Projet inabouti

SYNOPSIS
(Projet non abouti)

L’histoire du XXe siècle à travers la chanson érotique
Ou
« Vous comprenez l’allusion ? »

Gérard Streiff
Michel Dupuy

Présentation générale

Nous nous proposons de traverser l’histoire du vingtième siècle français à travers ses chansons érotiques.
Le terme est flou. On aurait pu parler aussi bien de chanson grivoise ou égrillarde, scabreuse, gauloise, coquine, aphrodisiaque. Nous écarterons les mélodies qui ne font que de simples allusions à l’érotisme dans des chansons consacrées à autre chose ; nous écarterons aussi la chanson paillarde, ou obscène, grossière, scatologique, porno en somme. On se centrera sur les thèmes de l’amour et du sexe, de l’intimité hommes/femmes. Il s’agira d’histoires osées, corsées, où l’on trouve « l’étincelle de ravissement » dont parle Jean Buzelin, historien.

On approfondira le ressort de ces chansons. Il ne s’agit pas de chansons reproduisant simplement, photographiant en quelque sorte, l’acte sexuel bien sûr mais faisant œuvre d’imagination. Ces textes souvent jouent avec la censure. Les sous-entendus sont permanents, et de différente forme : allusions énormes, douces caresses, explorations voraces.

Chaque fois, ces chansons racontent de véritables petites histoires. Les plus fiévreuses ont souvent trait aux doigts, à la langue…
On donnera des exemples, des extraits. Le travail sur la rime est essentiel, rime riche ou interrompue comme avec Mathilde Montier, auteure de « Ouvre’la fenêtre qu’on respire un peu » ! Il y a des « non rimes » aussi qui fonctionnent bien, des mots risqués et attendus tels que « nouilles » ou « ridicule ». L’humour érotique utilise l’analogie, l’équivalence, la transposition. Comme les images légumières ( l’asperge…). Ou des mots légèrement modifiés : voir la célèbre chanson « Mon fût »…

« L’histoire du Xxè siècle à travers la chanson érotique » comportera quatre films, de 52 minutes, retraçant sur un mode chronologique, les grandes étapes de cette histoire ; chaque film se composera pour moitié de chansons, donnant des images d’archives des interprètes, pour moitié de commentaires avec documents d’époque, rappel des modes, visite au Musée de l’érotisme, entretiens avec des spécialistes, comme J. Buzelin déjà nommé.

Première séquence : la « Belle Epoque »

Il y a une vieille tradition française de chansons érotiques, un folklore riche, « rabelaisien » : le Moyen-Age et ses pastourelles, les chansonniers des 18 et 19è siècles, le caf’conc. Notre série se limitera aux chansons du temps du gramophone ; mieux encore : aux enregistrements électriques de qualité. Donc au XXè siècle.
On pourrait cependant rapidement évoquer en ouverture les chansons les plus fameuses « d’avant », récitées, voire chantonnées, par un comédien.

Les années 1900 voient éclore des chanteurs fameux, Félix Mayol notamment, des succès retentissants, tels Dranem et « Le trou de mon quai », repris bien plus tard par « Les Charlots », Dranem encore et « La raie », ou Montel et « Quand elle me prit », Paul Lack et « Trompettes et robinets ».

Deuxième séquence : La prolixe entre-deux-guerres

C’est la période la plus faste en chansons érotiques, une époque foisonnante. On en donnera un aperçu général, avec mention spéciale, là encore, à Félix Mayol et « Les petits gâteaux », 1919, repris en 1970 par Barbara.
Puis on déclinera cette séquence selon trois axes.

On mettra d’abord l’accent sur le talent des femmes. En effet on s’aperçoit que non seulement les femmes sont nombreuses à chanter mais ce sont elles qui chantent le mieux l’érotisme. C’est à dire avec légèreté, effronterie, malice ; elles excellent.
On pense à Parisys, à Jane Stick, à Esther Lekain, à Berthe Sylva, à Suzy Solidor, à Marguerite Deval, à Pauline Carton, à Mistinguet (« Mon homme » est de 1920), à Joséphine Baker.

On soulignera ensuite quelques approches thématiques. Par exemple le thème du voyeurisme ( « Le trou de la serrure ») ; ou le genre paysan ( Galipettes sur l’herbe, meules de foin…) ; ou les chansons à boire qui échappent au paillard ; ou la mode des femmes asiatiques (« Ma tonkinoise »), ou encore les amours « différentes ».
Une mention spéciale sera faite à des monstres sacrés, comme Fernandel et Sandrey (« Ouvr’la fenêtre », 1930).

Troisième séquence : l’après guerre

A la Libération, l’essoufflement de la chanson érotique est évident. Nous verrons ce qui est dû au poids de la guerre et de l’ordre moral vichyste, à la mode, aux plus grandes libertés sexuelles d’un côté, aux moindres besoins de transgression de l’autre.

On évoquera tout de même de belles figures : Les quatre barbus ; Caroline Clerc ; Colette Renard ; Bourvil et « Les crayons » ; Dany Dauberson et sa « Chanson aphrodisiaque ».
Et naturellement Brassens, incomparable ciseleur de mots, qui va redonner à ces textes une évidente qualité littéraire.

Quatrième séquence : l’après Brassens

Continuité et rupture avec des gens comme Pierre Perret ; Boby Lapointe ; Barbara ; Gainsbourg ; Lio et son « Banana plit » (1979).

Le genre se banalise un peu, mais le film montrera qu’en définitive, au fil des décennies, une certaine filiation l’emporte, une santé gaillarde, une grivoiserie persistante, depuis « La canne à sucre » de Joséphine Baker jusqu’aux « Sucettes » de Gainsbourg pour France Gall, entre autres. Les modes passent, l’érotisme demeure.



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