figaro, toujours : »La
rupture, réussie en politique étrangère, se fait attendre en politique
intérieure » (11/4).
Papier très sombre de Fressoz dans Les Echos (11/4) qui parle de « 
sinistrose », de « brouillard », de « cacophonie », de confusion ; tout
ça pousse, dit-elle, à une présidentialisation du régime. On attend la
parole présidentielle, dit-elle. Une manière d’annoncer la conférence de
presse du 21/4.

3)Entreprises : le climat est aux conflits

A lire l’entretien avec Xavier Lacoste in Le Monde (12/4), dirigeant
d’Altedia, boîte de management et de ressources humaines. Dans les
entreprises il y a « un vrai regain de la conflictualité », sur la
question du pouvoir d’achat ( et des prix) ; les plus démunis sont
affectés et les cadres (jeunes) ont « un sentiment d’appauvrissement »
alors que tous ont en tête les chiffres des patrons du CAC 40.
Les salariés ont « le sentiment d’avoir fait assez d’efforts » ; forte
demande de hausses des salaires ; on assiste à un « retour des
augmentations générales » après 20 ans de politiques fondées sur « 
l’individualisation des rémunérations ». Demande de justice. Les mesures
élaborées par le pouvoir sont « incertaines », y compris sa proposition
d’heures sup.

4)Les messages du programme de Ségolène Royal

S.Royal a formulé les dix questions qui devraient, selon elle, être au
coeur du congrès du PS. Derrière les formulations, on voit un peu où
soufflent les vents dominants : plutôt à gauche sur les questions du
capitalisme financier ; des rapports capital/travail et profits/salaires ;
des pouvoirs à l’entreprise. Plutôt « à droite » sur les thèmes du
réalisme économique ; de l’idéologie entrepreneuriale ; de l’assistanat...
Ton plutôt neutre sur l’Europe, sur mondialisation et protectionnisme.

On retiendra l’habileté rhétorique des questions, le faux équilibre des
alternatives, des mots forts pour des suggestions faibles, le mélange de
termes de gauche et d’autres très « centrés » :

*Il faut sortir du fossé entre un discours pseudo révolutionnaire dans
l’opposition et un conformisme économique au pouvoir : de quelle façon ?
(/le vocabulaire ici joue plutôt contre le pseudo révolutionnaire/.)

*Le socialisme ne peut pas se contenter d’aménager le capitalisme
financier à la marge : comment produire et répartir autrement la
richesse ? (/radicalité du propos/)

*Il faut pousser l’agilité des entreprises, le goût du risque et
l’esprit d’entreprendre, tout en améliorant la situation des salariés et
leurs sécurités sociales. Avec quel compromis ? /(Ici les « valeurs »
sont libérales, avec un seul accompagnement social)/.

*Il faut rééquilibrer le rapport de force entre le travail et le capital
par une meilleure répartition du profit. Quels contre-pouvoirs dans
l’entreprise ? (/radicalité/)

*Comment rompre avec la redistribution passive et bureaucratique comme
principal moyen de s’attaquer aux injustices sociales ? (/Là, les termes
sont très péjoratifs pour qualifier des pratiques de gauche/).

Les autres points portent sur les « modèles progressistes des autres
pays » ; le projet européen (il ne s’agit que de l’ »améliorer »,
programme minimum) ; Nord/Sud : faut se « protéger » sans « 
protectionnisme » ; écologie ; militantisme.

5)Culture économique des Français

Les Français sont nuls en économie, c’est la faute à l’école et à son
enseignement marxisant : ce propos est très en vogue. On notera une
initiative interessante, et sortant un peu (apparemment) de ce laïus
libéral, à savoir la création de l’Institut pour le développement de
l’information économique et sociale, l’Idies (_www.idies.org
<http://www.idies.org/> _) à l’initiative d’enseignants, syndicalistes,
journalistes, mutualistesassociations d’éducation populaire. On y
parlera d’enseignements, d’économie dans les médias, de pluralisme des
sources, de la prise en compte des diverses parties prenantes dans
chaque dossier. A suivre.

6)1968, suite

Dans l’abondante littérature autour de 1968, à retenir l’excellent (et
surprenant !) papier de Bertrand Badie, prof à Sciences Po, in La Croix
du 8/4, « Un besoin mondial d’utopie ». Il montre que si 1968 « 
regorgeait d’utopie », on est tombé dans l’excès inverse, « l’abandon
dangereux des sentiers de l’utopie » au profit du chiffre, du
management, de l’intérêt, du « benchmarking », d’une « ritournelle
néolibérale redoutable ». On a rompu « avec ce qu’il y a de plus
exigeant dans la politique : l’esprit de résistance, le désir
d’excellence humaine, l’impératif de coexistence et d’ouverture à
l’autre. L’individuentrepreneur devenant la mesure de toute chose, les
valeurs de la politique sont remisées comme des luxes désuets. Telle
était pourtant la gauche recherche qui faisait la force de mai 1968. Il
est temps de renouer avec l’utopie qu’elle portait pour reprendre la
quêt interrompue d’un humanisme moderné ».

7)Crise : passée ou à venir ?

Nombreux débats dans la presse économique sur la crise financière. C’est
fini, disent certains ; exemple : « Le début de la fin... » pour Pascal
Aubert de La Tribune (8/4). Mais plus nombreux sont ceux qui voient les
choses s’empirer ; pour Michel Aglietta dans Les Echos, « La crise
financière empire » (8/4) ; idem dans Le Figaro Economie : « Le FMI
dramatise la crise » (8/4) ; dans La Croix, l’économiste Laurence Meyer
pense qu’on peut s’attendre à « l’effondrement du système financier »
(8/4).

Les Echos du 11 disent que « le grand débat qui divise les économistes
internationaux est : la crise née des « subprimes » va-t-elle dégénérer
en crise économique mondiale ? »
Certains font le lien avec la crise alimentaire mondiale.
La plupart cependant laissent entendre que le choix, jamais remis en
cause, de la financiarisation pourrait désormais s’accompagner d’un
risque de crise permanent (et maîtrisé ?).

8)Sarkoberlusconisme

Intéressant papier de Pierre Musso dans Libé du 10/4 comparant les
expériences Sarkozy et Berlusconi et parlant de « Sarkoberlusconisme »,
montrant les points communs : au delà de la « théatralisation », c’est
une forme nouvelle de néolibéralisme qui veut transformer l’Etat
providence en Etat libéral ; qui interroge le rôle et la place de l’Etat
à l’intérieur du capitalisme ; réinvestir symboliquement le capitalisme ;
qui célèbre le travail, l’entreprise, le travailleur-consommateur ; qui
tente de concilier l’éthique catholique ascétique et le nouvel esprit du
capitalisme hédoniste.

Il y a beaucoup de bricolage, dit Musso, dans cet « américanisme
latinisé », adapté. Un livre de Musso sur la question sort fin avril (Ed
Aube).

9)Question centrale de l’Etat

Cette question du nouveau rôle de l’Etat est véritablement centrale dans
la stratégie de Sarkozy. Ainsi, derrière les mesures récentes de
rationalisation des dépenses publiques, il y a d’un côté la volonté « 
d’en finir avec l’Etat régulateur » (Figaro, 11/4) et de reconfigurer
une Administration plus apte à soutenir le capitalisme d’aujourd’hui
(voir l’exemple américain d’investissements massifs des banques
publiques pour sauver la finance privée).

10)Les valeurs des trentenaires


Grosse enquête Sofres/ Fig Mag sur les valeurs des trentenaires.
Résultats contradictoires. Se sentent bien dans la société française
(84%) ; leur loisir privilégié consiste à passer du temps avec les
enfants et la famille (73%) ; qualifient leur génération d’individualiste
(34%), lucide (31) et responsable (28) ; trouvent qu’ils ont plus de
chance que les parents en matière de loisirs(89), santé(78), aisance
matérielle (74), qualité de la vie(49) ; mais ont moins de chance côté
emploi (84), situation internationale (53), argent (51), logement (47
contre 47).

Les valeurs les plus populaires : progrès (94), droits de l’homme (82),
engagement (78), écologie (77), solidarité (75) ; les moins populaires :
marxisme (69) ; politique (63) ; capitalisme (57) ; mondialisation (56) ;
religion et consommation (54).

Les principales inquiétudes : inégalités riches/pauvres (58) ; pouvoir
achat (54) ; chomage (43) ; sécu (43).

*Sont 67% à trouver que l’Etat n’intervient pas assez dans l’économie.*

Les événements marquants : le 11 septembre (53), le mur de Berlin (47),
le SIDA (46).

BULLETIN COM/IDEEES
n°13 (183) 18 avril 2008

1)Les Français et l’économie de marché

Publication du nouveau sondage international Globescan sur l’économie de
marché vue dans 18 pays. (Le précédent avait fait beaucoup de bruit lors
du référendum européen). Concernant la France, double remarque : Turquie
mise à part, la France est (toujours) le pays le moins séduit par
l’économie de marché puisque seuls 41% des Français disent soutenir
cette économie (70% aux USA,62 en Allemagne, 50 au Brésil, 47 au Chili) ;
en même temps, depuis le dernier sondage identique de 2005, il y a une
hausse de 5% des partisans de cette économie. Le tsunami idéologique
libéral de ces dernières années, campagne des présidentielles comprise,
aurait donc laissé des traces.

En même temps, le sondage a été réalisé durant l’été 2007. La crise
financière des derniers mois a, en sens contraire, sans doute fait
bouger les lignes.

D’ailleurs, l’autre enseignement de ce sondage, c’est que la cote du
marché tend à s’éroder un peu partout et que les pays les plus acquis au
marché sont AUSSI les pays qui réclament le plus une réglementation...

Conclusion du président de Globescan : « Le système de la libre
entreprise avait déjà commencé à perdre la confiance aveugle des
citoyens avant l’effondrement du système financier. » (Figaro Eco, 17/4)

2)Economiser sur les familles

L’épisode de la vraie-fausse suppression de la carte famille nombreuse
participe certainement, selon Les Echos (15/4) d’une tentative plus
générale du pouvoir de faire des économies sur le dos des familles. Le
familial n’est pas vraiment du social, dit-on du côté de l’UMP ; cela
coûte cher ( 80 milliards). Les pistes ? S’en prendre aux allocations,
revoir les exonérations fiscales, etc.

L’annonce, quelques jours après cet article, du projet de réduire les
allocs pour adolescents confirme cette orientation.
Egalement dans le collimateur, les congés payés. On peut s’attendre,
avec le mois de mai et les ponts, à une (nouvelle) campagne de
culpabilisation des salariés sur le thème : trop de vacances en France.
Le Figaro a commencé avec une pleine page sur la question (17/4).

3)Réformes : la droite bataille au plan des idées

Chaque semaine le Figaro teste l’opinion sur les réformes via l’institut
Opinionway. Elle tente de vérifier la pertinence de l’argumentaire
sarkozyste. La méthode lui revient parfois dans la figure. Sur la
réforme assurance chomage, par exemple, 62% des sondés sont d’accord sur
le principe de l’obligation d’accepter un emploi après deux offres,
etc.... (85% à droite, 57% à gauche). Mais dès qu’on passe à
l’application concrète ( 2 heures de transport, 70% du salaire, etc...),
on passe à 50/50. Et de toutes façons on ne fait pas confiance au
gouvernement (23%) pour définir les modalités mais aux syndicatts et
partenaires sociaux (75%).
Sur l’école, si 75% des sondés de CSA/Huma sont solidaires des lycéens,
Le Figaro lui pose la question autrement : il fait approuver par 78% des
sondés le fait que la crise de l’école n’est pas une question de moyens
mais de structures (90% à droite, 70% à gauche) ! « Le qualitatif d’abord
 » et non pas les moyens financiers : thème d’attaque de la droite.

4)Pour tout savoir sur le SMIC

Dossier SMIC longuement traité sur le site www.laviedesidées.fr
Réponses aux questions : à quoi sert un salaire minimum ? Comment est fixé
le SMIC ? Est il élevé en France ? Qui est couvert ?Combien de smicards ?Un
pouvoir d’achat garanti ? A-t-il fortement augmenté ?Trop égalitaire ? Quid
des négociations paritaires ? SMIC et inflation ? Quelles réformes ?

5)Instruction civile et morale

Retour en septembre dans le primaire de l’instruction civile et morale.
Sous forme de maximes illustrées et expliquées, à apprendre, du genre « 
Nul n’est censé ignorer la loi » mais faudra aussi connaître les règles
d’acquisition de la nationalité ou se lever pour entendre La
Marseillaise. Hostilité générale des enseignants. Ils considèrent cet
enseignement doublement inadapté ; d’abord parce que leur propre travail
sur la citoyenneté répond mieux aux exigences d’aujourd’hui ; d’autre
part parce que l’utilisation de maximes apprises par coeur (« ce retour
aux fondamentau » selon le ministère) est désuet et inefficace.

6)Populisme associatif et humanitaire

Publication aux éditions Dalloz de « Le paysage associatif français
2007. Mesures et évolutions » de Viviane Tchernonog. Livre longuement
commenté dans Le Monde/Economie du 16/4 à propos de l’affaire de l’Arche
de Zoé ; on note 40 000 associations humanitaires en 2006, le double de
2000. Signe à la fois d’un engagement croissant ; d’un éparpillement
aussi de structures aux faibles moyens, anti-ONG taxés de
bureaucratiques. Signe de vitalité de la société civile ? A voir. Une
étude (américaine) montrait que le doublement du secteur associatif
entre 1968 et 1997 dissimulait un effondrement de l’engagement et de la
participation civique. Goût du « petit » contre le gros, critique
anti-bureaucratique, propos anti-intellectualistes, volonté de
s’affranchir de la loi = populisme, disent le livre et l’article. Besoin
pour le secteur associatif et les pouvoirs publics de réagir.

7) « Modernisation de l’Etat », suite

Entretien avec le responsable du syndicat de la fonction publique du
Québec, Michel Sawyer, dans Le Monde/Eco du 16/4. Le Québec est
volontiers présenté comme un exemple à suivre par les sarkozystes en
matière de modernisation de l’Etat, en fait de privatisations accélérés
tout azimut des services. L’auteur montre que le processus, initié voilà
une dizaine d’années, avec notamment l’objectif de non remplecement d’un
fonctionnaire sur deux, conduit à « une augmentation de la charge de
travail de ceux qui restent, manque de transferts d’expertise,
diminution de la qualité des services publics... ».

Rappelons qu’un récent rapport du Sénat français sur cette epérience du
Québec comportait des passages très critiques sur l’affaiblissement des
pouvoirs publics.

8)Actualité du marxisme

Le sondage sur les trentenaires (Sofres/ Fig Mag) montrait que, sur 25 « 
mots-valeurs », celui de marxisme était le plus impopulaire (21% positif
pour 69% de négatif) mais quel contenu a ce mot pour ces gens ? Qui
trouvent presque aussi impopulaire le mot capitalisme.
En même temps il y a bien un climat nouveau autour de Marx dont parle
bien Isabelle Garo, responsable du GEME (Grande éditions Marx Engels)
dans l’Huma du 16 : regain d’intérêt, multiplication des parutions,
retour des catégories des classes sociales, d’exploitation, de communisme.

9)L’exutoire chinois ?

Vu au JT d’antenne 2 l’autre soir : ouverture avec les JO, le Tibet, la
Chine ; peu après, séquence sur la crise alimentaire sur le thème « C’est
la faute aux chinois qui mangent trop de viande... » ; puis séquence
Inflation et rebelote : ce mal nous vient de Chine.

Au delà de l’enjeu Tibet/Droits de l’homme, disons qu’il y a à
l’évidence un nouveau « regard » sur la Chine en France ces derniers
temps. Lire François Godement in Le Monde du 16/4 : il parle d’un
renversement de perception depuis trois ans. On est passé du bon géant
fêté ici il y a peu ( Tour Eiffel aux couleurs de la Chine, vente
d’armes, nouvel an chinois si sympathique...) au méchant géant chinois
qui fait peur, qui concurrence, qui ne s’adapte pas aux normes
attendues, qui ne s’aligne pas.
Remarque annexe : lire l’enquête du Parisien du 13/4 sur la personnalité
trouble de Robert Ménard, patron de Reporters sans frontières (RSF) et
sur le financement de son organisation, notamment par deux organismes
américains liés à la CIA. Sur cette question, lire « La faca cachée de
RSF. De la CIA aux faucons du Pentagone » de Maxime Vivas, ed Aden.

10)Des atoûts français

La campagne sarkozyste sur les réformes s’appuie beaucoup sur l’idée du
déclin français, un pays en perte de vitesse, etc. Ce fut le thème
majeur de la droite à la présidentielle ( cf le livre culte de Baverez).
Or au fil de l’actualité on peut glaner ici ou là des infos, tout au
contraire, sur la performance française. Il y a quelques jours était
publié le classement, par le WEF (Davos) des pays utilisant les
technologies de l’information (Le Monde, 10/4). La France a des points
forts comme le coût d’accès des réseaux haut débit (ADSL, WiFi...), un
des trois moins chers au monde, la qualité de l’enseignement
mathématique, le nombre d’ingénieurs ou l’utilisation des TIC par les
administrations (10è rang).

Le 17/4, dans Le Figaro, Jean Rochefort (CREDOC) rappelait que « la
productivité horaire des salariés français est une des plus fortes au
monde, leur travail est plus concentré dans le temps, plus intense »...

PS) Grogne à la droite de la droite, trouvant Sarkozy trop sensibles aux
critiques de gauche... au point que la chronique de Rioufol cette
semaine est intitulée : « Sarkozy est-il encore de droite ? ».

BULLETIN COM/IDEEES
n°14 (184) 5 mai 2008

1)L’opinion, an an après

Nombreux articles, au lendemain de la conférence de presse de Sarkozy et
à l’approche du premier anniversaire de la présidentielle. Le Président
a un peu rassuré certains de ses électeurs mais il n’a pas convaincu.
C’est la tonalité générale ; Slama du Figaro est sévère : belle opération
de « com » dit-il mais efficacité politique à peu près nulle.

Dans la foulée, batterie de sondages ( Figaro Magazine, Le Parisien) qui
confirme que la chute de Sarkozy (et de Fillon) se poursuit.
Du côté des réformes, plusieurs enquêtes (BVA-Les Echos, OpinionWay
Figaro) montrent une forte opposition à la suppression de postes dans
l’Education, à la réforme de la carte hospitalière, aux franchises
médicales.
Les sondés pensent que les heures sup n’ont pas été efficaces, que la
nouvelle loi sur la concurrence est mauvaise.
En revanche il semble qu’une petite majorité (51%) penserait que le
passage aux 41 annuités est inévitable. Chiffre très mis en avant à
droite pour signifier que la pédagogie paie ( Les Echos).
D’ailleurs, le thème « le gouvernement va faire encore plus de pédagogie
sur les réformes » revient souvent.

Autre enquête révélatrice : le moral des ménages n’a cessé de chuter ces
derniers mois ; en avril il a encore baissé d’un point pour atteindre « 
son plus bas niveau historique ». Le pessimisme porte sur le pouvoir
d’achat. Un niveau de déprime qui inquiète les experts (cf Figaro Eco du
30/4) car il pèse sur la croissance.

2)Droitisation de l’Europe : mais encore ?

Les élections italiennes et britanniques donnent lieu à une nouvelle
vague de commentaires sur la droitisation de l’Europe. C’est le cas
notamment d’une page du Monde du 4/5 avec un entretien (« Une
droitisation à l’échelle de l’Europe ») avec le politologue (droitier)
Dominique Reynié. Un thème développé ici lors de la présidentielle et
mis en sourdine depuis, notamment avec les municipales/cantonales.

En fait, le point commun qui apparaît en Europe est la radicalisation de
la rhétorique de droite, très axée sur insécurité/immigration ( à Rome,
à Londres), discours qui séduit une partie de l’électorat populaire
(voir l’accent mis en France ces derniers jours encore sur des affaires
d’insécurité, crimes, viols....)
Mais dans le même temps, l’autre caractéristique commune est une crise
économique qui s’approfondit et qui appelle une nouvelle intervention
étatique plus « keynesienne » que libérale ; ici c’est plus l’absence de
la gauche qui est à déplorer ( à Rome, à Londres et ailleurs) qu’un
triomphe du libéralisme.

3)Pour un nouvel interventionnisme étatique

Ce thème est quasi quotidien. Dans une longue analyse sur la crise
américaine (Le Monde, 2/5, p2), le correspondant à New York écrit : » De
plus en plus d’économistes évoquent l’idée que la sortie de crise ne se
fera pas sans recours à une régulation renforcée ni investissements
massifs de l’Etat fédéral dans de grands chantiers : écoles, hôpitaux,
transports. Certains patrons commencent à tenir le même discours ».

Voir aussi l’essai de l’économiste Jacques Sapir, « Le nouveau XXIe
siècle. Du siècle américain au retour des nations », Seuil. Contre le
libéralisme dogmatique, contre l’économisme ambiant ; pour « l’autonomie
du collectif » et la « notion de bien public » ; la société n’est pas
l’addition d’individus privés ; critique ces pays comme l’Espagne, la
Grande bretagne où la dette publique est limitée mais la dette des
ménages énorme (en Espagne, la charge d’intérêt représente en moyenne
55% des revenus disponibles des ménages et les prêts à l’immobilier 65%
des engagements des banques !).

Sur un thème proche, retenons cette fin de chronique d’Eric Le Boucher,
dans Le Monde du 20/4 (intitulée « L’hyperfinance en reconstruction ») :
« le tournant est certain : l’autorégulation ne fonctionne pas, les Etats
sont de retour. »

4)Ambivalence de l’opinion selon Dubet

A lire la tribune libre de François Dubet, sociologue, dans le Monde du
3 mai, intitulé « Un quart d’heure avant la révolte ? ». Il estime que « 
tous les ingrédients de l’explosion sont présents : faible adhésion au
pouvoir, faiblesse tout aussi grande de l’opposition, addition de
frustration et de plaintes ». Il pense que l’opinion (et la jeunesse)
est certes portée à contester mais elle véhiculerait aussi des idées
rétrogrades ( genre discipline plutôt qu’autonomie) telles que « sur ce
point mai 68 s’est inversé ».

5)Déclaration de principes du PS

Abondante littérature autour de la nouvelle déclaration de principes du
PS publiée intégralement dans Le Monde du 22/4. La plupart des
commentaires (Le Monde, JDD, Le Figaro...) consiste à dire : c’est bien
mais aurait dû aller beaucoup plus loin. On parle d’une « sorte de Bad
Godesberg français » qui serait déjà dépassé.

Sont salués par cette presse « le caractère européen » du PS, plus
affirmé qu’auparavant ; sa position pour « l’économie sociale de marché ».

Dans le même temps, on trouve ambigüe l’attitude face au marché qui ne
serait bon que « régulé » ; on trouve étrange ce « réformisme » qui est
pour « un projet de transformation radicale » ; on se méfie de cette
quête d’une « société nouvelle » privilégiant les secteurs « non
marchands » ; on s’étonne de la volonté de « rassembler toute la gauche »
alors que les autres partis de gauche n’ont pas renoncé aux « espérances
révolutionnaires ».
Voir Le Figaro du 21/4 et du 28/4 ; le JDD du 27/4 ; Le Monde du 22/4.

6)La France et le monde en 2050

Multiplication d’études prospectives, privées ou officielles, sur le
monde en 2050. Le ministre Eric Besson vient de lancer un travail sur le
monde en 2025. L’Institut Aspen France, dirigé par l’incontournable
financier Michel Pébereau, va éditer aux éditions Autrement une enquête
auprès de 50 personnalités sur le monde en 2050. On sera entre 9 et 12
milliards d’humains. Avec une Afrique très peuplée et un monde très
asiatique. Un monde de citadins (3 habitants sur 5) où les questions de
la sécurité alimentaire et de l’agriculture « auront un rôle central ».

Les « optimistes » imaginent un monde peuplé de « capitalistes créatifs
 » et d’ « hyperdémocrates » ; les « pessimistes » voient un monde
difficile, où « des réseaux d’experts mondiaux » seront chargés de
résoudre les grands enjeux (écolo, éducation, santé) car il n’y aura pas
de « système représentatif global ». On parle d’un monde divisé en
trois : ceux qui inventent et ceux qui prescrivent, plusieurs centaines
de millions d’individus, bien payés mais en compétition ; ceux qui
produisent (10 milliards) se contenteront des miettes. Abou Diouf (
francophonie) ne voit en 2050 que « des survivants »(!), la majeure
partie des gens vivant dans d’immenses villes où l’on mangera mal.
Conclusion du Figaro (21/4) : « Pour que ce monde-là soit vivable, il
faudra beaucoup d’éthique »...

7)ça bouge du côté de 68

Long édito symptomatique de Nicolas Weil dans Le Monde du 26/4 intitulé
« La pensée anti-Mai 68 s’épuise » ; montre comment 68 est passé de
l’état de modèle à celui de repoussoir mais comment aussi cette dernière
tendance est « contrecarrée » par une nouvelle lecture des historiens
qui dépassent les seuls enjeux de moeurs ou de génération, par un
nouveau dynamisme de la pensée radicale, par une nouvelle productivité
théorique, un nouveau « bouillonnement » (Badiou, Negri, Agamben, Hardt,
Zizek) alors que « la tradition libérale en France s’est comme figée sur
sa posture mélancolique ou décliniste quand elle n’est pas devenue
franchement réactionnaire ».
On notera d’ailleurs que la campagne des jeunes UMP sur 68 se fera non
pas sur la ligne anti-68 pure et dure de Sarkozy mais sur une tentative
de récupérer l’héritage de mai...

8)J. Kerviel, un héros de notre temps (libéral)

Les médias nous tiennent régulièrement informés des faits et gestes de J
Kerviel ; fait la Une de la revue Challenges (16/4) ; d’emblée les
sondages lui ont été favorables contre la Société générale ; c’est David
contre Goliath ; baptisé le Robin des bois des salles de marché ou le Che
Guevarra de la haute finance ; plusieurs centaines de fan-clubs ; 3,5
millions d’occurrences sur Google fin mars.
Interrogés fin avril, 50% des lecteurs du Figaro lui confieraient la
gestion de leur patrimoine....

9)Spéculations sur la nouvelle donne syndicale

Beaucoup de commentaires sur l’accord (on dit « position commune ») CGT,
CFDT, MEDEF sur la représentativité syndicale. Pour négocier en
entreprise, le syndicat doit faire plus de 10%, pour que l’accord soit
valide, il doit avoir l’aval d’au moins 30% du personnel. Tout « petit »
syndicat est ainsi marginalisé. Longue analyse du Monde (20/4) qui
reprend la formule de la CFTC, « un Yalta syndicaticide ». Beaucoup de
commentaires de la presse de droite qui veut y voir « un changement de
culture » à la CGT (toute une page du Figaro du 30/4) ; Sarkozy en
personne s’est cassé d’un long papier dans Le Monde pour applaudir
(19/4). Le papier s’intitule « Pour des syndicats forts » et loue « la
renfondation complète de notre démocratie sociale ».
La presse de droite, parlant d’une mobilisation moyenne pour le 1er mai,
laisse entendre que la lutte est archaïque, est moderne la discussion
sociale ; d’ailleurs est en cours en France « un extraordinaire mouvement
de rénovation des moeurs sociales » (Figaro).

10)L’anniversaire de Sarkozy : l’attitude des autres partis

UMP : tracts à 4 millions d’exemplaires sur « les promesses tenues »,
consultation des internautes et réunion des nouveaux adhérents salle Gaveau.

PS : tracts à trois millions d’exemplaires sur « les illusions perdues ».
Trois affiches (300 000 exemplaires) sur le « quotidien » : une jeune
femme s’interroge « Avec 1000 euros par mois, comment vivre ? » ; un
couple hésite « Payer son loyer ou fonder une famille ? » ; un sénior
s’inquiète : « Faire ses courses ou aller chez le médecin ? ».

BULLETIN COM/IDEEES
n°15 (185) 13 mai 2008

1)Sarkozy : décrochage dans les classes populaires

Pleine page sur l’état de l’opinion pour le premier anniversaire de
Sarkozy à l’Elysée. Analyse de Stéphane Rozes montrant que « le
décrochage concerne principalement les classes populaires sur le pouvoir
d’achat et les personnes âgées sur l’exposition de sa vie privée ».

2)Situation instable, voire explosive

Nombreux commentaires autour de l’idée de « vide politique ». Stéphane
Rozes parle de « situation instable » (Humanité) avec une opinion qui
pourrait se tourner vers les syndicats, le mouvement social. La Croix
(30/4), commentant un rapport de l’Observatoire de la pauvreté (des
pauvres plus pauvres, des riches plus riches), estime que « la cohésion
sociale » est mise à mal et parle « d’un sentiment mêlé de frustration
et d’anxiété qui est socialement explosif ». Le sociologue François
Dubet ( déjà cité dans la précédente note) trouve que « tous les
ingrédients de l’explosion sont présents ». Le terme d »’explosif » est
repris dans l’éditorial de L’Humanité du 7 mai. Ségolène Royal parle
dans Le Parisien (7/5) de « crise grave » et « d’exaspération très
profonde et dangereuse ».

3)Droite et idéologie

Lors de la soirée UMP pour fêter l’anniversaire de Sarkozy, Fillon a pu
déclarer que son pouvoir avait, au cours de l’année passée, « emmené les
Français sur le terrain idéologique » de la droite.

Michel Maffesoli dans « La république des bons sentiments » (Le Rocher)
écrit de la même manière : « Le sens commun tend à revendiquer ses
droits. Ce qui ne manque pas d’être subversif ».

4)Droitisation en Europe

Papier d’analyse du Figaro du 6/5, « L’irresistible poussée de la droite
en Europe » qui montre bien:1)la vague de droite en Europe (Espagne
exceptée, où la droite locale est « archaïque » côté moeurs...) ; 2)en
toile de fond, une droite qui a su tirer partie des mutations en cours,
de l’effondrement idéologique ambiant, des nouvelles peurs ;3)une
victoire de la droite qui s’explique « d’abord par l’échec du modèle
social-démocrate » bousculé par la mondialisation (« il n’y a plus rien à
distribuer » ;4)ne pas oublier « les mouvements de gauche plus radicaux »
genre Parti Socialiste au Pays Bas, PSP au Danemark, Di Linke en
Allemagne ;5)la droite a (bien) joué sur « la confusion idéologique »,
empruntant à la gauche des thématiques sociales ;6)la droite a
cannibalisé l’extrême droite : insécurité, immigration.

5)Une France anti-jeune

Papier intéressant dans La Tibune (30/4) de G. Tirot (auteur de « France
anti-jeune : comment la société française exploite sa jeunesse », ed
Milo) rappelant que la jeunesse française est la plus déprimée au monde
( enquête de la Fondation pour l’innovation politique de l’UMP) et qu’il
y a de bonnes raisons à cela : assurance qu’elle vivra moins bien que les
parents ; « principale variable d’ajustement » en économie ; attente de 8
à 11 ans en moyenne pour avoir un emploi stable ; travail gratuit (stage)
et travail précaire ; sentiment d’inutilité ; un trentenaire gagne 40% de
moins qu’un quinqua (15% en 1975) ; le salaire annuel d’un cadre
trentenaire ne permet plus d’acheter que 4m2 à Paris contre 9 en 1984 ;
appauvrissement ; doutes sur les retraites...

6)Concurrence ou régulation

« Eloge de la concurrence » : le papier de Pascal Salin dans Les Echos du
30/4 est symptomatique de la pugnacité (idéologique) des libéraux. Ils
savent que la thématique de la libre concurrence est critiquée, que les
approches de régulation (qu’ils traduisent par « réglementation ») sont
plutôt populaire. Aussi ferraillent-ils volontiers et sans hésiter, sans
nuancer : c’est en faveur d’une concurrence libre, totale qu’ils
plaident ; « un principe n’admet pas de compromis » (!) écrit-il dans le
même temps où ils condamnent toute espèce de « contrainte légale et
réglementaire ».

7)La droite s’inquiète de l’image du capitalisme

Papier stressé du chroniqueur économique du Figaro (13/5), intitulé « 
L’éthique du capitalisme menacée par son esprit », où il énumère la
liste d’affaires scabreuses : groupe financier qui propose des
assurances-vie indexée sur le prix des matières premières agricoles ;
UIMM ; EADS ; scandale Wendel/Seillères... Dans un pays qui se méfie de
l’argent, autant de problèmes qui contribueront à identifier capitalisme
et « cupidité », regrette-t-il.

8)Opération Terra Nova

Lancement très soutenu par Libération d’une nouvelle fondation « 
progressiste », Terra Nova, président Olivier Ferrand.(_www.tnova.fr
<http://www.tnova.fr/> _) chargé de reformuler des propositions
thématiques (économie, institutions, europe, sujets de société,
politique, finances publiques, emploi, affaires sociales, écologie et
développement durable, enseignement supérieur et recherche, logement et
politique de la ville, sécurité, immigration, intégration, non
discrimination, justice, culture et communication, agriculture et pêche,
réforme de l’Etat, jeunesse et sport, international, défense,
éducation) ; un groupe de travail sur des « primaires à la française »
est sur pied (Bergounioux, O. Duhamel, Filipetti, Marc Lazar, Missika,
Parodi, Rozes...)
250 experts qui devraient avoir réponse à tout ; une façon de faire, à
gauche, ce que Sarkozy avait organisé avant la présidentielle avec ses « 
Conventions UMP » entre 2005 et 2006.

9)Tapis rouge pour Besancenot

Passage d’Olivier Besancenot à Vivement Dimanche de Drucker le 11 mai.
Une pleine page du Figaro du 9 mai avec ce message : c’est « un clou dans
la chaussure du PS comme le FN le fut en son temps pour le RPR ». Cinq
pages dans l’Express ; la Une du Nouvel Obs ; passage chez Laurence
Ferrari de Canal + ; papier de JM Helvig, Besancenot nouvelle star in
Mediapart.

10)Faire le pont ou travailler plus

Petite polémique entre médias de droite sur les ponts et le travail à la
Sarkozy. Répondant au Parisien qui titrait la veille du 8 mai « Cinq
jours de bonheur », Le Figaro notait que « ces petits plaisirs ont un
coût : l’oisiveté nous revient cher » et parle d »’aberration économique
que représentent tant de journées de congé ».

BULLETIN COM/IDEEES
n°16 (186) 19 mai 2008

1)La gauche n’arrive pas à se faire entendre

Nouveaux sondages confirmant une cote du pouvoir dans les basses eaux
mais Métro, avec l’institut -controversé- OpinionWay, fait sa Une sur 1
point gagné par Sarkozy, titrant : « La majorité reprend ses esprits »...

Une majorité qui a fait grand bruit ces derniers jours sur le dernier
chiffre INSEE de 2,2% de croissance.

Mais l’enseignement principal de ces enquêtes, c’est la faible
crédibilité de la gauche (alors même que les mouvements sociaux sont
forts). « La gauche n’arrive pas à se faire entendre et à surfer sur la
vague des mécontentements » dit Bruno Jeanbart de OpinionWay (Delanoé
 8, Royal -4, Hollande -4). A noter cependant la hierarchie des leaders
d’opposition( indice de satisfaction comme opposants) : Delanoe (58),
Aubry (50), Besancenot (49), Voynet (48), Bayrou (47), MG Buffet (39),
Royal (39), Montebourg (35), Valls(34), Fabius (34), Hollande (33), Le
Pen (14).

2)La droite en Europe (suite)

Le débat continue dans la presse de droite notamment sur la manière dont
cette même droite, presque partout portée au pouvoir en Europe, doit
répondre aux attentes. Elle se veut une droite ferme (sur l’immigration
par exemple) mais pas une droite dure (et raciste), une droite tolérante
( liberté des moeurs, questions sociétales), une droite n’hésitant pas à
tendre la main à la gauche, à récupérer certaines de ses idées (et de
ses personnalités), à injecter du social dans le libéralisme. Du
social-libéralisme pur sucre. Le contre-exemple de ce point de vue est
le Parti populaire espagnol, montré du doigt comme parti sectaire et
dépassé, disent ses partis-frères. On retrouve ce mélange de « fermeté »
, de tolérance sociétale et de main tendue vers l’opposition aussi bien
chez Berlusconi que chez les « nouveaux » conservateurs anglais par
exemple, dit Le Figaro du 16/5. Une droite qui cannibalise l’extrême
droite mais pour la stabiliser sur cette ligne là.

3)Libération (et Joffrin) pousse à la droitisation du PS

Après l’exceptionnel écho donné dans ces colonnes au lancement de la
très « blairiste » fondation Terra Nova, Joffrin se livre longuement à
une lecture très droitière de la nouvelle déclaration des principes du
PS (16/5). Ce serait 1789 contre Marx (qui égale barbarie et goulag) ; « 
un tournant doctrinal qui recouvre un changement en profondeur de l’idée
de gauche en France » ; il invoque, sur la même ligne, les derniers
livres de Huchon et Valls ; et conclut : « Pour la première fois depuis un
siècle, le congrès socialiste ne se gagnera pas à gauche ».

4)Les riches se montrent trop

Commentaires convergents sur les risques, pour la cohésion sociale, et
surtout en fait pour la légitimité du capitalisme, de cette exposition
permanente de richesses auxquels se livrent les possèdants. Long papier
du chroniqueur économique du Figaro évoquant tout à la fois Wendel,
EADS, etc et tirant la sonnette d’alarme. Pour lui, le système a un
problème d’éthique... Même propos très sévères du président de la
Bundesbank (Tribune, 16 mai) contre « les rémunérations indécentes ».
Plus significatif encore : l’Eurogroupe, soit le conseil des ministres
des finances des quinze de la zone euro, s’en prend aux « dérapages
excessifs », « scandaleux » ; le phénomène est en effet européen ( 28
millions d’euros pour la retraite dorée d’un patron hollandais ; 70
millions pour un de ses collègues...). Le problème est que l’Eurogroupe
n’a aucune possibilité d’action. Voir Le Figaro du 14 ou Libération du
15. Voir aussi le long reportage du Monde sur l’enrichissement (limite
illégal des dirigeants de Wendel dont Sellières).

Sur le même thème, l’approche de La Croix (30/4) est plus interessante.
L’éditorialiste dit qu’il faut prendre des mesures contre les riches. On
dit que s’en prendre aux riches ne donnera pas beaucoup aux pauvres : « 
*Statistiquement, c’est vrai. Psychologiquement et politiquement, il en
va tout autrement : l’ensemble de la cohésion sociale est en jeu*. »
A noter la sortie du numéro spécial Monde diplo, Manière de voir,
intitulé « L’Internationale des riches ».

5)Crise du capitalisme

Le débat continue très fort sur la crise du capitalisme. Un premier
niveau, un peu superficiel : la crise est finie ou pas finie ?
Officiellement, la crise est finie. Mais attention, dit l’éditorialiste
des Echos (13/5) : « la phase aiguë de la crise financière » est passée
mais les ingrédients de la crise sont là, à savoir une crise de
l’immobilier qui persiste et s’étend ; une crise de la finance toujours
massive (annonce quotidienne de dépréciation d’actifs) ; crise des
entreprises et des ménages qui ne fait que commencer : crédits moins
faciles, emplois supprimés, investissements tassés.

Plus fondamentalement, le débat porte sur la nocivité du capitalisme
financier. Lire dans La Tribune du 16/5 les propos VIRULENTS du
président de la Bundesbank : « les marchés financiers sont devenus des
monstres incontrôlables...les banquiers sont responsables...le ras le
bol du capitalisme financier...pratiques sociales les plus sordides
(dans les pays du Sud ; il parle d’une déscolarisation sans précédent des
enfants en bas âge pour cause de recrutement forcé dans les usines !)...
 » Et La Tribune de conclure : « Ce que les banques ont fait ces cinq
dernières années est indéfendable. Elles ont lâchement abandonné
l’économie réelle pour se lancer dans une économie virtuelle fabriquant
ainsi une bombe qui ne pouvait qu’exploser. Aujourd’hui les victimes
veulent leur revanche. Et on ne peut pas leur en vouloir. Ni leur
reprocher leurs débordements actuels et à venir. Le capitalisme est en
crise ».

6)La montée du protectionnisme

Toujours sur la crise du capitalisme, éditorial très dur aussi de Fabra
dans Les Echos (16/5) ; il montre comment dans tous les pays « 
occidentaux », les contraintes financières pèsent sur les entreprises
qui font payer l’addition aux salariés donc au pouvoir d’achat : « *Pour
la première fois depuis deux siècles le niveau de vie de la majorité de
la population apparaît compromis*. » Conséquence : une étude de
l’université Harvard montre que les salariés s’opposent de plus en plus
à l’internationalisme économique, établissant l’équation que ce qui est
bon pour le business et l’économie mondiale n’est pas bon pour eux. D’où
l’intérêt, pour cette étude, d’une coopération entre Etats pour réguler
et contrer ce repli : « Le découplage entre les intérêts du monde des
affaires et celui des nations est peut-être inévitable ; un découplage
entre la politique économique internationale et les intérêts des
travailleurs américains ne l’est pas » dit toujours l’étude.

7)Communisme

A lire (sur Communisme 21e siècle) l’intervention d’Yvon Quiniou, « Le
communisme est-il mort ? », se concluant par : « La question du
communisme reste complètement ouverte puisque son impossibilité n’a été
démontrée ni au niveau historique, ni en profondeur, au niveau
anthopologique, même s’il faudra toujours une morale et un Etat pour
socialiser l’homme. Cela n’en fait pas un futur certain mais jusqu’à
preuve du contraire un avenir possible ».

8)La CGT et l’individualisation des rapports sociaux

Bernard Thibault, in Le Monde (14/5), suite à une question sur la
pression idéologique de la droite, reconnaît que l’individualisation des
rapports sociaux est un défi à relever, une question qui devrait occuper
« une place importante » au prochain congrès CGT de 2009. Les syndicats
n’ont pas réussi à s’adapter à cette situation. « L’aspiration à ce que
chacun des salariés puisse être davantage acteur de son propre parcours
est légitime. C’est à nous de démontrer que la liberté de choix
individuel n’est praticable qu’avec un cadre de droits collectifs
étoffés » dit BT.
Rappelons qu’une étude récente des DRH montrait la limite de la
politique d’individualisation aujourd’hui, le besoin de collectif qui
s’exprime dans les entreprises.

9)Obama vu de banlieue

Plusieurs articles soulignent la popularité en France du (probable)
candidat démocrate Obama, notamment en banlieue. Avec à la clé un
changement d’image des USA (mobilité sociale, ascension d’une nouvelle
génération noire). Pas mal d’illusions aussi mis dans Obama (identifié
parfois à la libération des noirs). Deux remarques souvent faites, par
exemple par François Durpaire et Olivier Richomme, auteurs de « 
L’Amerique d’Obama » (Démopolis) in Libé du 13/5 : l’Amérique n’est pas
une société « postraciale », les discriminations contre les noirs (et
Latinos) restent très fortes ; ensuite, Obama ne se revendique pas d’une
minorité ni d’un communautarisme mais d’une démarché fédérative
dépassant ces conflits (il parle par exemple « du manque de moyens pour
l’éducation qui entrave l’avenir de nos enfants, qu’ils soient noirs,
blancs, hispaniques... »)

10)L’UMP tente de se réactiver

Crise à l’UMP, suite aux municipales, et remue ménage, supervisé par
l’Elysée. Attitude plus pugnace du porte-parole (Frédéric Lefevre) ;
Changement de secrétaires fédéraux là où les défaites les plus lourdes
ont été enregistrées, douze déjà « virés ». Relance prévue de la
bataille d’idées avec le retour des conventions thématiques, une tous
les trois mois. La première le 12/6 à la Mutu sur le thème de « justice
sociale », en principe ouverte à la gauche et aux syndicatq... D’autre
part Kosciusko-Morizet devrait animer une série de « controverses »
opposant partisans et adversaires des « réformes ». Le mot d’ordre : « un
gouvernement dans l’action et un parti dans le débat ». Jouer la
confusion en piochant dans des terres de gauche (RSA, niches fiscales).
« Prendre la gauche sur son propre terrain de la justice sociale, c’est
la source du sarkozysme » dit Devedjian.
Pour l’heure le parti apparaît peu alors que le groupe parlementaire
s’agite.
L’UMP revendique 370 000 adhérents fin 2007 ; + 77 000 en un an.

BULLETIN COM/IDEEES
n°17 (187) 23 mai 2008

1)Les Français, les réformes, le changement

Les Français sont pour le changement mais inquiets des réformes. Cette
nuance « sémantique », évoquée dans un article du Monde, qui synthétise
le travail de plusieurs institus de sondage (22 mai), serait un peu
nouvelle. Jusqu’ici, le concept de réforme, récupéré par la droite, au
nom du refus de « l’immobilisme », permettait de faire passer beaucoup
de choses.

Si les réformes « sociétales » ( et plutôt sécuritaires) comme le
service minimum ou les peines planchers ont recueilli une majorité de
l’opinion, les réformes sociales heurtent cette même société.

Propos d’enquêteurs.

JF Doridot (IPSOS) : « Il y a un problème sémantique chez les Français
entre le changement qu’ils approuvent et les reformes qu’ils redoutent.
Tant qu’on leur présente les choses de manière abstraite, ils approuvent
mais quand ils en comprennent les effets directs sur leur situation, ils
rechignent ».

F. Dabi (IFOP) : « Les Français sont souvent inquiets de réformes qu’ils
comprennent mal même s’ils les jugent souvent nécessaires. »

J. Sainte-Marie (BVA) va plus loin : « La chance de Sarkozy (en 2007,
ndr), c’est que la campagne s’est faite sur ses thèmes -régaliens et
sociétaux, aussi sur la valeur travail- mais peu sur celui de la
réforme. *Il n’y a pas de base sociale et électorale pour faire des
réformes*. Seuls les travailleurs indépendants, les cadres supérieurs et
les retraités les réclament.
Se confirme bien la stratégie de Sarkozy de lancer toutes les réformes
en même temps, au risque de soulever des oppositions diverses mais avec
l’espoir d’en voir certaines passer victorieusement l’épreuve... Alors
que se focaliser sur une seule réforme, ce serait prendre le risque de
la voir échouer et s’interdire toute autre réforme ensuite.

2)Retraites : opinion remontée et manque d’alternative

Une opinion à la fois favorable au mouvement social, indécise sur les 41
annuités, en attente d’idées neuves.

L’opinion est majoritairement en faveur de la journée d’action du 22 mai
( 60% pour Libération, 56 pour L’Humanité, 50/50 pour Le Figaro).

Elle est partagée sur les 41 annuités : Sondage CSA/Parisien : 48% contre
les 41 ans (pour : 46%) ; 66% des salariés du public opposés. Sondage Le
Figaro du 23/5 : 52% pour les 41 annuités. Doutes importants dans la
jeunesse.

Opinion assez lucide sur les projets en cours : 49% (sondage Libération)
pensent qu’on va vers un système à l’américaine (contre 41).

Opinion qui est contre l’allongement de la durée de cotisation, contre
l’augmentation des cotisations, contre la réduction des pensions.

Opinion en attente d’idées neuves (Libération du 22/5) autour des idées
de solidarité, d’égalité, de fraternité.

Opinion qui sur ce dossier fait plus confiance à la gauche (44%) qu’à la
droite (32%).
Bref un dossier où la gauche pourrait l’emporter, si elle était pugnace.

3)La droite se remobilise

Les enquêtes indiquent que Sarkozy se referait, un peu. Convergence
d’études (OpinionWay/Métro, BVA/Tribune, BVA/Express, CSA/Valeurs
actuelles,LH2/Libération) indiquant que Sarkozy se stabiliserait dans
les basses eaux ou remonterait légèrement.

Léger tassement aussi du pessimisme mais on reste très bas : 72% se
sentent moins confiants sur l’avenir économique du pays et 20% plus
confiants en mai ( ils étaient respectivement 83% et 12% en avril).

Résultats apparemment paradoxaux alors que les luttes se développent,
que les difficultés à droite se multiplient, que la majorité hésite. La
presse de droite pourtant met en avant « un premier bilan » du pouvoir (
croissance, emploi, réformes...) ; elle estime que ce mouvement de
relative remontée est à mettre au compte de l’activisme retrouvé de
Sarkozy ( interventions plus nombreuses, initiatives comme le service
minimum, présence sur le terrain, déplacements en province). Le fait est
que Sarkozy repolitise fortement son action, radicalise et reprivilégie
son public UMP (meeting avec les militants à Orléans le 20 mai, par
exemple, alors qu’il avait évité la soirée partisane de l’UMP lors de
l’anniversaire de son élection). Vers l’Etat UMP ?

4)Le PS libéral ?

Dans le même temps, le principal message venu de gauche dans la semaine
serait le « ralliement » de B. Delanoé au libéralisme. Sortie chez
Laffont de son ouvrage, « De l’audace ». Dédicacé à Lionel (Jospin),
Claude (Estier), Daniel (Vaillant). Livre d’entretiens avec Laurent
Joffrin de Libération. Sur ses origines, son engagement, les médias,
l’immigration, l’écologie, le terrorisme, les alliances (refus de
l’alliance avec le Modem), note qu’un bon socialiste doit être un bon
manager (et être capable de « réaliser des gains d’efficacité dans le
fonctionnement de l’Etat et des services publics »). La partie la plus
volontiers commentée du livre est son approche de l’économie, « 
moderniste », « libéral » en fait, très proche du social-libéralisme
défini par les proches de DSK.

Citations :

« Le sarkozysme, ce bonapartisme modéré par la désinvolture, est
profondément antilibéral »

« Sarkozy se veut souverain omnipotent : le libéralisme c’est le
contraire, c’est la tolérance devant les démarches individuelles. Je
suis libéral. La droite ne l’est pas. La gauche doit se réapproprier
avec fierté le mot et la chose ».

Il se dit « libertaire » qui n’a « jamais été marxiste ».

Il propose que la gauche adopte « une doctrine de la liberté et de la
justice dans une société imparfaite et non une doctrine de la lutte des
classes qui nous promet une société égalitaire et parfaite »

« Si les socialistes du 21e siècle acceptent enfin pleinement le
libéralisme, s’ils ne tiennent plus les termes de concurrence ou de
compétition pour des gros mots, c’est tout l’humanisme libéral qui
entrera de plein droit dans leur corpus idéologique. Il faut choisir : la
synthèse est morte. Voici venu le temps des différences assumées ».

Dans le même temps, il revendique l’importance de l’impôt et la place de
l’Etat et précise :

« Ce qui est inacceptable pour un progressiste, c’est de hisser le
libéralisme au rang de fondement économique et même sociétal avec ses
corollaires, désengagement de l’Etat et laisser faire économique »...

Autre domaine où le PS a fait parler de lui, alors que le mouvement
social pousse et que la droite tente de se remobiliser : la compétition
pour la direction. Etude par exemple de Mathieu Castagnet dans La Croix
du 20 mai sur les huit familles qui composeraient aujourd’hui le PS : S.
Royal ; B. Delanoe ; M. Aubry ; D. Strauss-Kahn ; Fabius ; l’aile gauche ; les
quadras ; F. Hollande. Papier politicien mais emblématique de ce qui
s’écrit à longueur de colonnes depuis des semaines sur « la gauche »

5)Chiffres officiels et opinion lucide

Grosse opération de « com » du pouvoir autour des derniers chiffres de
l’INSEE montrant une croissance plus forte que prévue et ...une
progression du pouvoir d’achat.

Mais les Français semblent lucides : s’ils remarquent une meilleure tenue
de l’économie que prévu (BVA/Tribune), ils n’imputent pas ce fait aux « 
réformes » de Sarkozy, ils y voient majoritairement (60%) « une simple
correction technique, l’action du gouvernement n’a eu aucun impact
positif sur le niveau de croissance 2007 ».

La question du pouvoir d’achat demeure la préoccupation n°1 pour 81% des
sondés (88 en avril). Difficile dans ces conditions de faire admettre à
l’opinion que, toujours selon l’INSEE, la progression du pouvoir d’achat
des ménages a été de 3,3% en 2007, soit le meilleur chiffre depuis 2002...

*A noter cependant que cette question du pouvoir d’achat a été largement
marginalisée par les médias ces derniers temps.*

6)Mondialisation : la fin du tout libéralisme ?

Publication du rapport de la commission « Croissance et développement »,
composée de 21 « sages » pourtant très orthodoxes ( prix nobel
d’économie américains, anciens chefs d’Etat, ex gouverneurs de banque
centrale...). Il *remet en cause toute la philosophie libérale qui
prévalait officiellement en matière de développement ces vingt dernières
années*, appelée « Consensus de Washington » et pronant la réduction des
déficits, des impôts, des dépenses publiques, les privatisations, les
déréglementations !

En effet le rapport, sans remettre en cause l’économie de marché, en
appelle à « un Etat fort », « une administration publique active », « 
une planification à long terme », « des fonctionnaires mieux payés », « 
des investissements dans l’éducation, la santé », une attention aux
conséquences sociales, le contrôle des écarts de revenus.

Bref une orientation qui contredit totalement la ligne arrogante du FMI
ou de la Banque mondiale imposant leur « orthodoxie » budgétaire,
fiscale, monétaire.

Long papier du Monde du 23/5 ; des Echos du 23, intitulé : « 
Développement : *le grand retour en grâce de l’Etat* », montrant que
l’orthodoxie libérale n’en sort pas indemne.

7)USA : l’Etat est de retour

Cette question du retour de l’Etat se retrouve aussi évoquée de manière
un peu provocatrice par le PDG d’Euroland Finance (et dans des termes
déjà utilisés par A. Adler dans Le Figaro voici un mois) dans La Tribune
du 23/5 : « Le socialisme est en marche aux Etats Unis ». Il parle de « 
plus vaste programme de nationalisation de son histoire moderne » :
contrôle indirect du système bancaire, immobilier. « Les Etats Unis ont
basculé, le libéralisme n’est plus d’actualité quand la croissance a
disparu et que les profits se sont envolés. L’Etat providence est de
retour ».

8)Social-démocratie : non à la finance folle, oui au capitalisme décent

Manifeste social démocrate européen, signé notamment par Jospin, Rocard,
Delors, intitulé « La finance folle ne doit pas nous gouverner ».
Propose un comité de crise européen et régulation des marchés. Contre
les inégalités trop voyante. Pour un « capitalisme décent, respectueux
de la dignité humaine ».

Confirme qu’il existe désormais un discours assez consensuel contre la
finance, à laquelle on oppose des « régulations » et une « moralisation ».

9)Les ados, l’autorité, le respect

Enquête IPSOS pour la fondation Wyeth (groupe pharmaceutique) auprès de
mille ados. 72% se disent plutôt satisfaits ; 80% disent parler sans
problème avec les parents. Sur autorité et respect : ces ados sont prêts
à être « cadrés » par les parents, l’école, la police, l’entreprise « à
condition d’être respectés sur la base de la réciprocité et du dialogue
 ». Si 70% respectent l’autorité de leurs parents, seuls un tiers
considère que cette autorité est juste !

Ils ne sont que 52% à respecter leurs enseignants, 48% les flics, 24%
les hommes politiques.

La moitié dit souffrir de la pression scolaire.

Ces ados considèrent que le manque de proximité des différentes
autorités constitue un frein au dialogue. Sont en demande de rencontres
(avec flics, magistrats, maire, élus, administration des écoles...).

Décalage entre ces réponses et l’image des adultes qui les imaginent
plutôt mal dans leur peau.

On retrouve aussi ici ce divorce noté dans tous les sondages : des gens
qui individuellement se disent plutôt heureux mais globalement inquiets
de l’état de la société.

10)De la LCR vers le NPA

Longue analyse dans Médiapart du 22/5 ( ce nouveau média
réalise assez systématiquement des articles de fond plutôt pointus) sur
le processus de transformation de la LCR en NPA. Idée envisagée dès
1989, avec chute du Mur. Construction du nouveau parti « par en bas ».
Encouragée par leurs résultats aux municipales. Besoin fort de formation
des nouveaux membres. Ambition de 10 000 adhérents (4000 today).
Priorités : entreprises, cités, jeunes, conférence écologiste. Vers un
militantisme « moins sacrificiel ». Nouvelles conditions d’adhèsion,
plus souples, moins chères. Parité LCR/Autres dans la direction des
comités locaux. Gestion de l’entre-deux ( fin de la LCR/pas encore de
NPA) délicate. ?e pas faire trop de cartes... Risque de personnalisation
derrière Besancenot. Débats durs à venir sur le nom du NPA : parti ?
Communiste ?révolutionnaire ? Changer la presse ( vers une presse
gratuite ?). Sortir de la Ive Internationale. Les européennes de 2009
seront un baptême « qu’il ne faut pas rater ». Quelles connivences en
Europe ? Quels rapports avec la gauche du PS. « Indépendance sans
hostilité » à l’égard du PS.

BULLETIN COM/IDEEES
n°18 (188) 30 mai 2008

1)Tempo idéologique et tempo politique

Le temps idéologique et le temps politique ne correspondent pas
nécessairement. Ainsi, aujourd’hui, plusieurs indices ( enquêtes
d’opinion, allergie croissante aux inégalités, « demande d’Etat »,
rapport de « sages », mouvement social, expression artistique comme le
dernier Festival de Cannes, allergie « française » au libéralisme – voir
un article du Monde du 28/5) traduisent un état d’esprit non libéral
voire anti libéral. Et pourtant cette aspiration, en France notamment,
s’inscrit mal dans le temps politique, rythmé par le calendrier, le
rapport de forces, les institutions, etc, au point qu’un leader de
gauche peut se prévaloir du libéralisme pour gagner !

L’histoire récente abonde de ce genre de « contre-temps » ; l’opinion
était plutôt antilibérale sous Giscard d’Estaing, et pencha plutôt vers
les idées libérales (moindre popularité des nationalisations par
exemple) alors même qu’arrivait au pouvoir Mitterrand. On peut aussi
évoquer 68, temps à l’évidence critique au plan des idées et pourtant
conformiste politiquement avec la vague droitière des législatives.
Mais on ajoutera aussi que le ralliement (partiel ?) du PS au libéralisme
va peser à son tour sur l’opinion dans le sens d’une plus grande
acceptation des contraintes libérales.

2)Etat de l’opinion : le « social », non ; le sécuritaire, oui.

Etude du JDD (25/5) montrant que Sarkozy est au plus bas même s’il
remobilise les siens (il remonte chez les sondés UMP, d’avril à mai, de
76% à 81%). Défiance mamimum dans l’électorat PS et PCF. L’étude
confirme que la question du pouvoir d’achat reste déterminante : « Le
problème du coût de la vie ou du pouvoir d’achat se décline de toutes
les façons possibles pour les plus mécontents » (prix, essence,
médicaments). Le journal parle de « retour de l’angoisse sociale ».
Record d’impopularité, estime le baromètre BVA/Les Echos (27/5) : 67% des
Français jugent mauvaise la politique économique du pouvoir. « Niveau
d’impopularité record, inégalé » !
On retrouve l’ambivalence de l’opinion : très critique sur les questions
économiques et sociales mais plutôt pour Sarkozy sur les enjeux
sécuritaires/autorité. Pour le contrôle des chômeurs par exemple.
A ce propos, on peut s’attendre à un deuxième semestre
sécuritaire-sécuritaire, vue l’importance que Sarkozy, pour sa
présidence européenne, accorde à une politique commune de répresssion de
l’immigration « clandestine ».

Hésitation de l’opinion sur les questions constitutionnelles:51% pour la
réforme proposée, 21 contre ; à gauche 41 pour, 31 contre, 28% ailleurs.

3)L’aggiornamento socialiste

Déferlante d’articles, tant dans la presse de gauche que de droite
(cette dernière appelant son public à ne pas sous-estimer l’événement),
soulignant l’importance de l’aggiornamento idéologique du PS.

Confirmation du tournant par Hollande dans son texte au Monde du 30/5 :
 »Depuis le temps que l’on nous sommait de faire notre aggiornamento ou
notre Bad Godesberg, voilà qui est fait ».

Le choniqueur économique du Monde ironise (25/5) : le PS se blairise
alors que Blair est en échec, que le libéralisme est en difficulté, que
les Américains doutent de la mondialisation ; alors que « selon tous les
sondages, les ressentiments contre l’économie mondialisée, contre les
marchés, contre les entreprises souvent ont pris des proportions
inflammables dans la plupart des pays ». Mais « il n’y a pas le choix
sur le fond » ajoute-t-il, la seule alternative étant Besancenot et son
modèle Chavez...

Lire l’article de Médiapart (un média décidemment bien intéressant) : « 
Bien avant Delanoe, les riches tribulations et élucubrations du
libéralisme à gauche » (27/5) et « Ce qui se cache derrière le
libéralisme de Delanoë »(29/5).

Voir aussi la critique commentée de la déclaration de principes du PS
par Bensaïd et Johsua in Le Monde du 8 mai.

Ainsi que le papier du Parisien (24/5), « Les militants socialistes
veulent du sérieux » sur le thème : « la base » (insatisfaite des
affrontements actuels au PS, « voudrait débattre du fond ».

4)Signes d’aggravation de la crise économique

Les TPE (très petites entreprises) n’ont plus le moral, selon une
enquête IFOP/ Fiducial. Les trois quarts s’attendent à une aggravation
de leur situation suite à la crise des subprimes et des prix des
matières premières. Or les TPE sont « les vigies de l’économie, dit
Fiducial. Elles sont les premières à prendre les coups. Car elles
travaillent avec les consommateurs mais aussi avec les très grandes
entreprises qui serrent les vannes de la sous-traitance dès que la
conjoncture se déteriore ». Les TPE pensent que la hausse du pétrole va
tasser leur marge ET pousser les Français à réduire leur consommation.
D’autre part un petit patron sur deux se plaint du durcissement du
crédit. Globalement ils n’envisagent pas de créer d’emplois dans les
prochains mois.
Autre signe : effondrement des ventes d’appartements neufs au premier
trimestre 2008 (cf dossier Figaro 28/5).

Voir aussi « Moral des ménages : Les Français s’enfoncent dans la déprime
 », La Tribune, 29/5. *Niveau le plus bas depuis 1987. *Ou « Le chômage
recommence à affecter le moral des ménages », Les Echos, 29/5.

5)Mariage et virginité ou la laïcité à la mode Sarkozy

Début de polémique autour du jugement du TGI de Lille annulant un
mariage pour cause de mensonge sur la virginité. Vers une affaire aussi
retentissante que la question du foulard ? Echos dans la presse ;
protestation de Ni putes ni soumises, d’Elisabeth Badinter mais soutien
du conseil régional du culte musulman.

Un avant-goût de la vision communautariste sarkozienne et de sa laïcité
à la française.

6) L’arme de Sarkozy sur le pouvoir d’achat : le communicant Thierry Saussez !

Demi-page du Figaro du 29/5 sur l’arrivée de Thierry Saussez (dit « le
Séguéla de droite » !) à la direction du SIG (Service Information
gouvernementale) où, payé comme un ministre, il sera chargé « comme
professionnel de la Com de vendre les réformes ». Un bel exemple de la
stratégie Sarkozy 2008 : on ne change pas de ligne mais de « com’ ». Est
annoncée, à partir du 21 juin, une « campagne » de presse « pour faire
de la pédagogie autour du pouvoir d’achat, un des grands ratés de la
communication du gouvernement ».

7)Intérêt du nouvel ouvrage de Naomi Klein

« La stratégie du choc. La montée d’un capitalisme du désastre », le
nouvel essai de la canadienne Naomi Klein ( auteure aussi de No
Logo,2001) chez Actes Sud suscite un vif intérêt ; gros ouvrage (700
pages) ; c’est un réquisitoire très argumenté contre l’école libérale,
ces trente dernières années, conduite par Milton Friedman et ses
disciples de l’université de Chicago Pour cet économiste anti-keynesien,
l’Etat c’est le mal et « l’erreur est de croire qu’on peut faire le bien
avec l’argent des autres » ; il s’est fait la main dans le Chili de
Pinochet ; sa stratégie : profiter de toutes les crises ( politiques,
économiques, naturelles, les guerres comme en Irak) pour affaiblir
l’Etat, « réduire la sphère publique » par des réformes impopulaires ;
critique implacable de Klein contre l’impérialisme américain. Elle
apporte la preuve de l’intervention directe de Friedman et des siens
dans l’élaboration de la politique économique américaine ; elle démonte
le lien guerre et économie en Israel.

Le livre agace beaucoup les critiques de droite (Le Figaro parle de
théorie du complot) et de gauche (manichéen dit Le Monde).

8)Festival de Cannes

Nouveau signe fort d’un air du temps critique ; le Festival de Cannes.
Pour son ouverture au monde, son refus du tout-comptable, la volonté
d’artistes de penser le monde avec les moyens de l’art, le passage par
la fiction pour mieux retourner au monde réel, l’excellente palme d’or.
Sur réception du film « Entre les murs » de Laurent Cantet, l’humanité
des personnages du film de Cantet, la France métissée qu’il montre, la
pédagogie d’aujourd’hui, le courant néoréaliste qu’il exprime, etc. Une
pleine page du Figaro qui parle de « phénomène de société ». Bonne
question posée par l’éditorialiste de L’Humanité : »Quand l’art et les
mouvements sociaux se font critiques, la question se pose avec acuité :
quelle traduction politique leur sera-t-elle proposée ? »(26/5)

9)Images désastreuses d’Afrique du Sud

L’air du temps, c’est aussi l’Afrique du Sud et les images désastreuses
de manifestations xénophobes, dévastant les faubourgs populaires, vont
non seulement ternir durablement ce pays et ce peuple mais ébranler une
des rares références positives de la fin du siècle passé.

10)Partis

UMP : le taux de renouvellement des cartes se rait de l’ordre de 50%
selon la direction, de 30% en fait. Dixit le JT d’A2 le 28/5.

LCR : « Besancenot se retrouve dans le rôle d’allié objectif de Sarkozy »
car « la LCR joue à l’extrême gauche le rôle longtemps joué à l’extrême
droite par le FN », Jean d’Ormesson (Le Figaro, 27/5)

BULLETIN COM/IDEEES
n°19 (189) 5 juin 2008

1)Remontée de Sarkozy

Baromètre Figaro Magazine de juin, sans doute un des instruments
d’enquête les plus fiables, installé depuis des années ; il traduit une
remontée de Sarkozy.

On remarquera pourtant que les sujets prioritaires des sondés sont les
prix (46%, +1), le pouvoir d’achat (22,+2) ; maintien du chomage à 19% ;
l’insécurité est très bas : 7% (-2). On remarquera que les médias, TV
notamment, ont une hierarchie des sujets exactement inverse,
privilégiant l’insécurité, minorant le social.

Les sondés, s’ils ont toujours une opinion très négative de la politique
du pouvoir en matière de prix et d’emploi, jugent toutefois un petit peu
plus efficace (+5) cette politique, ce qui, en terme de tendance, est
nouveau ; le volontarisme semble payer. Très légère (et relative)
remontée d’optimisme. Mais on s’attend à plus de conflirs sociaux (77%,
+4), à plus de violence (+2) aussi (/à noter dans l’actualité une
multiplication de manifs réprimées/).

Sarkozy remonte de 5 points (37).

Sur la cote des (50) hommes/femmes politiques testées, stabilité à peu
près générale sauf Besancenot (+7), désormais cinquième au palmares
derrière Delanoé (+4), Kouchner, Strauss-Khan et Fillon !... Besancenot
fait un malheur à gauche (60%), au centre (48%), à droite (22%) !

PCF : 24% de bonne opinion (+1).

2)Relance politique à défaut de redressement économique

Anticipant en quelque sorte cette enquête, la droite entretient depuis
peu une petite rengaine sur le thème : si le redressement économique
n’est pas au rendez-vous, la relance politique de la droite est bien là.
Long papier de D’Ormesson dans le Figaro fin mai, édito pugnace
d’Etienne Mougeotte quelques jours après (même journal) : les réformes
peu à peu prennent, l’air du temps libéral est en train de
s’installer... C’est un peu la méthode Coué mais elle permet à la droite
d’occuper le terrain, de marginaliser les enjeux économiques et sociaux
(pouvoir d’achat), de souligner l’absence de la gauche.

Dans le même temps se profile une posture populiste de cette même droite
dans la perspective de la présidence européenne ( mesures
anti-immigration surfant sur « un vent mauvais de xénophobie » (3/6) ou
affichage d’une certaine distance avec « Bruxelles », comme sur la TVA
pétrole...).

3)Médias et recomposition politique

Après de longues semaines où les médias (Le Monde, Le Figaro ou
Libération) ont exercé une véritable pression sur le PS pour hâter sa
mue sociale-libérale, appeler à son aggiornamento avec les résultats que
l’on sait, voici qu’à présent on brosse ouvertement un paysage où le
face à face UMP/PS ne tolèrerait que la présence d’une extrême gauche
protestataire. Tapis rouge plus que jamais déployé devant Besancenot :
après Drucker à la télé, Une du Nouvel Obs, face à face Besancenot/Royal
dans Marianne ; éloge sans vergogne de la « malignité » de la LCR ; aveu
répété, et toujours sans vergogne, notamment dans la presse de droite,
d’une instrumentalisation de la LCR contre la gauche ; et même insistance
dans tous ces médias sur la (nouvelle) disparition du PCF. Oublié
l’étonnement de ces mêmes médias devant le score communiste aux
municipales et cantonales.

La LCR en rajoute sur ce thème, efface toute référence au PCF, estime
même qu’il n’y a plus d’espace en France aujourd’hui pour le réformisme
(et la gauche) !

( Une entreprise d’effacement si systématique que, lors de l’adoption de
l’amendement Chassaigne sur les OGM, peu de médias ont alors fait
référence directement au PCF).

4)Poids exhorbitant de la « communication »

Dans son travail de persuasion de l’opinion sur la qualité de ses
réformes, le pouvoir accorde une place considérable à la communication
au sens de marketing. Un énorme effort pour vendre les « réformes ».
Voir par exemple l’ouvrage de l’Institut Montaigne, « Comment
communiquer la réforme » (résumé disponible auprès d’A. Vermeersch) , un
vadé-mecum à destination des ministères sur : comment fair passer la
pillule en quinze leçons (sondages, vocabulaire, personnalisation,
médiatisation, etc).

On retrouve ici une des marottes du MEDEF, le « benchmarker » ou « 
communication réalisée pour des problématiques comparables dans des pays
pouvant servir de référence crédible ». En d’autres termes, comment
faire intelligemment du dumping social, comment tirer vers le bas les
références sociales ( retraites, temps de travail, etc).
Sur les manipulations de l’opinion, voir le débat Debray/Julliard in Le
Monde du 1er/6 et l’argumentaire de R. Debray sur la régression
démocratique en cours (dictature de l’émotion, dérive plebiscitaire,
dictature mediatico-sondagière, opinion et conviction, citoyenneté et
consigne...).

5)Capitalisme en crise : autocritiques virulentes de ses propres partisans

A lire l’édito des Echos du 4/6 intitulé « Le capitalisme sans réponse
 ». Critique cinglante du « capitalisme financier d’aujourd’hui » en des
termes définitifs : « crise du crédit, krachs, finance enivrée d’elle
même, avide, spéculation effrénée, références détraquées, populations
affamées, voracité, corruption, anarchie des marchés, dirigeants
gloutons, ponts d’or, profits déconnectés de l’économie réelle,
prédateurs d’une rare inintelligence, dangereux et choquants problèmes
de société, inégalités, pauvreté... ».

Ici, l’édito propose pour maîtriser la finance des « solutions
techniques » plutôt insignifiantes et disproportionnées à la vigueur de
la critique qui précède.

L’édito dit encore qu’il faut trouver autre chose pour répondre à cette
crise que le populisme de Chavez, l’agitation de Die Linke,
l’anticapitalisme de Besancenot » et conclut : « A ce nouveau défi, une
quelconque théorie marxiste ne pourra pas répondre car elle traitait
d’un capitalisme conquérant et il faut s’attaquer aujourd’hui à un
capitalisme déliquescent ».

6)Patrons surpayés

Avalanche d’articles critiques sur les revenus des patrons après
l’enquête de l’Expansion établissant que les dirigeants du CAC 40 ont
reçu en moyenne 4 millions d’euros en 2007. « Patrons surpayés » (édito
du Monde du 1/6) ; études sur les parachutes dorés (même journal) ;
affaire Forgeard et EADS.

Approche critique morale. A chaque fois on mesure aussi la vanité des
mesures dites de « bonne gouvernance » ou de « transparence ».

7)L’Eglise catholique et la mondialisation

Publication, par le Service national des évêques de France pour les
questions familiales et sociales, dirigé par Jacques Turck, d’un
document sur la crise financière et les prix des matières premières,
intitulé « Repères dans une économie mondialisée » (Bayard/Fleurus).

Sur la finance, il est dit : il faut « maîtriser » le système financier
(« réglementation des marchés ; recentrer sur l’économie
productive ;investir pour résister aux sirènes du rendement maximum ») ;
petite entreprise de culpabilisation aussi puisqu’il est dit que la
spéculation ne concerne pas que les « gros », « tout épargnant, quelque
soit sa taille, y participe ».

Sur les matières premières : « injustice terrible », « certains
engrangent des bénéfices toujours plus grands quand les perdants se
trouvent toujours plus repoussés à distance », protéger l’alimentation
de la spéculation, revoir les biocarburants et « revoir à la baisse
notre consommation d’énergie, nos habitudes alimentaires, les
subventions des produits agricoles vers le Sud ».

8)Associations : les Français sont généreux

Deux études de « France Générosités » (La Croix du 4/6) montrent une
augmentation de la générosité et de la confiance des donateurs aux
associations. Enquête sur 23 associations. +4% d’argent collecté en 2007
sur 2006. Il y a plus de dons, mais d’un montant plus faible.
Commentaires du journal : les Français mettent dans les Associations
(plus près du terrain, plus efficaces, plus désinteressées...) la
confiance qu’ils n’accordent plus aux institutions ou à l’action
politique. Les ONG d’aide au développement retrouvent du crédit quand
les grandes politiques de développement font faillite, genre crise
alimentaire.

9)La déferlante Obama

La quasi investitude démocrate donnée à Barak Obama va à l’évidence
entraîner une avalanche de commentaires d’ici les présidentielles de
novembre. L’importance et la nouveauté de cette candidature sont
évidentes ; on peut s’attendre à une personnalisation outrancière de la
campagne, à une entreprise massive de réhabilitation du modèle américain
aussi, de la grande mythologie du self-made-man (alors même qu’il n’y a
jamais eu autant d’argent investi dans cette campagne) ; et cela aussi
bien du « parti américain » que de la mouvance sociale-démocrate, ça
fait du monde. Les premiers papiers vont dans ce sens (Le Figaro 4/6) ;
les retombées idéologiques seront fortes.

Il sera intéressant de voir ce que cette candidature exprimera en
matière de (nouvelle) politique intérieure et extérieure. Les papiers
les plus pointus semblent identifier cette candidature à une évolution
de l’opinion américaine face à la mondialisation : plus grande méfiance
face au libre-échange, plus d’agressivité (économique), les termes de
protectionnisme reviennent volontiers.

10)Sarkozy et la Corse

Peu d’investigation sérieuse pour l’instant sur les liens d’affaire que
Sarkozy a pu lier en Corse (via Pasqua, le 92, sa propre famille, les
milieux d’affaires, etc...). Toutefois on note que le nom du Président
apparaît dans l’affaire du cercle Concorde, ce lieu de jeux tenu par le
milieu corse et fermé il y a quelques mois ; voir l’article de David
Servenay sur le site _www.rue89.com <http://www.rue89.com/> _

BULLETIN COM/IDEEES
n°20 (190) 13 juin 2008

1)Pouvoir d’achat, pouvoir d’achat...

Les enquêtes, depuis des mois, se suivent et se ressemblent : la question
du pouvoir d’achat reste imperturbablement en tête des soucis des
Français. C’est encore le cas du baromètre de l’économie BVA/ BFM / La
Tribune du 10/6. Cette enquête traduit un pessimisme exceptionnel de
l’opinion en matière d’économie. « Chute vertigineuse » écrit La Tribune
à propos des indices de confiance sur la situation économique et sur le
pouvoir d’achat. L’indice confiance économique est passé de +17 en juin
2007 à -63 en juin 2008, soit le niveau le plus bas enregistré depuis la
création de ce baromètre (2005).

77% des sondés se disent moins confiants dans l’économie (-11% en un
mois) ; 86% disent la même chose concernant le pouvoir d’achat. « On
mesure combien est profond le pessimisme général et combien semble
inexorable la tendance baissière enregistrée depuis un an ». Pour les
sondés, ce pessimisme est moins lié à un contexte international qu’à une
critique des réformes de Sarkozy. C’est une déprime très politique, dit
l’enquête : »Le constat est sévère pour le gouvernement. C’est bien sa
politique qui semble nourrir le pessimisme. Les plus inquiets se
concentrent en bas de l’échelle sociale (ouvriers, femmes, seniors).

Sur le même sujet, lire « Ce pouvoir d’achat qui met les réformes du
gouvernement au second plan » in Libération, 10/6. Enquête qui monte que
le sujet le plus fédérateur de contestation anti-Sarkozy est la question
du pouvoir d’achat (60% des sondés) ; ensuite, retraites : 35%.

2)Plebiscite pour les 35 heures

Enquête Les Echos/LH2 (10/6) qui montre un très fort soutien des
salariés aux 35 heures et aux RTT, et contredisant totalement un
discours « dominant » sur ces thèmes. 79% des salariés (81% chez les
cadres) ne sont pas intéressés par le rachat de leurs jours RTT. Chiffre
considérable qui montre que les salariés ne sont pas prêts à travailler
plus pour gagner plus. Le journal Les Echos ne cache pas son étonnement
devant « ce peu d’enthousiasme ».
Notons (enquête Echos/LH2) que ces salariés comptent un peu plus sur
l’entreprise (52%) que sur l’Etat (42%) pour améliorer leur pouvoir
d’achat. Commentaire du journal : »L’Etat ne peut pas tout, cette phrase
qui avait tant coûté à Jospin en 2002 semble avoir été parfaitement
intégrée par les salariés ; ils s’en remettent donc à l’entreprise sans
toutefois se projeter dans le long terme ».
Si on leur donne le choix : augmentation de salaire ou octroi d’actions,
77% des salariés optent pour salaires ; 19 pour actions...

3)Benefices politiques contre turbulences sociales

Le soutien de l’opinion aux 35h (voir ci dessus) gêne fort le pouvoir au
point que Le Figaro, trois jours après, via Opinionway, mène une
contre-enquête en quelque sorte : à partir d’une question tarabiscotée (« 
En avril les partenaires sociaux ont signé un accord sur la
représentativité et le financement des syndicats qui comprenait un volet
sur le temps de travail. Le gouvernement a décidé d’aller plus loin en
permettant la négociation entreprise par entreprise tout en maintenant
les 35h comme règle générale. Avec laquelle de ces opinions êtres-vous
le plus d’accord : il a raison ? Il a tort ? »).... 52% pour dire il a
raison, 47= il a tort. Titre du journal sur six colonnes : « RTT :
l’opinion soutient le gouvernement ».

Ici apparaît une opinion très clivée : la droite (et l’extrême droite)
soutient le pouvoir qui se met à dos les syndicats. Le Figaro nous
explique que le gouvernement assume ce choix. Il veut d’abord retrouver
sa base politique quitte à perdre dans le dialogue social : « Le pouvoir
se retrouve pleinement en phase avec son électorat ; or c’est cet
électoorat qui avait décroché ces derniers mois. Bénéfices politiques
contre turbulences sociales ? » (Figaro , 13/6).

4)Mouvement social

Gros effort dans la presse de droite, les médias en général pour
discréditer le mouvement social, les mouvements revendicatifs, les
grèves en insistant (chiffres à l’appui) sur une faible mobilisation,
sur « le dialogue social », sur l’efficacité du service minimum.

En même temps, cette droite ne se fait pas trop d’illusions sur la « 
démobilisation ». Accompagnant une batterie d’articles moqueurs pour les
syndicats, Le Figaro donne la parole à JM Pernot de l’IRES (Institut de
recherches économiques et sociales ) qui explique que cette moindre
mobilisation ne signifie pas un recul du mouvement social : « Les
syndicats peuvent cristalliser de grandes vagues de mécontentement et le
gouvernement n’est pas à l’abri d’un grand mouvement social à la rentrée ».

Voir enfin l’enquête Viavoce Libération (La CGT relégitimée par les
assauts de la droite, Libé, 10/6) qui montre (11/6) que la CGT est le
premier syndicat des Français en terme de confiance (26%), suivi de FO
(13,9) et CFDT (13,1) ; sur un fond toutefois de méfiance persistante à
l’égard des syndicats : 36% disent ne faire confiance à aucun syndicat.

5)Mondialisation : la fête est finie ?

Nombreux commentaires désabusés sur l’état de la mondialisation
libérale. Notamment long édito du Monde du 10/6 : « La mondialisation
vaut-elle le coup ? », interrogation inattendue dans ce genre de presse.
L’article énumère les déboires de la mondialisation (libérale) : crise
des matières premières, crises agricoles, protectionnisme américain,
chacun-pour-soi, fermeture partielle des frontières ; protectionnisme
italien.

On identifie un peu la possible venue d’Obama à une orientation
protectionniste ; des économistes américains réputés (Samuelson, Krugman)
« mettent en cause les bienfaits du libre-échangisme » ; à l’inverse,
pétition dans le Wall Street Journal de 1000 économistes pour refuser le
protectionnisme...

Bref, pour Le Monde, qui note que les altermondialistes ne profitent pas
de cette crise, « la fête touche à sa fin ».

6)Sarkozy et l’école : le biais moral

La droite n’a guère apprécié la palme d’or attribuée à « Entre les murs
 » de Cantet : voir la tribune rageuse d’Alain Finkielkraut (« Palme d’or
pour une syntaxe défunte ») in Le Monde du 4/6 ou le papier du Figaro : « 
La palme d’or du militantisme » (29/5).

Pour sa part Sarkozy dit travailler à « la réconciliation » avec le
monde enseignant. Il consacrerait un temps important à cet enjeu, selon
la presse de droite. Pas question de revenir sur sa ligne d’austérité
mais utilisation d’une rhétorique compassionnelle ( je vous ai compris,
votre travail est dur, etc) et approche morale de l’école, censée plaire
à l’opinion. Voir le sondage du Figaro/Opinionway du 6/6 : 93% (!) serait
ok avec « le recentrage des apprentissages de l’école primaire », 89%
serait favorable (tout à fait ou plutôt) avec une instruction civique et
morale ; sur la réforme de la formation des maîtres, 31% la juge « tout à
fait prioritaire » (fort soutien de l’électorat Le Pen), 55% la trouve
importante mais pas prioritaire, 13% secondaire ( fort soutien ici de
l’électorat communiste).

7)L’intelligentsia et la France métissée

Alors que l’on parle encore, ici ou là dans la presse, de la dernière
palme d’or de Cannes, un mot sur le dernier livre de Richard Millet.
Comme quoi Le Pen est hors jeu mais ses idées installées. En effet,
Gallimard, la plus prestigieuse des maisons d’édition françaises,
publie, de Richard Millet, lui même directeur de collection fameux (il a
piloté « Bienveillantes » notamment) et auteur à succès, « L’opprobre »,
un essai fachistoïde, il n’y a pas d’autre mot : il y vomit l’Islam,
l’immigration, la France métissée, la France tout court. On parle de « 
malaise » à Gallimard et dans l’édition (voir l’article dans Le Monde2
du 7 juin). Dans ce texte, les pauvres puent, ils sont moches, les
Français « lui donnent envie de vomir ». Un texte raciste, antisémite.

Une tonalité assez proche de celle d’Ivan Rioufol qui tient une
chronique hebdomadaire dans Le Figaro.

Rappelons qu’un des débats qui passionnent le plus cette frange de l’« 
intelligentsia » est le soutien qu’ils apportent au livre de l’historien
Sylvain Gougueheim, lequel prétend que l’Europe chrétienne a maintenu
sans l’aide des musulmans ses liens avec la Grèce antique...

8)Salaires : six branches sur 10 ne respectent pas la loi

Dans un document officiel publié par la DGT (Direction générale du
Travail, Ministère du Travail), les minima sont inférieurs au salaire
minimum (!) dans 90 branches sur 160, soit 56%. Cela concerne près de 5
millions de salariés. Ainsi les entreprises sont de plus en plus
nombreuses à ne pas respecter la loi malgré les menaces de sanctions
(pour 2010). Parmi les mauvais élèves chroniques, les grands magasins
(50 000 salariés) sans accord depuis 2001.

On notera par ailleurs que les salaires minimaux des cadres progressent
moins vite que ceux des autres catégories dans la majorité des branches ;
dans 50% des branches, leur grille salariale commence à un niveau
inférieur à 75% du plafond de la Sécu (2000 euros bruts mensuels), donc
là encore un phénomène en extension.

9)Investissements étrangers : moins de projets, moins d’emplois

Etude du cabinat « Ernst&Young » (Les Echos et La Tribune du 5/6)
montrant que si la France conserve la seconde place européenne derrière
la GB pour les implantations internationales, cette position se
fragilise ; 541 projets en 2007 soit -4% sur 2006 ; 15 000 emplois créés
soit -30%. Baisse sensible dans l’electronique (-70%) ; la logistique
(-57%) ; l’équipement industriel (-35%) ; l’automobile (-31%). Les
investissements sont désormais plus importants dans les services que
dans l’industrie avec deux bons résultats : logiciels ; services aux
entreprises.

10)Réédition du Capital de Marx

Reparution en édition de poche (deux volumes Folio-essais) du Capital de
Karl Marx dans la version de Maximilien Rubel, qui a suivi l’édition de
Marx dans La Pléïade. A lire l’introduction, savante, l’apport de Marx à
la conception de l’aliénation. « L’aliénation étant un processus
historique, c’est dans le marché mondial qu’elle trouvera son expression
la plus brutale et sa fin ». Il dit que Marx dénonçait « l’idolatrie de
l’Etat » ; montre la pensée de Marx constamment en mouvement, sa défiance
pour la « science économique ». Voir l’article du Monde-Economie (10/6)
où on nous rappelle comment lire le Capital : lire le livre I, zapper le
II, déchiffrer le III...

NB :

UMP : Sarkozy « cajole » l’UMP ; organisation systématique d’assemblée de
militants lors des déplacements du président en province, avec
intervention (à huis clos) de ce dernier ; présence massive du
gouvernement à la convention « Innovons pour la justice sociale » le
12/6 ; sur l’état d’esprit « revanchard » (après les
municipales-cantonales) dans l’UMP et la chute militante, lire le
reportage du Parisien du 11/6, dans une fédé UMP (La Drôme).

BULLETIN COM/IDEEES
n°21 (191) 20 juin 2008

1)Non irlandais : l’opinion française satisfaite

Excellent sondage OpinionWay/Figaro/LCI (20/6) sur l’opinion française
face au Non Irlandais. Les Français ont été passionnés par ce
référendum, ils sont majoritairement saisfaits, ils estiment que cela va
encourager la construction d’une Europe plus proche des citoyens. Le
journal pense que cet état de l’opinion complique l’entreprise
européenne de Sarkozy. (Le quotidien semblait d’ailleurs assez gêné par
cette enquête, un peu minorée dans ses colonnes).

Pour les sondés, le référendum a été l’événement de la semaine, loin
devant la réforme de la Défense et les manifs du 17, et aussi important
que l’élimination des Bleus !

37% sont satisfaits contre 33% mécontents. Par famille politique, les
satisfais sont 65% dans la gauche non socialiste, 59% chez Le Pen, 46%
chez les socialistes (contre 30), 42% chez Bayrou (contre 32) ; seuls les
sarkozystes sont majoritairement mécontents (54%).
« L’opinion française n’a pas beaucoup évolué depuis le non français
de 2005 » écrit le journal.

Pour deux français sur trois, les Irlandais « ont rendu service aux
Français car ils n’ont pas pu s’exprimer par référendum sur ce traité
 ».Un tiers des ouiouistes et 41% des électeurs de Sarkozy le pensent aussi !

59% jugent que ce non « permettra de construire une Europe qui réponde
plus aux attentes des ciroyens ».

Sur la poursuite de la ratification:38% pensent qu’il faut continuer,
37% qu’il faut tout stopper !

49% des sondés estiment que le vote aura des conséquences graves, 50%
pensent que ce ne sera pas le cas.

2)Politique, idéologie et les 35 heures

Nouvel exemple de décallage entre le tempo politique et l’idéologie ?
L’affaire des 35 heures. D’un côté la droite crie victoire en parlant
d’une mobilisation syndicale moins forte que prévue, le 17/6 ; et d’un
autre côté, cette droite est, idéologiquement, en échec sur le « 
travailler plus » !

On a signalé, dans la précédente note, l’enquête LH2/Les Echos montrant
que les salariés étaient attachés aux 35 heures, que 79% d’entre eux
refusaient de vendre leur RTT, que 81% des cadres étaient dans ce cas.
Une nouvelle étude de la CEGOS, cabinet de conseil, sur le temps de
travail (Les Echos ou La Tribune du 13/6), confirme cet attachement des
salariés aux 35 heures. 84% des salariés sont satisfaits des modalités
actuelles de leur temps de travail, ils sont autant à penser que cette
organisation ne les empêche pas d’être performants.

Certes, pouvoir d’achat oblige, 54% seraient prêts à revenir aux 39
heures moyennant compensation financière. Phénomène qui s’explique, dit
l’agence, non pas par idéologie mais par pragmatisme : « le sentiment de
dégradation du pouvoir d’achat » ressenti par deux salariés sur trois.
67% regrettent que les augmentations de salaires de ces cinq dernières
années n’ont pas permis de maintenir leur pouvoir d’achat. C’est surtout
vrai des jeunes : 74% des jeunes salariés pour les 39h.

Dans le même temps, les salariés hésitent devant le rachat des RTT ; non
seulement la mesure est peu appliquée dans les entreprises ( dans 30%
des firmes) et là, seul un salarié sur cinq pense le faire !

Bref, le « travailler plus » ne passe pas. Quand on sait la place de ce
slogan dans le dispositif du Président, on peut considérer que c’est une
première grande défaite idéologique de la droite sarkozyste. La presse
conservatrice ne s’y trompe pas. L’éditorialiste économique du Figaro,
sous le titre « Guizot, réveille-toi, ils sont devenus fous ! » écrit
(17/6) que « les choses ont plutôt mal tourné », que l’enquête des Echos
« vient de poser le dernier clou sur le cercueil dans lequel beaucoup
ont déjà enterré le slogan travailler plus pour gagner plus » ; il met
surtout en cause les cadres, « devenus une sorte de superprolétariats »,
accusés de désinvestir dans la cause de l’entreprise.

L’enquête CEGOS montre aussi que les salariés souhaitent partir plus tôt
à la retraite : un sur trois utilise ses jours CET à cette fin ; 52% prêts
à épargner à titre individuel ou acheter des années d’études pour
faciliter départ à taux plein.
Sur ce thème, voir aussi : Droite contre gauche, la preuve par les 35
heures (Le Monde, 14/6).

3)Recomposition du paysage médiatique

Le départ de PPDA coïncide avec une avalanche de papiers sur la
recomposition du PAF et des médias en général (le JDD fait sa Une sur
PPDA ; Paris Match sa Une sur sa remplaçante ; Marianne sa Une sur le
pouvoir qui fait main basse sur les médias ; idem pour Le Point).

En fait plusieurs thèmes se croisent ici:1)le déclin de médias
généralistes, condescendants, pymamidaux en opposition avec un idéal
démocratique (illusoire) genre Internet (certains font une association
avec le référendum européen de 2005, les médias soit-disants tout
puissants contre les internautes du NON ;2)le big bang technologique, le
numérique, le cable, la TNT, la télé mobile, etc...(les « autres TV »
font déjà déjà 22,6% d’audience, derrière TF1 (27) mais devant la 2
(17), la 3 (13), M6 (10), canal+ (3), la 5(2) et arte (1,5)) et la
reconcentration mutimédia à l’oeuvre ; 3)la crise du service public, lié
à la fin de la publicité et le pessimisme de l’opinion à ce propos
(sondage Parisien, 16/6) ; 4)la main-mise politique de Sarkozy. Sur cette
reprise en main par la droite, cf Le Figaro du 13/6 où un éditorialiste
écrit : « Si la droite a aussi dans l’idée de chercher à rééquilibrer la
traditionnelle prééminence des « progressistes » dans la majorité des
rédactions, elle n’en est pas blâmable »...
Bon papier de Denis Muzet in Le Monde/Télé du 15/6.
Voir aussi « le nouveau modèle économique » de médias, genre Rue89 ou
mediapart in Le Monde19/6.
Lire « Expulsion » d’Alain Genestar (Grasset), viré de Paris-Match par
Sarkozy.

4)L’UMP cherche à faire du social

L’UMP a perdu sa base ouvrière (de 2007), par l’effet conjugué de
l’échec de sa politique de pouvoir d’achat et l’image desastreuse du
paquet fiscal (on ne prête qu’aux riches) : on retrouve ce discours de
manière lancinante dans la presse de droite depuis des semaines. D’où
les efforts (limités) de ce parti pour tenter de faire du social. En
deux directions. Le RSA, revenu de solidarité active. La question a été
au centre de la Convention « Justice sociale ». Mais, problème de
financement ; alors (deuxième direction) des voix à droite s’élèvent pour
plafonner les niches fiscales. Pour Méhaignerie, « faut donner à
l’électorat ouvrier et aux cadres moyens un signal qui compense celui
envoyé lors de l’adoption du bouclier fiscal ». Bref : comment être
libéral ET social ?
Sur le sujet, lire : « Sarkozy cherche l’électorat populaire perdu » (11/6)

5)Crise du capitalisme, suite

Lire « L’implosion. La finance contre l’économie. Ce que révèle et
annonce la crise des subprimes » de Paul Jorion (Fayard). L’intérêt
particulier du livre vient du fait que l’auteur, un chercheur français
qui vite aux Etats Unis, avait, dans un précédent ouvrage (« Vers la
crise du capitalisme américain », La Découverte), annoncé en quelque
sorte dès 2005 la crise des subprimes de 2007 ! Non seulement il
décortique avec précision les mécanismes de la crise immobilière mais il
montre qu’elle est dûe à « la déréglementation financière débridée »
défendue par les grands groupes bancaires qui ont trouvé « une oreille
idéologiquement attentive » du côté de Bush. Pour l’auteur, « la crise
ne fait que commencer ».
Venant confirmer ce propos, un article du Monde du 19/6 : « Crise
financière : elle continue » parle de « deuxième vague », touchant
notamment les « rehausseurs de crédit », c’est à dire les assureurs des
obligations : des milliards de dollars touchés y compris dans les banques
françaises.

6)Fin de carte scolaire = ghettos

Rapport de deux inspecteurs généraux de l’éducation nationale, JP Obin
et C Peyroux, révélé par Le Monde (18/6), intitulé « Les nouvelles
dispositions de la carte scolaire ». Enquête menée dans 34 départements.
Conclusions inquiétantes : la fin de la carte scolaire va « accentuer la
baisse de la mixité scolaire » et « renforcer les logiques de
concentration ethnique ».

7)L’Etat et l’économie

Nombreux commentaires sur l’entrée de l’Etat aux Chantiers de
l’Atlantique, symbole, dit La Tribune d’une « politique industrielle
active face à la mondialisation ». « Opération habile pour Sarkozy en
mal de reconquête de l’électorat ouvrier déçu » dit encore ce quotidien.
Il s’agit de « contrer le sentiment d’impuissance publique ». Montant
minime (quelques dizaine de millions d’euros) mais renationalisation
partielle en cours. « La gauche aurait-elle osé ? » demande le quotidien
qui se demande si l’opération se répétera et qui rappelle l’engagement
non tenu du Président devant les ouvriers de Mittal : « Mon objectif est
de garder des usines en France car un pays qui n’a plus d’usines est un
pays qui n’a plus d’économie ».

8)Dépenses militaires

Avalanche de chiffres sur les dépenses militaires donnés par les médias
à l’occasion de la publication du rapport du Sipri (Institut
international de recherche pour la paix de Stockholm), du Livre blanc
sur la Défense, de la tenue du salon international d’Eurosatory.

En 2007, les dépenses militaires mondiales se chiffrent à 1 339
milliards de dollars, soit 2,5% du PNB mondial, soit 202 dollars par
habitant de la planète.

Progression de 60% aux USA depuis 2001 (avec Irak et Afghanistan), soit
45% du total mondial en 2007, un montant sans.équivalent depuis la
seconde guerre.

Les 100 premiers producteurs d’armes ont fait un chiffre d’affaires en
2006 de 315 milliards de dollars(+9%sur 2005). 41 sociétés US font 63%
de ce chiffre ; 34 firmes européennes font 30% du chiffre.

9)Le cinéma de Desplechin décortiqué

Intéressante contribution d’une historienne, E. Retaillaud-Bajac, in Le
Monde du 15/6, et décortiquant le cinéma d’Arnaud Desplachin, notamment
son dernier « Un conte de Noël » (qui a fait flop à Cannes). L’article
critique « la vision du monde » qui est derrière le film, « la Famille
reste bourgeoise, patriarcale, aisée ; la Femme est forcément
évanescente, mystérieuse, maîtresse des relations humaines mais
socialement seconde ; paumé ou dominateur, l’Homme reste maître du logos
et de l’initiative sexuelle... ». Elle dénonce « les archétypes », »le
conservatisme », la « misogynie ». Elle salue au contraire la Palme d’or
de Cannes, « un choix lourd de sens, qui valorise le social plutôt que
l’ego, la bigarrure plutôt que le monochrome, le politique plutôt que
l’intime ».

10)Partis

PS : reportage dans une section de province (Evreux) où l’on découvre des
militants allergiques à la gueguerre des chefs, ne s’alignant plus
systématiquement sur tel ou tel et surtout « aspirant au travail d’idées
 » (Le Monde, 15/6)

Sur l’adoption de la déclaration de principes, déclaration de Gérard
Filoche : « Ce n’est ni un recul, ni une rupture dans la tradition PS
contrairement à tout ce qui a été écrit ; c’est un compromis banal qui
permet largement à mes amis et moi de nous situer tranquillement à
gauche en toute légitimité ».

UMP : met à la disposition de ses militants via le net (_www.u-m-p.org
<http://www.u-m-p.org/> _) deux « espaces de discussion » : tous les 15
jours, « Controverses » où l’on donnerait son avis sur un sujet dans
l’air du temps, genre (cette semaine) « Faut-il interdire l’usage des
portables aux enfants ? » ; et trois fois par an, consultation « Agit pop
 » (sic) sur une thématique genre : la dépendance ; la fin de vie ; la
bioéthique ; le don d’organes. A cette occasion, on mettrait à la
disposition des militants un DVD avec entretien d’experts... Le tout est
piloté par Nathalie Kosciuslo-Marizet (NKM pour les intimes), laquelle
dit qu’il faut « une impertinence vis à vis des conformismes »...

Besancenot : poursuite et amplification de l’opération promotion par Le
Figaro (20/6, p 4) : il est de toutes les manifs, il se fout de 2012, il
est exemplaire, il est l’opposant n°1, il va jouer contre la gauche le
rôle de Le Pen contre la droite...

BULLETIN COM/IDEEES
n°22 (192) 27 juin 2008

1)Les Français et l’Europe : la grande défiance

Enquête TNS-Sofres menée tous les six mois par la Commission dans les 27
pays de l’Union. Il en ressort, pour l’opinion française, un profond
pessimismesur la situation économique et une défiance accrue à l’égard
de l’Europe.

72% des Français jugent la situation économique mauvaise (49% en
Europe) ; 81% jugent négative la situation de l’emploi (malgré les
chiffres officiels !) ; 61% trouvent que les choses vont dans la mauvaise
direction en France ; 66% trouvent la mondialisation menaçante pour
l’emploi ; pour 60%, l’Europe ne protège pas contre la mondialisation

On assiste à une desaffection rampante vis à vis de l’Europe. 48%
seulement pensent « qu’en faire partie est une bonne chose ». Seuls 29%
pensent qu’on vit dans un « monde plus prospère » grâce à l’Europe.

Reste un « attachement » à l’Europe à 57%.

Brice Teinturier de Sofres alerte sur cette « fragilité » européenne,
parle de « déficit démocratique », d’ »absence de projet mobilisateur »,
de « panne idéologique ».

« On risque d’aller vers une remise en cause du projet européen sur une
ou deux générations » s’inquiète Jacques Barrot.

Des chiffres qui confirment l’enquête du Figaro ( cf note semaine
dernière) sur le NON irlandais vu de France. A noter qu’un sondage
Libération/Viavoice (25/6) contredit un peu cette tendance ; le journal
de Joffrin répète d’ailleurs à plusieurs reprises que « son » enquête va
rassurer Sarkoz sur sa politique européenne...

2)Le retour du protectionnisme

La notion de protectionnisme, longtemps tabou, revient fort dans le
débat économique. Les USA sont en pointe de ce point de vue : voir la
mise en cause du contrat EADS/Armée US ; on présente la candidature Obama
comme celle du protectionnisme... En Europe (et en France) le mot reste
sulfureux mais se réinvite dans les débats. Voir le dossier de La
Tribune (24/6) et les suggestions de l’économiste Jacques Sapir : la
mondialisation déçoit, il faut « un protectionnisme qui profite à tous
 ». Il propose par exemple de taxer les produits venant de pays à faible
exigence sociale ou environnementale, dont la concurrence tire tout le
monde vers le bas.

3)Une forme de jacquerie du mouvement social

Bon dossier du Monde (25/6) sur « le malaise social rampant », « la
résignation » et « la difficulté à mobiliser ». Entretien avec le
politologue Guy Groux (Cevipof) qui parle « d’un gouvernement militant,
très déterminé politiquement », de la pression mise sur les syndicats,
le doute sur l’utilité de l’action revendicative, la multiplication de « 
protestations individuelles : on peut parler d’individualisation de la
protestation sociale », l’absence d’alternative politique qui plombe les
luttes, de risques de conflits durs mais isolés.

4)Syndrôme « Orange mécanique » ou nouveau western

Multiplication d’incidents violents : bagarres du 19è ; agressions sur le
Champ de Mars ; nuit d’émeutes à Vitry le François ; bandes
communautaires ; etc...

Elle donne lieu à une (nouvelle) instrumentalisation médiatique. A un
moment où l’insécurité, thème dominant depuis une décennie, avait
quasiment disparu des préoccupations des sondés ces derniers mois.

Elle masque souvent des règlements de compte liés aux trafics de tout
genre (drogue...).

Il y a là un phénomène de violences gratuites, genre « Orange mécanique
 » ( voir le succès de la fiction du groupe Justice, « Stress », sur
internet, un million d’internautes en quelques heures)

Mais il y a aussi une expression de la sauvagerie libérale, une sorte de
guerre sociale primitive, de retour au western, « un nouveau mode de
régulation sociale » disent les experts, avec barbarie communautaire,
repli sur soi, autodéfense : on parle de groupes armés d’autodéfense dans
la région de Beauvais.
(A noter : la Cour suprême des USA vient d’autoriser chaque Américain à
posséder une arme ; McCain est pour ; Obama n’est pas contre. Obama et
McCain sont aussi à l’unisson sur la peine de mort).

5)Pouvoir d’achat

Il y a la campagne de com (Pouvoir d’achat : Vous êtes impatients, nous
aussi) que l’on sait. Il y a aussi une campagne de presse (de droite)
visant aussi à contrer l’image du « bouclier fiscal pour les riches » de
l’été 2007. C’est ainsi qu’on trouve, dans le Figaro Eco du 26/6 deux
grands papiers, sur deux et quatre colonnes, respectivement intitulés :
 »Bouclier fiscal : 74% des bénéficiaires sont modestes » et « Le bouclier
fiscal profite aux foyers très modestes ».

A noter que la campagne Com risque d’aboutir à un résultat inverse, à
savoir (et alors que les questions sociétales -violence, immigration-
éclipsent peu à peu les questions sociales en cette fin de semestre),
cette campagne donc risque de remettre au premier plan de l’actualité le
thème du pouvoir d’achat (une critique qu’on voit poindre à droite)
alors que les prix sont à la hausse et que la politique économique du
pouvoir est jugée mauvaise par 63% des sondés (BVA/Les Echos).
Sur la politique économique du pouvoir, lire aussi l’article de laurent
mauduit dans Médiapart du 26/6 : décortiquant le rapport de la Cour des
comptes, il montre comment la réduction d’impôts (22 milliards en trois
ans) constitue la moitié des déficits publics (50 millions).

6)Vers une « laïcité positive »

Multiplication d’incidents significatifs ( mariage annulé de Lille,
piscine non mixte de La Verpillière, gymnase interdit aux hommes à
Vigneux) que nombre de commentateurs interprètent comme autant de « 
glissements vers une laïcité positive » (Le Parisien) chers à Sarkozy.
Et que celui-ci a rappelé à trois reprises, à St Jean de Latran
(20/12/2007), en Arabie Saoudite (14/1/2008), au dîner du CRIF
(13/2/2008) : l’instit vaut moins que le curé ; Dieu est dans chaque
homme ; le drame du Xxe siècle est l’absence de Dieu.

On rappelle qu’au ministère de l’Intérieur, il n’est plus question de « 
toiletter » la loi de 1901 mais « certains textes d’application ont
besoin d’être adaptés » afin de faciliter « l’exercice des cultes ».

Sur Islam, communautarisme et laïcité, lire le sociologue Emile Poulat
(Monde du 27/6) : « Les accusations de communautarisme me paraissent
surtout une manière de stigmatiser l’islam. Je voudrais que l’on mette
autant d’énergie à établir l’égalité hommes/femmes dans notre société
qu’à pointer le communautarisme islamique ».

7)Manuels d’économie : c’est reparti

Darcos vient de mettre en place une commission (présidée par Roger
Guesnerie) pour « réfléchir aux contenus des manuels d’économie ». Dans
la commission, notamment Michel Pébereau, patron de BNP Paribas...

Sarkozy, le MEDEF, les libéraux en général, ont mené ces dernières
années de vives campagnes contre l’enseignement de l’économie en France,
accusé d’être « très critique à l’égard de l’économie de marché et
valorisant les conflits sociaux ». Ce qui est caricatural.

Cette tentative d’embrigadement libéral est singulièrement plus fort
depuis le référendum de 2005 et la victoire du NON. On connait le
refrain : les Français sont nuls en économie ! Et on se souvient de ce cri
du coeur de Parisot au lendemain du scrutin : « Il faut faire aimer
l’économie de marché par les Français ! ».

De son côté, l’association « Jeunesse et entreprises », organisation
patronale pilotée par Yvon Gattaz, ancient patron des patrons, vient de
remette à Darcos cette semaine un rapport sur la bonne manière
d’enseigner l’économie au lycée (Les Echos, 25/6).

8)Capitalisme et éthique

Très régulièrement est relancé le thème de moraliser le capitalisme,
d’un capitalisme ethique. On rappellera avec André Comte-Sponville,
philosophe auteur de « Petit traité des grandes vertus » et « Traité du
desespoir et de la béatitude » que cette idée de morale, très à la mode,
nous vient des USA ; là bas est née l’idée que l’éthique fait vendre,
donnant même naissance au mot « markethic ».

Pour ACS, le « capitalisme est amoral » (« c’est ce qui fait sa force
comparé au marxisme empétré quant à lui dans des questions de morale »
ajoute l’auteur.)

Comment pourrait-il être moral à partir du moment où « le propre de la
valeur morale d’une action est le désinteressement ? »

Il ajoute : « Une action peut être conforme à la morale sans avoir
cependant aucune valeur morale ». Kant évoquait l’exemple du marchand
qui n’est honnête que pour garder ses clients...

9)Le modèle américain

Deux à trois cents entrepreneurs français réunis jeudi 26 juin dans la
résidence de l’ambassadeur américain, rue du Faubourg St Honoré, pour
annoncer la tenue, en novembre, en France, de journées de
l’entrepreneur. Vaste entreprise idéologique (organisée à l’identique
dans plusieurs dizaines de pays) en fait à la gloire de l’entrepreneur,
du patron, de la concurrence, « d’une classe mondiale » d’entrepreneurs ;
et lamentations des orateurs sur la France où l’on « agresse » les
entrepreneurs, on ne les aime pas, l’école ne les aime pas...

10)Materialisme dialectique : le retour ?

Publication de « Parallaxe » de Slavoj Zizek (Fayard) : ce philosophe
marxiste »apporte sa pierre au phénomène actuel de renaissance de la
critique sociale à fondement philosophique » (Le Monde des livres,
27/6). Retravaille la notion de materialisme dialectique : « Quiconque
rejette l’idée que le capitalisme, religion obscène de la vie spectrale,
se confondrait avec le réel, doit emprunter ce détour ». Le parallaxe
est un terme qui désigne la modification d’un objet observé en fonction
du déplacement du point de vue de l’observateur. Pour Zizek, « le
parallaxe propose une nouvelle manière d’être réaliste qui suppose donc
le refus d’accepter les choses telles qu’elles sont ».



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