Petit Val,Belle Ile, octobre 2018

Préface

Oval et Petit Val sont un peu comme deux vieux complices. A leur actif, on compte près d’une quinzaine de rendez-vous annuels. Et on ne s’en lasse pas. D’ailleurs Oval et Petit Val, ça rime. C’est un signe.
Cette année, les six classes, l’armée de collégiens, leurs profs et les auteurs ont choisi pour imaginer et écrire leurs fictions le thème de la disparition.
Un thème idéal pour susciter la perplexité, motiver l’enquête, chercher la solution.
On aurait pu d’ailleurs pousser ici le jeu comme l’avait fait l’écrivain George Perec dans son roman justement intitulé « La disparition », c’est à dire faire disparaître dans cette préface la lettre « e ». Cela aurait donné par exemple : « Papas, mamans, bonjour, à la colo d’Oval, tout va pas mal. Vos amours sont cools. A tantôt ». Pas de « e » là-dedans ! Mais l’exercice est un peu compliqué, on s’y livrera une prochaine fois.
Pour l’heure, un grand merci aux élèves pour leur entrain, aux profs pour leur cordialité et à Oval pour son hospitalité.

Alain Bellet
Gérard Streiff
Paul Thiès

6è6

RECHERCHES A BELLE-ILE

Chapitre un
Alerte parents introuvables

Surprise, les parents ne répondent plus…
Tout a commencé quand le papa et la maman d’Océane et de Raphaël ont laissé leurs enfants à la colonie de vacances de Belle-Ile en mer. Au début pas de problème, tout le monde au centre jouait ensemble, les enfants faisaient des bêtises. Les parents eux-mêmes étaient sur l’île et ils avaient promis de rendre visite aux enfants en se rendant à leur colo. Mais on ne les avait plus revus ni entendus. Alors Raphaël a voulu avoir de leurs nouvelles. Il les a appelés et là, pas de réponse ! Personne n’a décroché. Il a recommencé l’appel jusqu’à user tout son forfait.

 Océane, crie-t-il, les parents, ils ne répondent pas. Je les ai appelés mais je n’ai plus de forfait.
 Stop, c’est quoi cette histoire, répond la jeune fille.
 Je te dis : j’ai essayé de contacter les parents mais sans succès, ils ne répondent plus. D’habitude, ils ont toujours leur portable avec eux. C’est étrange, non ?
 Bah, non…
 Ben appelle-les toi, pour voir !
 C’est bon, tu vas voir.

Illustration un
Portraits de raphael et océane

Océane appelle ; mais personne ne répond. Là, ils s’inquiètent vraiment.
Ils vont voir un animateur et lui demandent d’appeler à son tour. Les heures défilent, toujours pas de réponse. L’animateur revient les voir :
 Désolé mais vos parents ont disparu !

Océane et Raphaël se demandent s’il faut les croire ou pas.
 Mais c’est pas possible de disparaître comme ça !
 Oui t’as raison, chuchote la sœur.

Ils interrogent leurs amis. Ces derniers ne savent rien.
Ils vont voir le maire qui lui aussi avoue :
 Nous n’avons plus aucune nouvelle de vos parents ! On en aura peut-être plus tard, enfin j’espère.
Un silence s’installe. Mais que s’est-il passé ?!

Même la police parle de ces disparitions.
Océane et Raphaël sont tellement bouleversés qu’ils ne savent pas quoi faire.
 Tu y crois toi ? demande le garçon.
 A quoi ?
 Ben, au fait que les parents nous ont abandonnés !
 Non, c’est trop étrange !
 Oui, tu as raison.

Cette nuit-là, au dortoir, les enfants font de drôles de rêves. Le jeune garçon imagine que ses parents sont tombés dans un trou béant et d’une profondeur inimaginable qui s’est creusé dans la cuisine de leur maison, un trou à donner le vertige et qui conduit à des galeries souterraines.
La jeune fille, elle, cauchemarde : elle regarde la télé où un enfant présente les infos du jour au journal télévisé et annonce que l’INTEGRALITE des parents aurait disparu. Incroyable.

Au réveil, les deux enfants réfléchissent. Océane commence à faire tourner une de ses longues mèches noires avec un doigt, elle fait souvent ça quand elle réfléchit.
 J’ai une idée, dit-elle soudain, on va jouer aux détectives, comme le Club des Cinq, tu te souviens ? Non ? Tant pis. Voilà ce qu’on va faire. On commence par mettre des affiches en ville, partout, sur les poteaux, les troncs d’arbres…

Mais ça ne suffit pas : alors Océane et Raphaël partent à la recherche de leurs parents sur toute l’île.

Chapitre deux
Enquête à la citadelle

« Et si on commençait par le citadelle Vauban ? dit Océane
 Je sais pas trop, ça servirait à quoi, réagit Raphaël.
 Ben, trouver des informations sur l’île.
 Mais c’est quoi la citadelle ?
 C’est la forteresse que l’on voit depuis le port.
 Finalement, vas-y sans moi, grogne le garçon.
 Comme tu veux. Si tu veux devenir orphelin…
 C’est bon, t’as gagné, j’arrive.

Ils se dirigent vers la citadelle sans savoir l’aventure qui les attend. Après quelques kilomètres, ils font une pause.
 Ouf, soupire Océane, c’est fatigant.
 Allez, dix minutes de pause et on repart.
 Je ne sais pas pourquoi, dit la jeune fille, mais plus on s’approche de la citadelle, plus j’ai un mauvais pressentiment.

En chemin, ils continuent à parler de leurs rêves, cette histoire de trou noir gigantesque dans la maison ou de cet enfant qui présentait les infos à la télé…
Ils s’avancent encore, traversent un petit chemin moussu et là, que voient-ils ? un gros insecte ? un grand monsieur ? Merlin l’enchanteur ? Et bien non, ce qu’ils observent est bien mieux que toutes ces choses de pacotille. Ils découvrent un énorme château, imposant, défensif, aux murs tellement épais : la citadelle Vauban.

A l’entrée de la forteresse, ils observent une ombre qui tente de se cacher ; les enfants courent pour rattraper l’inconnu et finissent par le rejoindre.
 Qui… qui est là ? demande Océane d’une voix timide.
 Bonsoir, répond l’autre. Je me présente : Tom Lafripouille. Je me suis échappé de la maison de redressement.
 Mais je croyais qu’on n’avait plus le droit de mettre des enfants dans ce lieu sinistre.
 Je sais. C’est ce que tout le monde pense mais ce n’est pas vrai, il reste encore beaucoup d’enfants là-bas.
 Et comment t’es-tu échappé ?
 J’ai assommé le gardien avec son arme.
 Mais on doit te rechercher.
 Oui, je me cache beaucoup.

Illustration deux
La forteresse Vauban

A leur tour les deux enfants expliquent qu’ils cherchent leurs parents à la citadelle.
 Ha, ha, ha, ça c’est la meilleure ! Mais ici vous allez vous perdre ; croyez moi, sans moi, vous êtes cuits.
 Mais comment connais-tu le coin si tu es en maison de redressement ?
 En fait, je vis dans un pensionnat, je suis orphelin. Mais je peux vous aider, si vous voulez.
 Oui, avec joie.

Tout en marchant, ils disent à Tom que leur papa est tacticien, un spécialiste de tactique donc, et la maman archéologue.
Tom, lui, leur raconte une histoire compliquée de bouton qui donne accès à un passage secret, de squelettes entassés et d’inscriptions R.I.P., d’un type masqué aussi.

Les trois enfants traversent le jardin, des salles avec des maquettes et des vitrines, la salle de la marine, la salle d’armes, la poudrière.
Là, Raphaël croit entendre la voix de sa mère.
 Maman, t’es où ? » crie-t-il.
Son propre écho lui revient aux oreilles.
 Calme toi, répond la fille, elle a disparu, maman, elle n’est pas à côté de toi.
Que faire ? Vont-ils se rendre dans les boutiques préférées des parents et demander aux personnes croisées s’ils savent quelque chose ?

Tom a l’idée de les conduire dans la salle de la vidéo surveillance. L’agent de sécurité est absent, plus exactement il est en pause de trente minutes, et ils en profitent pour regarder les écrans.
Et justement, sur l’écran du parking, ils distinguent… la voiture de leurs parents. Ils s’y précipitent.
Les portes du véhicule sont ouvertes. Dans le coffre arrière, ils tombent sur le téléphone des parents avec 24 appels manqués et différents objets familiers : la perruque de leur papa (en effet, il est chauve) ; le foulard de leur mère, sa fameuse écharpe avec son parfum.
Il y a là encore une montre, « avec les initiales de papa » dit le garçon.
Les yeux d’Océane commencent à s’embuer de larmes.
Raphaël la rassure :
 Tout ce qu’on voit, ça veut dire qu’ils sont peut-être encore vivants…
C’est alors qu’ils remarquent sur le siège du conducteur un papier où il est écrit : le sentier côtier !

Chapitre trois
Mystère bellilois

 Le sentier, je connais, suivez-moi, dit Tom.
 Tu en es sûr ? demandent le frère et la sœur.
 Oui, oui, allons-y, je connais ce chemin par cœur.

Les trois enfants partent vers le sentier côtier et font presque le tour de l’île. Des kilomètres de marche. Ils longent une plage où viennent s’écraser de violentes vagues. Ils suivent un moment trois chemins différents où l’on voit des traces de pas, sentiers qui finalement se rejoignent. Ils arrivent au sommet de cette randonnée, découvrent le trou de Vazen, les aiguilles de Port-Coton, plein de terriers de lapins aussi.
Ensuite ils descendent un étroit chemin, raide et rocheux.

Raphael soupire :
 Faire le tour de l’île, vous vous rendez compte. C’est trop. Je m’arrête, continuez sans moi !
 Oh ! disent ensemble Océane et Tom. Arrête de ronchonner.
 Non, non, c’est bon, j’arrive, ne partez pas.

En chemin, ils bavardent.
 Des fois, je me dis que c’est un rêve ce qu’on est en train de vivre, ou un cauchemar ; et j’aimerais bien me réveiller, dit la fille.
 Moi, je me demande si ce n’est pas le directeur de la colo qui retient nos parents prisonniers…
 Ben pourquoi ?
 Parce qu’ils ne le paient pas assez pour nous garder…
 N’importe quoi.
 Et moi, dit Tom, je pense souvent à mon père. On m’a dit qu’il avait été un des enfants du bagne de Belle-Ile qui s’étaient sauvés de l’établissement il y a bien longtemps et qu’on n’avait jamais retrouvé. On m’a dit aussi qu’il avait longtemps vécu du côté du cimetière des bateaux.

Illustration trois
Un korrigan

Peu après, les voilà tous les trois qui arrivent près de la grotte de l’étoile ou grotte du korrigan.
 Un korrigan ? s’étonne la fille.
 En vérité, c’est une légende, précise Tom. C’est une histoire qui se passe dans une grotte de Belle-Ile. Il existait là des sortes de lutins verts, deux korrigans, amis de toujours, et toujours ensemble. Mais, un jour, un malheur arriva. Des pirates tuèrent l’un des deux amis et s’enfuirent après avoir volé toutes leurs richesses. Le malheureux qui se retrouva seul devint méchant, très méchant. A l’époque, les bateaux qui passaient de nuit près de l’île pouvaient être attirés par la lumière. Le korrigan en profitait alors pour attirer les navires avec la lueur d’une bougie et piller tous ceux qui venaient s’écraser sur les rochers. On raconte que le butin du korrigan serait toujours dans le coin.
 Ça fait froid dans le dos ton histoire, réagit la fille.
 Tu crois qu’il a pu retenir nos parents ? s’inquiète Raphaël qui se voit déjà en train de se battre avec l’affreux lutin, coup de poing par ci, coup de pied par là, plaquage contre la paroi rocheuse.
 Qui ça ? De qui parles tu ?
 Ben, du korrigan !
 Mais non, c’est une légende on te dit.

Arrivés à l’endroit appelé Port Coton, alors qu’on peut remarquer au loin dans la mer un rocher en forme de loup, les enfants découvrent…leurs parents.
 Papa, maman !
Tout le monde s’embrasse.
 Mais qu’est-ce qui s’est passé ?
 En fait, les enfants, avouent le père et la mère, on vous a fait une sorte de blague, si vous voulez. C’était, comme on dit, un test de confiance. On voulait voir comment vous alliez réagir en ne répondant pas à vos appels. Hé bien, on est fiers de vous, vous vous êtes bien comportés, bravo !
Et tout le monde, à nouveau, s’embrasse. Océane et Raphaël présentent Tom :
 Papa, maman, Tom est orphelin, il est tout seul, on peut le garder avec nous, s’il vous plaît… ?
Ils prennent aussitôt des têtes de chien battu, histoire de bien faire pression sur les parents. Ceux-ci finissent par accepter. Les enfants, heureux, vont quitter l’île la tête remplie de souvenirs.

FIN

6è1

BELLE-ILE-EN-MAIRE

Chapitre un
Panique à Belle-Ile

 Mais où est-il passé ? dit Mia.
 Qu’est-ce que j’en sais moi, répond Rémy.
 Ça fait un quart d’heure qu’il aurait dû commencer à nous faire visiter la mairie.
 Franchement se lever à 7h pour visiter une mairie, arriver en avance et constater que le maire est en retard, c’est trop ! Il nous a posé un lapin.

La maîtresse pendant ce temps parle avec le maire adjoint :
 Que fait-il ?
 Nous avons une mauvaise nouvelle, le maire, Jean, a disparu.
 Il n’a pas pu aller bien loin, estime la maîtresse.
 On a cherché partout, dit l’adjoint : aucun résultat. Mais c’est vrai qu’il était un peu bizarre, Monsieur Jean, ces derniers temps.
 Je ne vais pas annoncer la nouvelle aux enfants, répond la maîtresse, ils seraient trop inquiets.

Pourtant Mia et Rémy ont compris.

Rémy, 10 ans, est tout l’inverse de son amie Mia. Il est paresseux, blagueur et très mauvais perdant. Grand, mince, très sociable, il a les cheveux bruns, bien coiffés. Sa chemise est verte. Mia, même âge, porte tout le temps un serre-tête, elle a les cheveux blonds ; elle est en robe avec des chaussures de marche. Mia se préoccupe peu de l’école et préfère les jeux vidéos mais pourtant elle se trouve « parfaite ».
Malgré leurs différences, ces deux enfants s’adorent.

Ils se sont rencontrés en classe de CM2 et se passionnent pour la même activité : mener des enquêtes !
A présent, ils sont en classe découverte à Belle-Ile.

Illustration un
Portraits mia et remy

Rémy dit à son amie que le maire cache sans doute un secret important.
 Ah ! ah ! ah ! Tu crois que nous sommes dans un film, s’exclame la fille.
Souvent ces deux-là sont en désaccord.
 Et puis un secret : quel secret ? s’étonne Mia.
 Oui à mon avis c’est même un gros secret ; j’ai entendu qu’il restait de moins en moins longtemps dans son bureau.
 Bah, peut-être qu’il est parti pour quelques temps et c’est tout.

Mais peu après, ils apprennent en effet que Monsieur Jean, le maire, a laissé une étrange lettre sur son bureau. « J’ai un gros problème, je ne peux pas en dire plus pour le moment »…

Rémy se souvient alors avoir vu le maire parler avec d’étranges personnes qui portaient des vêtements noirs.
 Des gangsters ? demande la fille. Mais pourquoi il parlerait avec des gangsters ?
 Aucune idée, répond Rémy.
 Faut qu’on dise tout ça aux animateurs ?
 Non, non, on ne dit rien, on cherche nous-mêmes.

Ils savent que le maire habite un manoir, près du centre, sur une colline. « On y va. »

En chemin, Mia raconte à Rémy son dernier rêve. Elle imaginait que son père possédait un livre, « le livre de papa », comme elle disait ; or ce livre avait disparu ; et quand, en compagnie de sa mère, elle avait demandé des nouvelles de son père à son travail, au bureau, elle apprit que lui aussi avait disparu !
 Décidément, tout disparaît ces jours-ci, remarque le garçon.

Ils arrivent au manoir. C’est un grand et beau bâtiment. Ils ouvrent la porte avec une épingle à cheveux de Mia. La maison est vide. Dans l’entrée, sur une table il y a une montre, avec un phare dessiné sur l’objet. Mystère, mystère.

Chapitre deux
Grande découverte

La dernière fois qu’on a vu le maire, c’est du côté d’une petite crique.
Les deux enfants se regardent.
 Peut-être que les gangsters ont pris un bateau pour embarquer Monsieur Jean, le maire, pense Rémy.
 Il faut aller là-bas, dit Mia, tout de suite.
 Non, en fin d’après-midi, on a une randonnée justement près de cette crique, on en profitera alors pour visiter l’endroit, répond le garçon.
 De toutes façons, reprend la fille d’un ton autoritaire, c’est moi la meilleure pour trouver des indices.
 Bon on va jouer ça à « Pierre, papier, ciseaux », reprend Rémy.

Et c’est le garçon qui gagne, il fait sa danse de la victoire : on attend donc la randonnée.
 Allons les enfants, venez manger, crie alors un des animateurs qui les invite à la Chataigneraie.

Plus tard, au moment de la promenade, Mia et Rémy s’éloignent discrètement du groupe et suivent alors un chemin conduisant à la crique.

Là, ils tombent sur un des hommes en noir qu’ils avaient vu avec monsieur le maire. Pour eux, pas de doute, c’est un gangster.
D’ailleurs Mia, qui se prend toujours pour Miss parfaite, lui pose carrément cette question qui lui brûle les lèvres :
 Qui êtes vous ?
 Je suis le garde du corps de M. le maire.
Et lui aussi cherche le maire.
Mia a l’impression que son cœur va s’arrêter.
 Mais on a vu le maire vous donner une mallette.
 C’était tout simplement son cartable de travail de tous les jours.

Alors, l’affaire des hommes en noir, c’est une fausse piste ?

L’homme s’en va. Les deux enfants hésitent. A ce moment-là, Rémy dit à son amie :
 Attends-moi un instant, je dois refaire mes lacets.
Il appuie pour cela son pied sur un rocher : le rocher s’enfonce.
 Mia, Mia, je crois que j’ai trouvé quelque chose.
La fille se retourne.
 Vite, viens, il y a une sorte de porte qui vient de s’ouvrir dans la falaise ; c’est peut-être une piste.
Ils se précipitent vers l’ouverture et accèdent à un souterrain. Tout au bout de ce couloir, ils devinent un escalier. Ils montent les marches et arrivent… au manoir !

Illustration deux
Une montre

A peine le temps d’entrer, ils entendent une voix qui leur crie :
 Et maintenant, vous n’allez pas plus loin !
Ils se retrouvent en face de deux bonhommes qui ont l’air de rigoler, malicieux. Le premier porte un bonnet noir, une veste noire et des bottes noires. Le genre trapu, un visage laid, effrayant. Le second porte le même genre d’habits mais lui a un pantalon flashy. Il leur fait encore plus peur que l’autre. Les gangsters ? les vrais gangsters ?

Mia et Remy se séparent et se mettent à courir à travers le manoir. Le garçon monte dans les étages, glisse, tombe.
 Et de un ! dit un des deux hommes, en riant. Rémy est KO.

« Mais comment connaissent-ils ce prénom ? » s’étonne la fille qui a profité de l’incident pour bien se cacher.
 Lolo, où est passée cette chipie de Mia, gronde un des hommes en noir qui retire alors son bonnet.
« Oh mon dieu, murmure Mia, mais c’est Paul, notre animateur au centre ! »

Elle attend que les hommes s’éloignent puis elle va rejoindre Rémy qui est bien vivant mais qui a l’air d’avoir vraiment mal.
 T’inquiète, dit son amie, j’ai tout le temps sur moi ma trousse de soins.
Elle lui annonce, choquée, que les gangsters sont en fait des animateurs de la colo.
 Il y a Paul, qui appelait son complice Lolo.
 Lolo, Lolo, réfléchit Rémy.
 J’ai trouvé, c’est Laurent, s’exclame Mia.
 Paul et Laurent ! Mais qu’est-ce qu’ils préparent ?

Ces deux animateurs racontaient toujours une histoire de montre avec un phare dessiné à l’intérieur, une montre magique qui émettait un battement régulier, boum, boum, boum ; et si par malheur, cette montre venait à s’arrêter, cela pouvait provoquer une catastrophe pour l’île. Bien sûr, c’était une légende mais les deux hommes avaient l’air d’y croire.

Sans plus attendre, les enfants se mettent à fouiller une nouvelle fois le manoir. Ils trouvent le lieu obscur, lugubre, presque sans lumière.
 Je vais faire un tour à l’étage, dit la fille. Toi, reste en bas.

Elle monte les escaliers. Au premier étage, dans le bureau du maire, il y a partout un symbole qui lui est familier, une flamme avec un lys. Et puis des lettres aux dessins étranges. En fait ce sont des hiéroglyphes, une écriture égyptienne.
Sur une lettre se trouve une série de chiffres, le 16.49.01. Un code ? En fait, c’est simplement le numéro de téléphone interne du phare de Port Coton.
Pas de vraies pistes, donc. Ou encore des fausses pistes.

C’est alors que Mia entend Rémy crier :
 Mia, Mia, dépêche toi, redescends !
 Quoi ?
 La montre a disparu.

Chapitre trois
Un secret révélé

Voici comment on retrouve le maire.

Mia et Rémy ne baissent pas les bras, en effet, et, longtemps, ils cherchent des indices. Les pistes sont nombreuses.
 Je pense que je vais trouver le maire prisonnier dans une des salles de ce manoir, avec du scotch sur la bouche, dit Mia.

 Et pourquoi ce serait toujours toi qui trouverais toutes les choses importantes ? s’énerve le garçon. Moi je propose plutôt ceci : on va suivre les deux monos, Paul et Lolo ; à mon avis, ce soir, ils vont se rendre avec la montre au phare, rejoindre le maire car le maire est leur complice. Et nous, on y va aussi, paf, bang, on les arrête tous…

Pour la fille, cette version ne tient pas debout. Elle, elle a envie de croire maintenant à l’existence d’un livre magique. comme ces livres qu’on peut trouver dans le bureau du maire. Un livre qui raconterait leur propre histoire au moment même où ils la vivent.
 Le type de livre aussi qui pourrait répondre à nos questions. Du genre : où est passé le maire de Belle-Ile ? Est-ce qu’il est en vie ? Est-ce qu’il est en Bretagne ? Dans une grotte ? Sur une plage ?

« N’importe quoi ! » réagit le garçon. Il a alors une toute autre opinion. Et il invente une histoire incroyable de clé, de cimetière, de statue à la gloire de Jacques Salomon, « grand sauveur du phare de Port Coton », de message secret, qui serait en fait un acte de naissance où l’on apprendrait que le maire serait le vrai père de Rémy. Il aurait abandonné Rémy bébé devant une boulangerie où son faux-père l’aurait récupéré et élevé…

Illustration trois
Un phare

 Non, j’ai compris, dit la fille : le maire a décidé de lancer d’énormes travaux dans l’île, genre construction d’un grand aéroport et l’arrivée d’une armée de pelleteuses est prévue dès demain. Le maire craint les habitants, il se cache.

 Allons plutôt fouiller dans les affaires de Laurent et de Paul, insiste le garçon. On m’a dit que sur le téléphone de ce dernier, il parle de se rendre dans les Alpes, c’est à dire prendre le bateau pour Quiberon, un car jusqu’à Paris, un TGV pour Marseille puis remonter vers le Mont Blanc où se trouverait le maire…

Mia recommence alors avec son histoire de clé, de montre, de phare, de crique, de gangsters, de message secret.
Bref, on a beaucoup de pistes, beaucoup trop. On tourne un peu en rond.

Et aucune de ces pistes ne fonctionne. Découragés, les deux enfants vont se promener au Palais quand ils entendent un bruit. C’est le bruit d’un bateau à moteur qui entre dans le port. Les gangsters ? pensent Mia et Rémy. Pas du tout : c’est le maire !
 Monsieur le maire, qu’est-ce que vous faites là ? s’étonne Mia.
Le maire est encore plus étonné, il répond :
 Ben, rien.
 Mais tout le monde vous cherche ! Pourquoi êtes-vous parti ?
 Je vais vous raconter.

Ses conseillers lui avaient dit il y a quelques jours qu’il devait moins travailler. Alors il a voulu s’amuser, faire de la planche à voile. Mais à Belle-Ile l’eau était très froide. Il voulait trouver un endroit où la mer est plus chaude ; il est donc allé à la Martinique.

 Mais tout le monde parlait ici de gangsters qui vous menaçaient !
 Ça c’était juste pour me couvrir, une fausse piste si vous voulez, pour que personne ne découvre mon secret mais je vois que ça n’a pas marché.

Le maire retourne à sa mairie, fait ses excuses à tout le monde. La ville retrouve son maire.
Paul et Lolo sont finalement arrêtés.
Seule la montre a vraiment disparu. C’est Mia qui l’a brisée.
 Mais pourquoi t’as fait ça ?demande le garçon.
 Cette montre nous a attiré trop de problèmes, répond la fille.
Bref tout est bien qui finit bien.

FIN



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