Manotti

Le corps noir

Dominique Manotti

Seuil

Beau roman noir sur les derniers jours de l’Occupation, à Paris, durant
l’été 44, quand un monde se délite, celui de la collaboration. La SS
allemande, appelée le corps noir, et son auxiliaire la gestapo
française, règnent encore sur la capitale. Mais la Libération est en
marche et chaque chapitre du livre commence par deux ou trois faits du
jour qui en rappellent l’inexorable marche.

On y voit parfaitement comment les puissances économiques ont collaboré,
comment le patronat, l’essentiel du patronat, a tissé des liens avec
l’occupant nazi, tiré profit de cette collaboration, comment, dans ces
mois de l’été 1944, ces milieux basculent, s’adaptent comme on dit
aujourd’hui et se refont une santé du côté des vainqueurs. Ce livre est
un beau roman sur le pouvoir.

Dominique Manotti est une figure du néo polar, très ancrée dans la
réalité politique, très soucieuse de creuser, dans un cadre romanesque
et noir, des réalités sociales.

Sur le site « Débat virtuel », elle distingue le genre policier du genre
noir. Le policier part d’une violation de la loi entraînant une enquête
que mène un flic et qui aboutit à une résolution plus ou moins réussie ;
le roman noir, lui, se distingue par le contenu de l’histoire et un
regard sur la société, regard desespéré, tragique, avec une attention
particulière aux marges comme révélateurs de cette société.

Née en 1942, ancienne syndicaliste et universitaire, Manotti a reçu le
prix du roman noir en 2002. On retiendra aussi d’elle « Sombre sentier
 », sur les scandales du quartier du Sentier ; « Kop », sur la mafia du
football ; « Nos fantastiques années fric », sur les dérives des années
Mitterrand, livre plusieurs fois primé.



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