Haute Savoie, automne 2013

Deux ateliers avec des 6è de Ste Croix de Neuilly (92) au "Chateau", Haute Savoie, (septembre 2013) ont donné deux textes, " Léa et Max mènent l’enquête" et "SOS maîtresse" ; Flore talamon assurait un troisième atelier. L’ensemble est sorti dans une brochure OVAL.

S.O.S. maîtresse

Chapitre 1

On était fous de joie à l’idée de partir en classe verte à la montagne ; moi je trouvais ça génial, comme j’étais nouvelle à l’école, je me disais que j’allais me faire des amies ; on ne savait pas ce qui nous attendait…

On s’est donc retrouvés dans le train pour la Haute Savoie. Trois heures de voyage et on était enfin arrivés à destination.
Quand je dis « on », c’est d’abord nous deux, Thomas, mon frère, et Aurore, c’est moi, et puis tout le reste de la classe, et la maitresse aussi bien sûr, Mme L.

Pendant le trajet, des groupes de garçons racontaient des horreurs, des histoires de père pendu, de mère égorgée, de tueurs en série en liberté genre Paul Jones, de vraies horreurs ; d’autres se faisaient peur en inventant des aventures de camping en famille où les parents disparaissaient dans la nature, de loups-garous kidnappeurs, d’enfants congelés dans des sortes de cave. Certains parlaient du yéti, le yéti de Savoie s’il vous plaît, une variété bien connue qui laisse des traces énormes.

Sur place, on a été ravis de voir un magnifique paysage : montagnes blanches, forêts vertes, chalets illuminés. Le couple de propriétaires du chalet où l’on résidait nous accueillit et nous fit visiter la maison, les dortoirs, les toilettes, les douches.
Le soir, il y avait dans une des grandes salles l’anniversaire de Manon, une fille que j’avais croisée dans le train ; j’avais failli oublier cette fête et quand j’arrivais, tout le monde était en train de danser ; j’essayais de me faire discrète pour que Manon ne remarque pas mon retard. Pendant la soirée, j’entendis des animateurs qui parlaient entre eux, de drôle de manière, j’aurais pas su dire pourquoi.

Mais bref, à part ça, tout allait bien.
Simplement on avait remarqué, en arrivant, à deux pas de notre installation, un chalet sombre, mal entretenu, le seul caché par l’ombre. Mais comme on était fatigués, on est allés se coucher de bonne heure.
Cette nuit-là, j’ai fait des cauchemars, je croyais que notre chalet prenait feu, puis j’ai vu des animateurs qui portaient en cachette de gros sacs étranges, j’ai vu une château hanté…

Le lendemain, on se lève. A ce moment- là, on entend le bruit d’une explosion, du côté de la cour, un « boum » formidable. Tout le monde sort pour voir ce qui se passe sauf la maitresse qui a coincé sa jupe dans une armoire. C’est un gros pétard qui a explosé et quand on revient prévenir Mme L., celle-ci a disparu. Inquiets, on la cherche partout, dans les toilettes, les classes, la cantine, les dortoirs, la bibliothèque et le jardin mais on ne la trouve nulle part. Qu’est-elle devenue ? a-t-elle été enlevée ? pourquoi lui veut-on du mal ?
On est désemparés.

Thomas pense qu’il y a un passage secret dans un mur du chalet mais personne ne l’écoute.
On se sépare en deux groupes, les garçons explorent les caves et le rez-de-chaussée, les filles le premier étage et le grenier, pour vérifier si tout est bien à sa place. En montant les escaliers, Manon tombe et dégringole.
 Je vais chercher la trousse de secours, dit Lucile.

Deux minutes plus tard, on entend un cri « Aaaaarghhhh ! »
Manon ne voyant pas revenir Lucile appelle les garçons, elle hurle. Ceux-ci arrivent rapidement, demandent ce qui s’est passé.
 J’ai fait un faux pas et je suis tombé, alors Lucile est partie chercher la trousse de secours…
 …Et on a entendu le cri, dit Paul en lui coupant la parole.

On pense tous qu’il y a quelqu’un dans le chalet ; on décide de rester groupés, on élabore des pièges autour de la cuisine où on s’enferme un moment ; on allume ensuite un feu pour ne pas prendre froid ; on entend un bruit dans la cheminée, on panique puis on réalise que ce n’est qu’une souris ; puis on suit des traces qui mènent à la cave, on tombe sur une trappe derrière laquelle se répète un petit bruit, scouic, scouic ; on pense que c’est l’endroit où est retenue Mme L. ; on tente d’ouvrir, c’est fermé à clé, on cherche la clé.
On entend aussi des bruits de pas avant de comprendre que c’est seulement l’écho de nos propres pieds. On récupère la clé dans le bureau du directeur de la colo ; il faut au moins un quart d’heure avant de réussir à ouvrir la trappe. On se dit que Mme L. va être drôlement contente de nous revoir mais on ne trouve qu’un garde-manger pour écureuil, c’était lui qui faisait des scouic, scouic !
Epuisés, déçus, on remonte dans la cuisine pour faire le point.
Des garçons continuent de dire que tout ça, c’est la faute du yéti, du yéti de Savoie. Ils parlent toujours de traces. On ne les croit pas ; ils nous répondent :
 Quand nous aurons résolu ce mystère, vous serez bien obligés de nous croire !

Thomas, lui, a une nouvelle idée :
 C’est pas ici que se trouve Mme L., déclare-t-il tout d’un coup, c’est au « chalet maudit ».
C’est ainsi qu’il appelle l’étrange et inquiétant chalet voisin dont le nom officiel est « la rose des fruits » !
Il raconte qu’il est passé rapidement devant cette maison, hier, qu’il y avait un homme bizarre devant la porte, qui lui a crié dessus quand il l’a vu « Allez vous-en ! »
 Mme L. est forcément là, ajoute mon frère.

On sort dans la nuit noire avec nos lampes torches, des vêtements chauds, des cordes, des pelles.

Ici, faut que je vous parle un peu de nous deux ; mon frère est un beau garçon, grand, des cheveux chatain- clairs et des yeux verts ; moi, je suis une très jolie fille, disons le, grande, mince, avec des cheveux bruns et des yeux verts ; à part les cheveux, on a l’air de vrais jumeaux. En revanche, il n’a pas du tout le même caractère que moi ; je suis gentille, douce, timide, il est un peu brutal, prétentieux mais attentionné avec moi, sa petite sœur qui se trouve dans sa classe car j’ai sauté une classe. Fin de la parenthèse, revenons à notre aventure.

Arrivés devant la bâtisse, on se regarde ; je dis :
 Thomas, tu vois ce que je vois ?
Il y a un panneau accroché à la porte « Attention, danger ! ». On écoute attentivement pour savoir s’il y a quelqu’un.
 Pourquoi ce chalet est-il fermé ? demande Thomas. Et puis ce panneau, c’est louche.
On espionne par la fenêtre : l’homme est là, il est en face d’une dame, on entend qu’il parle de Mme L.

Chapitre 2

 Regarde, Thomas, l’encre est toute fraîche ; cela veut dire que quelqu’un a écrit ce panneau il n’y a pas longtemps. Si nous allions voir, Mme L. doit être là.
 Tu es folle, répond Thomas ; c’est écrit Attention danger, ça veut dire qu’il y a danger.
 Mais si Mme L. est là, on doit la sauver !
 Bon, d’accord.

Près de la maison, un gros bouledogue nous barre la route, montre ses crocs, grogne ; il va nous bondir dessus. Heureusement il voit passer un chat, lui court après, la voie est libre.

J’étais très inquiète, Thomas aussi mais il le montrait moins. Soudain, victoire, on repère une fenêtre entr’ouverte. Elle était vraiment très haute. Mon frère me fait la courte échelle.
« Presque ! Allez ! Oui, oh hisse ! » dit-il.
Finalement, j’arrive à me glisser jusqu’à l’ouverture de la fenêtre et j’écoute ce qui se dit. Peut-être que tout à l’heure on avait mal entendu, peut- être qu’ils parlaient non pas de Mme L. mais de Mme Elsa, par exemple.
De ma place, je vois dans la pièce principale toutes sortes de machines dont je ne connais pas l’usage. Je vois aussi l’homme louche qui marche puis il passe dans une autre pièce. Je sors de ma cachette et m’aventure dans la maison. J’entends des mots, « Mme L. », « explosion ». Qu’est-ce que ça veut dire ?
Pire, peu après, caché dans un placard, où il y a d’ailleurs une photo de la maîtresse, je vois passer devant moi Mme L. ! Elle est entre l’homme louche et une autre dame. Je ne comprends plus, je la croyais morte. Je ne rêve pas, c’est bien elle. Est-elle coupable ? ou victime ? Complice ? ou prisonnière ?
De surprise, je fais du bruit ; l’homme louche l’entend ; il a l’air vraiment redoutable ; il va me chercher ; je me sauve ; il ne me voit pas partir.
Je raconte tout à Thomas.

Il se fait tard, on décide de rentrer au centre. Que faire ? Le dire à tout le monde ? ou garder ça pour nous ? On garde ça pour nous.
On était fiers d’avoir relevé le défi de mener l’enquête.
On arrive à temps pour le dîner.

Le soir, il y avait au programme une veillée ; ceux qui ne voulaient pas y participer pouvaient regarder la télé. Thomas et moi, on n’était pas intéressés par ces activités. A la télé, on parlait des gagnants de l’euromillion ! Désespérant. De quoi beuguer pendant 30 secondes. Et voici Thomas qui saute sur place ; il fait toujours ça quand il a une idée.
 Mettons de la farine sur le sol afin de voir les pas du kidnappeur !
 Oui et plaçons un mannequin dans un des lits pour qu’on le prenne pour un enfant, dis-je.
On est contents de notre piège ; au milieu de la nuit, on remarque des pas qui vont de la chambre vers la porte d’entrée principale. On sort, personne. Une voix surgit de la pénombre :
 Que faites-vous ici ? vous devriez dormir ! Je viens de marcher dans la farine étalée tout le long du couloir ; qui a fait ça ?
On bredouille, on s’excuse, on retourne se coucher pas très contents de nous : nos inventions sont stupides.

Cette même nuit, de nouveau, je fais des cauchemars. Notre chalet était entouré de milliers de loups et au milieu d’eux un loup-garou : c’était un chien loup avec d’énormes griffes, de gros yeux rouge flamme. En vérité les loups autour de lui étaient ses serviteurs ; et à côté du loup-garou, il y avait le yéti, blanc, énorme, de grosses mains, des dents pointues. Je m’évanouis, Thomas me prend dans ses bras ; un loup entre par la fenêtre et poursuit Thomas qui a du mal à courir car il me porte. Finalement, on réussit à atteindre notre chambre juste à temps pour qu’il ferme la porte et pour que je me réveille.

Thomas, de son côté, il me le dira le lendemain, fit ce rêve : il voulait entrer dans le chalet maudit avec ses amis ; pour faire diversion, ils firent exploser des centaines de pétards ; l’homme tomba dans le piège et sortit ; les enfants en profitèrent pour visiter le chalet ; divisés en deux groupes, ils cherchèrent des indices ; ils trouvèrent une carte marquée d’une croix ; et des indications sur l’emplacement désigné par cette croix ; mais ils durent vite quitter le chalet car l’homme revenait ; ils partirent dans un long périple, un paysage de neige, croisèrent un jeune couple aimable mais aussi un ours polaire, variété savoyarde, qui n’était pas bien méchant puisqu’un enfant réussit à l’assommer avec un bâton !

Le lendemain, on repart au chalet maudit ; sur le chemin, dans l’ombre de la foret, je crois voir le yeti tel qu’on me l’avait décrit, un peu comme dans mon rêve mais ici il a des crocs longs comme des cornes de rhinocéros mais je décide de garder ça pour moi car les garçons seraient trop heureux qu’on leur donne raison ; et en plus on me prendrait pour une folle.

Arrivés devant le chalet maudit, pas de chien, pas de bruit. Tout a l’air fermé. Thomas me propose de passer par la cheminée. Comment faire ? on n’a pas d’échelle. On pourrait grimper. On a un peu peur, la chalet est dans un mauvais état, les poutres semblent moisies. Quand on touche le bois, nos doigts s’y enfoncent un peu. Mais bon, c’est la seule solution. Avec beaucoup de mal, on réussit à monter. Et on arrive à l’intérieur de la maison, on cherche partout, personne, pas de Mme L. Imaginez notre déception. On n’allait pas restés là, plantés ; Thomas refuse d’abandonner les recherches mais j’avais faim, j’avais froid. Finalement on est repartis.

Chapitre 3

Le soir, dans la chambre, je m’écroule sur le lit.
 Je suis fatiguée de ces recherches et enquêtes de nuit, je dis.
 Moi aussi, ajoute Thomas.
 Ce n’est pas possible, la maîtresse doit être influencée ! Quand on l’a vue, au chalet, elle aurait pu s’enfuir, non ? Mais on aurait dit qu’elle ne le voulait pas ; peut-être qu’elle ne nous aime plus ? On est peut-être trop méchants ?
Je me demande pourquoi Mme L. est au chalet maudit ? qui est cet homme louche ? et cet autre femme ? Avec toutes ces questions, je n’arrive pas à dormir.

Le lendemain matin, au petit déjeuner, avec Thomas, on fait la liste de toutes les pistes possibles. Comme on a beaucoup d’imagination, du coup il y en a beaucoup.
On passe la matinée à les énumérer. Thomas pense que Mme L. est plutôt complice dans cette affaire, mais moi je la crois plutôt victime.
 Tu sais ce que je pense, dis-je à mon frère ? Mme L. est marié avec cet homme louche ; elle l’a quittée pour devenir maîtresse ; mais elle avait hâte de le retrouver et elle a simulé une disparition. Ou alors, non : le jour où il y a eu l’explosion et que sa jupe est restée coïncée dans une armoire, elle a reçu un mail de son oncle, malade, qui avait besoin de médicaments urgents et cet oncle est l’homme louche qu’elle a soignée et voilà ?!
 Bof bof, dit Thomas. Moi ce que je crois plutôt, c’est qu’en cherchant bien dans ce chalet, on trouverait sûrement une trappe sous laquelle il y aurait une pièce secrète avec plein de bijoux, d’or, de pierres précieuses ; à mon avis, Mme L., l’autre dame et l’homme louche sont complices, ils sont frères et sœurs, ils ont besoin de beaucoup d’argent pour entretenir leur chalet et pour cela ils dévalisent des gens riches, ou ils cambriolent une banque.
 Pas du tout, pas du tout, dis-je. Moi je vois plutôt une histoire d’amour. J’imagine qu’au moment de l’exclusion, la maîtresse s’est retrouvée seule, elle a pensé qu’on s’était réfugié dans la forêt, elle est partie nous chercher, elle s’est perdue, a été recueillie par l’homme qu’on dit louche et elle en est tombée amoureuse !
 Pas d’accord, reprend Thomas. Je pense plutôt à une femme qui a l’intention de faire exploser le chalet de la classe verte, c’est une complice du type louche ; elle a même mis une bombe ici, quelque part, une bombe qu’on ne trouvera pas avant l’explosion ! Ou pire encore : je me dis qu’il y a un coffre dans le chalet maudit qu’il va falloir ouvrir avec un pied de biche, et dans ce coffre une affiche de recherche de criminels, genre « Wanted » où on apprendrait que Mme L. en fait s’appelle Cruela Démonde, organisatrice d’attentats dans les écoles ou contre les Chefs d’Etat !

Bref, on n’est, mon frère et moi, d’accord sur rien.
Il faut en avoir le cœur net, on retourne donc au chalet. Et ce qu’on découvre cette fois, ce n’est pas du tout ce à quoi on pensait.
On rentre par la cheminée du chalet, avec beaucoup de difficultés. Et on voit une scène étrange : les animateurs qui sont en train de se déguiser ! Et devinez quels déguisements ils prennent ? ceux des personnes que nous avons vues la dernière fois, le vieil homme louche et la dame bizarre !

On revient au centre, discrètement, et très contents de notre découverte. J’ai une idée que je propose à Thomas :
 Faudrait que l’un de nous, moi par exemple, se mette, tout à l’heure, à côté des animateurs et qu’il dise, assez fort, l’air de rien, qu’il sait qui sont les coupables. Comme ça, tu vas voir, ils vont essayer de me kidnapper.
 Excellente idée, pour une fois que t’en as une, répond Thomas, comme s’il était jaloux, ma parole.

On élabore un piège et dans la soirée, on met deux amis dans le coup, Manon et Paul. Et on commence à appliquer notre plan. C’est-à-dire que je vais parler, fort, à côté d’animateurs, puis je vais me coucher. Thomas, Manon et Paul se cachent derrière les rideaux de ma chambre. Assez vite deux animateurs se glissent discrètement dans la pièce, manifestement pour me kidnapper, mais mes trois complices bondissent, leur sautent dessus et les assomment avec une batte de baseball.
Quand ils se réveillent, on les bombarde de questions.
 C’est vous qui avez enlevé Mme L. ? Pourquoi ?
 Nous ne vous le dirons jamais
 Attention, nous allons couper vos cheveux.
 Bon, d’accord. On l’a capturée car son père lui a mis une puce dans le ventre.
 Une puce ? Mais à quoi ça sert ?
 Trop compliqué à expliquer mais en tout cas, ça vaut de l’argent, beaucoup d’argent.
 Vous êtes des monstres !

On appelle la direction qui appelle la police ; peu après les animateurs se retrouvent en prison. Et on retrouve, dans la cave du chalet maudit, Mme L ; elle était ligotée sur une table d’opération. Elle a eu chaud. Elle est si heureuse de nous voir ! On repart en classe, modestes, comme si rien ne s’était passé mais la direction a prévu une grande fête pour le retour de Mme L.
Puis la classe verte se termine et tout le monde est content de retrouver ses parents.

FIN

Léa et Max mènent l’enquête

Chapitre 1

« Mais où est passé Louis ? » demande la maitresse en descendant du car. Pendant le trajet, les élèves avaient beaucoup chahuté, chanté les chansons apprises à l’école mais ce n’est qu’une fois arrivée que la maitresse avait vu une place vide, avait fait l’appel et s’était rendu compte qu’il manquait un élève.
 Boris ?
 Présent.
 Jean ?
 Présent.
 Louis ? Louis ?
Pas de Louis. Louis, un gars gentil mais un peu dissipé, blond aux yeux bleus. Il portait un pantalon gris, une chemise à carreaux rouges et blancs, un gros manteau noir et des Converse.

Tout le groupe est en classe découverte en Haute Savoie, depuis deux jours ; ils résident dans un très beau et très grand chalet, entouré de vaches, de forêts, de jardins. Le car les ramenait d’une visite au Grand-Bornand.
 Mais où est Louis ?
 Aucune idée, répondent des enfants
Max et Léa sont étonnés ; ils ont bien vu Louis monter dans le car. Mystère.
L’endroit est brumeux, ils pensent qu’il s’est peut-être égaré par là.
 Calmez vous, les enfants, nous allons le retrouver, dit la maîtresse..

Elle téléphone à la police et on lui répond :
 Bonjour ; nous ne pouvons pas vous aider. Au revoir.
 Attendez ! Pourquoi ?
 Pour des raisons personnelles !
Et on lui raccroche au nez.

Tous ensemble, ils cherchent dans le car (où on trouve une pancarte avec ces lettres : Ce n’est qu’un début ! ), ils cherchent dans les bâtiments proches, dans les jardins mais malheureusement : personne ! On divise la classe en petits groupes pour inspecter les environs, la plaine, la montagne : rien ! On croise bien une femme tenant un enfant par une corde ; c’est bizarre mais ce n’est pas Louis.

Dans l’après midi, on leur répète une nouvelle fois les règles du centre, puis ils vont se promener, ils jouent dans un pré et rentrent pour goûter. A la fin du goûter, ils ont « temps libre » ; certains vont jouer dehors, d’autres restent dans leur chambre, d’autres encore vont lire à la bibliothèque. Puis c’est la douche, le dîner, le coucher.

Mais ce soir, Max et Léa n’arrivent pas à dormir ; la disparition de Louis les bouleverse. Les enfants se racontent des choses affreuses.
 Je suis sûr, dit Max, qui a beaucoup d’imagination, que c’est un kidnapping, tu vas voir qu’on va demander de l’argent contre sa libération, 100 000 euros qu’il faudra glisser dans une enveloppe, mettre cette enveloppe près d’un chêne qui aura un cœur gravé ; tu vas voir qu’un homme en noir, avec un pistolet à la ceinture, va venir prendre l’enveloppe ; et tu vas voir que cet homme laissera tomber son portefeuilles dans lequel est écrit : rendez-vous demain au grenier du fromager !
 Arrête de faire ton cinéma, lui répond Léa. Et mettons- nous plutôt à sa recherche.

Ils décident de mener leur enquête, dès cette nuit, sans que les animateurs les remarquent. Les animateurs, d’ailleurs, sont très occupés à regarder un téléfilm où il est question d’enfants mis en orphelinat car leur mère avait été kidnappée dans une voiture rouge et leur père était parti en longue mission pour l’armée ; de coffre fort dévalisé, de bijoux disparus, etc ; bref les animateurs restent captivés par cette histoire.

Pendant ce temps, Max et Léa sortent par la fenêtre mais un voisin de chambre les dénonce.
 Pourquoi êtes vous sortis ? dit un mono qui les rattrape .
 Euh, on voulait prendre l’air.
 Non mais, ça va pas la tête, prendre l’air, à cette heure ci, il est 2 heures du matin ! Allez vous recoucher et ne recommencez plus une bêtise pareille !

 Mince alors, dit Léa, un peu plus tard, on fait comment maintenant ?
 On va pas baisser les bras juste pour ça, répond Max.

Ils ressortent de la chambre sans un bruit et parviennent à s’éloigner du chalet.
 Bon, on va où, maintenant ? demande Léa.
 Refaisons le chemin jusqu’au Grand-Bornand.
 Et comment ?
 Avec les chevaux, qui sont juste à côté.

Il y avait en effet un grand panneau, en face du chalet, où il était écrit : Ecurie.

 Quoi, s’étonne Léa, mais on ne va pas voler des chevaux tout de même !
 Non, on va pas voler, on va emprunter !
Ils font tout le trajet sans rencontrer grand monde ; aux rares individus croisées, ils demandent s’ils ont vu ou entendu parler d’un enfant qui a disparu en classe verte. Personne ne semble au courant. Sauf à la gare. Un témoin est venu dire au bureau :
 J’ai vu un monsieur qui tenait fermement un garçon sur le pull duquel était marqué Louis. Puis ils auraient pris un taxi.
Mais le chef de gare précise que ce témoin n’est pas un homme très sérieux.

Une autre personne dit tout savoir de l’affaire, une certaine Mme Pick. Les enfants la croisent un peu plus tard au buffet de la gare, resté ouvert toute la nuit. Elle leur dit :
 Il y a six mois de ça, mon mari étant juge, il a mis en prison le chef d’un gang, les Ratas. Louise a disparu car les membres de ce gang veulent échanger la liberté de leur chef, dit le Grand Rata, contre celle de mon enfant.
 Mais, demande Léa, qui est Louise ?
 Ma fille, bien sûr.
 Désolé madame, ce n’est pas elle que l’on cherche mais Louis.

Et ils finissent par rentrer au chalet et regagner leur chambre ; là, ils voient une ombre discrètement passer et toutes les veilleuses s’éteignent ; le parquet craque, les enfants frissonnent ; ils suivent l’ombre jusqu’à la cuisine où soudain elle se volatilise ; au sol, il ne reste que quelques miettes de biscuit !

La nuit qui suit, enfin le reste de nuit, Max cauchemarde. Il s’imagine dans un train qui passe dans un tunnel au dessous de l’autoroute ; au beau milieu du tunnel, le train s’arrête, la lumière s’éteint ; quand plus tard le train repart et revient à la lumière, il n’y a plus personne dans le train sauf lui, Max ; tous les autres sièges sont vides. Il reste juste une écharpe sur un fauteuil, l’écharpe de Louis ; et dans le haut-parleur du train, il entend un énorme et terrifiant « Hahahahaha ! » Il se réveille en sursaut.
Mais le cauchemar suivant est encore pire : il se retrouve dans une maison perdue dans la forêt, entourée de brume, avec des crânes et des couteaux sur le bord de la fenêtre et des traces de sang sur la porte, sur laquelle est écrit : « Si vous passez cette porte, ça sera la fin ». Max se réveille une nouvelle fois et ne peut plus s’endormir ; pourquoi je me suis laissé entraîné dans cette mission ?! se dit-il.

Léa de son côté rêve aussi qu’elle trouve le sac de Louis, le fouille, voit son téléphone avec un message qui s’affiche « Aidez moi, je suis à côté du lac ! »

Chapitre 2

Le lendemain matin, Max et Léa sont très fatigués. Ils ont à peine dormi une heure. Ils prennent leur petit déjeuner, s’habillent, ont une récréation d’une demi- heure. Ils en profitent pour reprendre leur recherche de Louis.
Ils décident d’interroger les animateurs et animatrices sur ce qu’ils ont vu hier soir. Ils se dirigent vers le grand salon où ceux-ci sont réunis et ils leur demandent s’ils sont allés dans la cuisine vers minuit. Sandrine répond :
 Oui c’est moi, je suis allée dans la cuisine vers cette heure-là pour prendre des biscuits ; c’est là que j’ai trébuché, j’ai fait tomber quelques miettes par terre.
Une fausse piste ? Max et Léa se regardent. Ils trouvent tout de même Sandrine bizarre. Mais bon…

Où est passé Louis ? on en revenait toujours à cette question.
 Il y a la piste du fromager, dit Max.
 C’est quoi ça ? interroge la jeune fille.
 Souviens-toi, ce message trouvé dans un portefeuilles noir, disant « Rendez-vous au grenier du fromager ! »
Les enfants se rendent donc dans cette boutique et demande au commerçant s’ils peuvent fouiller son grenier. Le fromager ne veut rien entendre ; ils sortent du magasin et Max a une (nouvelle) idée. Ils vont , derrière la maison, escalader le mur et entrent par une fenêtre. Il y a là un escalier, ils se rendent au dernier étage et ouvrent la porte du grenier. Ils le fouillent de fond en comble lorsqu’ils entendent le fromager monter dans les étages. Vite ils se cachent derrière une grande armoire. Le fromager ne les voit pas. Mais eux n’ont rien trouvé dans ce grenier.

Sur le chemin du retour au chalet, Léa raconte alors à Max son rêve sur le message du téléphone et ajoute :
 Il faut aller du côté du lac.
 Oui mais lequel ?demande Max.
 Je sais pas moi, c’est toi qui doit savoir, tu viens souvent pour les vacances.
 Oui mais il y en a au moins une dizaine. Faudrait faire tous les lacs !
 Oh non, ça va nous prendre quatre heures.
 Sinon, il y a une autre possibilité.
 Et laquelle ?
 Tu vas te rendormir pour faire un autre rêve et avoir un autre message qui, lui, sera plus précis ! pour savoir quel lac explorer par exemple.
 Quoi ? Mais ça va pas bien, non ?

Léa lui balance un verre d’eau. Mais Max insiste :
 Allez, rendors-toi.
 Mais il est 11 heures du matin.
 Tu fais croire à l’animateur que tu es malade et il te laissera te recoucher.
 Bon, OK.

Léa s’endort, mais à son réveil, peu après, elle ne se souvient de rien. Ça ne marche pas à tous les coups, les rêves.

Alors, vers quel lac faut-il aller ?
 Allons déjà à St Jean de Sixt, dit Max.
Ils reprennent les chevaux. Une fois arrivés, ils attachent les bêtes à un tronc d’arbre ; Max dirige les opérations. Un moment, voilà qu’ il tombe.
 Tu n’as rien ?
 ça va aller mais j’ai mal à la cheville.

A St Jean de Sixt, tout le monde leur dit : le lac ? mais c’est le lac d’Annecy voyons. C’est trop loin pour y aller à cheval. Retour au centre. On fait une pause ; Marc s’assoit.
 Aïe, fait-il, je me suis mis sur quelque chose…
Il ne termine pas sa phrase car tout à coup, on découvre un escalier qui semble partir vers les profondeurs. Je le félicite :
 Bravo, Max, t’es le plus fort !
Je l’embrasse sur la joue ; il rougit et on descend main dans la main les marches. Le souterrain n’est pas très propre, il y a des toiles d’araignée, des rats, de la poussière partout. On arrive à un croisement.
 Va à droite, Max, moi je prends à gauche.
J’avance quand j’entends Max crier :
 J’ai trouvé !
Je cours le rejoindre, il pointe de son doigt un rayon de lumière ; on s’approche, on voit de l’eau, une flaque, non ! C’est un lac, c’est LE lac d’Annecy.
Là, on se dit que ça ne va pas être facile de trouver Louis, le lac est immense, il peut être partout, Louis, par exemple sur un bateau, dans un hangar, sur une île ou même encore dans un sous-marin ; il faudrait d’ailleurs demander à des plongeurs d’aller chercher des indices sous l’eau.

On prend un bateau et on fait le tour de toutes les îles ; Max remarque que sur une de ces îles, il y a un arbre avec un cœur gravé.
 Tiens, comme dans mon rêve, pense-t-il.
Derrière les arbres qui bordent le lac il y a des silhouettes qui apparaissent, qui disparaissent.
Sur la rive, on a trouvé des vêtements marqués Louis et surtout un Iphone 4S. En regardant la coque du portable, je comprends tout de suite que c’est celui de Louis. L’écran est cassé ; l’appareil s’allume mais il y a un code PIN.
Max a l’idée de demander l’aide de Théo qui est un pro en informatique, et qui passe par là. Effectivement, Théo réussit à défaire le code et on tente de regarder les contacts.

Pendant cette recherche, Max délire et s’imagine que Louis pourrait être l’ami des plus grands criminels, pourquoi pas, genre Lafouine accusé d’avoir volé le plus gros bijou du monde et La Joconde ; El Macho, qui aurait tué Pamella Anderson et son mari, Al-Ghanafa qui a détruit les tours jumelles de New-York, Largo Winch qui aurait fait exploser l’avion du président des Etats-Unis.
Mais il n’y a rien de tout cela, les contacts de Louis s’appellent plus simplement Léa ou Max !
Fausse piste une fois encore.

Sur sa messagerie, cependant, on trouve ce message, crypté : « A 18he 13 Re DLPE ». On essaye de décrypter ; Max se souvient de la façon dont notre mère utilise des abréviations, en ne se servant que de la lettre du début et de la fin des mots. Ainsi cela donne : A 18 heures, 13é rue de la Poisse. On prend un taxi qui nous laisse au début de la rue car, dit le chauffeur, le coin est trop dangereux. On avance lentement sur le trottoir, le long de maisons délabrées ; surprise : le numéro 13 n’existe pas. Fausse piste de nouveau.

On commence un peu à désespérer ; on raconte tellement de choses ; on raconte par exemple qu’on aurait vu Louis sortir d’un magasin de ski d’Avoriaz, il serait monté dans une camionnette jaune et serait parti, accompagné, vers la gare où il aurait pris, dit-on, un train, celui de 16h, wagon n°3, pour Paris. Mais comment vérifier ?
On parle aussi d’un Monsieur Rocinqo, de mauvaise réputation, qui aurait été vu dans les environs du chalet. Rumeur ou réalité ? Ou encore de Louis qui serait prisonnier des sables mouvants ?! d’un couple d’hommes, l’un habillé en noir, l’autre en costume cravate, armés, qui menacerait Louis ?

Il y avait trop de pistes, et surtout trop de fausses pistes, trop de manipulations aussi. Et jusqu’à présent aucune réponse à la question : mais où est passé Louis ?

Chapitre 3

Max et Léa, très déçus, se reposent dans la bibliothèque du centre. Léa regarde les couvertures de livres dans le rayon des archives historiques. En effet elle aime beaucoup l’histoire. Elle repère un livre qu’elle montre à Max. Il s’intitule « Disparitions sur une île du lac d’Annecy ». On raconte qu’un archéologue, à la tête d’une petite troupe, s’était rendu sur cette île car il pensait y trouver de l’or. Mais toute cette équipe avait bel et bien disparu, l’archéologue compris.
Intéressés, les enfants demandent à la bibliothéquaire plus de détails. Elle n’en sait rien mais elle connaît un voisin qui sait, peut-être. L’homme les reçoit chez lui, dans une immense salle bourrée d’archives ; il leur explique qu’il cherche une cité perdue dans l’île depuis 60 ans mais qu’il n’a toujours rien trouvé. Il pense que l’entrée de cette cité doit se trouver sous une trappe dans une église abandonnée ; il a trouvé l’église mais pas la trappe.
 Retournons à Annecy, dit Max.
Léa refuse mais le garçon insiste tellement qu’elle capitule. Retour au lac où ils louent un bateau, direction l’île en question ; ils repèrent un amas de ruines, l’ancienne église s’est totalement effondrée sur elle-même. Inutile de chercher plus longtemps, cette piste est fermée pour toujours.

Revoilà nos deux héros, désespérés, sur le chemin du retour au centre. La disparition de Louis est vraiment un pur mystère. Pas question pour eux d’abandonner l’enquête mais en même temps, ils ne savent plus quoi faire pour sauver leur ami.
 Qu’est-ce qu’on fait, maintenant, Max ? Tu as vu, cette histoire d’île était encore une piste qui ne menait nulle part.
 J’en sais rien, répond le garçon, je suis embrouillé avec toutes ces histoires.

Ils sont sur le point d’entrer au centre quand ils croisent, près de la porte du chalet, une dame âgée ; ce n’est pas la première fois qu’ils la remarquent dans le coin. Chaque fois qu’ils la regardent, elle se sauve.
 Tu sais quoi ? dit Léa. J’ai l’impression que cette femme nous espionne. Rattrapons-la.
 Bonne idée ; peut-être qu’elle nous donnera une piste.
Elle s’enfuit déjà mais ils parviennent à l’arrêter.
 Lâchez-moi, mais lâchez moi !
 Pourquoi vous nous espionnez ?
 Je ne comprends pas ; je n’ai rien à vous dire.
 Vous voulez qu’on prévienne la police
 Bon, ça va ! D’accord, vous avez gagné. Je surveille votre centre pour un certain Monsieur Rocinqo. Il veut que je lui dise s’il y a ici un certain Louis. Dès que ce Louis sortira du chalet, il faut que je le dise à Rocinqo. A mon avis, ce monsieur lui veut du mal.
 Mais pourquoi ce Rocinqo cherche Louis ? C’est quoi cette histoire.
 ça, j’en sais rien. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’en échange de ma surveillance, il m’achète du chocolat. Beaucoup. J’adore ça, le chocolat !
 Mais Louis, vous croyez qu’il est dans le centre ?
 Sûr et certain ! je l’ai vu rentrer et il n’en est jamais ressorti.

Les enfants se regardent ; l’espionne avait l’air sincère. Louis serait là, dans la même maison qu’eux ?!
 Tu sais quoi, dis Léa, j’ai l’impression qu’on n’a pas assez cherché ici, dans le chalet.
 On l’a déjà fait, grogne Max.
 Eh bien, recommençons.

Ils quittent la vieille dame pour explorer encore une fois le bâtiment ; ils fouillent leur étage, le 3é ; rien ; ils attaquent le 2é, rien ; au 1er, ils ne trouvent qu’une paire de chaussettes appartenant à Louis ; au rez-de-chaussée, rien. Max pense au grenier, toujours rien. La cave ? Elle est très grande, sombre et froide. Dès l’escalier, ils voient une boîte de biscuits, sans doute volée, et vide ; plus loin, une grande bouteille d’eau, à demi entamée ; plus loin encore, dans un recoin, un sac de couchage, tout chiffonné ! Personne dedans, bien sûr !
Ils entendent alors derrière eux des bruits de pas ; ils se cachent aussitôt derrière une pile de boîtes de carton. C’est bien Louis !

Celui-ci prend d’abord peur en voyant les intrus mais il comprend qu’ils sont ses alliés. Ils s’embrassent puis se disputent (« Pourquoi tu fais ça ? tout le monde s’inquiète ! » ; et Léa dit :
 C’est qui ce Rocinqo.
 Vous le connaissez ? Vous connaissez Rocinqo ? Il est là ? Louis semble vraiment effrayé.
 C’est qui ? Tu réponds !

Louis raconte qu’un jour, l’hiver dernier, en vacances, lui et des copains avaient fait tomber ce Rocinqo dans le lac, gelé. Il n’avait pas vraiment aimé. L’homme depuis voulait se venger.
 Mais c’était un accident, je vous jure. L’autre jour, j’étais dans le car quand je l’ai vu près du chalet, j’ai paniqué ; est-ce qu’il savait que j’étais là ? Je me suis aussitôt caché ici, avec l’aide de Sandrine, qui m’apporte des biscuits.

Max et Léa se regardent. Il faut qu’ils trouvent un moyen de faire la paix entre Rocinqo et Louis. En tout cas, eux, ils sont super fiers : leur enquête est réussie.

FIN



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