Bard

La frontière

Bard nous promène au Mexique, un pays dont un ancien dictateur disait
que son malheur était de vivre si loin de Dieu et si près des
Etats-Unis. Le roman se passe précisément le long de la frontière entre
Mexique et USA, entre Matamoros à l’Ouest, Ciudad Juarez au centre,
Tijuana à l’Est.

Un mur sépare les deux pays ; les hommes ne passent pas, les
marchandises, oui. Du côté mexicain sont installées 3000 sociétés
occidentales qui usent et abusent d’une main d’œuvre féminisée,
surexploitable.

Cette zone est aussi le décor d’assassinats de femmes depuis une dizaine
d’années, plus d’une centaine de femmes retrouvées décapitées, dépecées,
massacrées, des ouvrières pour l’essentiel. A ce jour, on n’a jamais
trouvé le ou les coupables.

Bard s’attaque à ce sujet terrible ; et nous propose un gros polar
magnifique.

Son héros, Toni Zambudio, envoyé spécial d’un grand quotidien espagnol,
débarque dans ce cloaque comme un chien dans un jeu de quilles. Obstiné,
professionnel, il enquête, écarte peu à peu les fausses pistes, les
manipulations en tout genre.

Le récit est d’une terrible violence mais on se dit que cette violence
de fiction est sans doute bien en dessous de la vraie sauvagerie des
rapports humains dans ce coin d’enfer, dans ces bidonvilles mortifères,
dans ce laboratoire de la sous-traitance, dans ces bas fonds de la
mondialisation libérale.

Un bon polar "à la française" (néo-polar), ancré dans la réalité sociale, qui a eu le
prix Polar Michel Lebrun.

Point / Seuil



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