Pécherot

Soleil noir

L’histoire commence comme un gag : une bande de malfrats se prépare pour
braquer un fourgon bancaire. Pour le chef de la bande, c’est l’affaire
du siècle qu’il a minuté à la perfection. Manque de bol : le jour où ils
sont sur le point de passer à l’acte, les employés des fourgons se
mettent en grève. Il va donc falloir attendre que cette lutte paie (ou
non), que les négociations aboutissent pour pouvoir repasser aux choses
sérieuses.

Sur cette toile de fond, comme de bien entendu, prospèrent des histoires
secondaires. Celle du narrateur qui est partie prenante de l’opération ;
le bonhomme vient d’hériter de son oncle la maison qui sert de QG à
l’équipe. Il y retrouve son passé, celui du tonton itou dont il ne
s’était guère soucié jusque là, son histoire d’amour pour une belle
polonaise qui disparut il y a bien longtemps ; un polar dans le polar, en
somme.

Autre « sous-histoire » : la renaissance de ce quartier de banlieue – on
est dans le Nord- où se déroule l’action, un quartier en desherence du
fait de la desindustrialisation mais qui va connaître un renouveau
autour de la relance d’un bistrot ouvrier où on mitonne chaque jour des
plats bien de chez nous et où les employés grèvistes vont prendre leurs
nouvelles habitudes.

Ce livre est un triple plaisir : plaisir du style ; Pécherot a de la
gouaille, une tripe argotique formidable ; on pense à Audiard, à Le
Breton, à San antonio. Plaisir de la nostalgie, celle des années
cinquante-soixante notamment, nostalgie aussi d’un monde ouvrier décrit
avec tendresse. Plaisir de rire enfin car Pecherot est un surdoué de
l’humour.

L’auteur est un de ces quinquas remarqués du néo polar français. On lui doit une trilogie remarquée sur le Paris de l’entre deux guerres : Les
brouillards de la Butte (gplp, 2002) ; Belleville Barcelone et Boulevard des branques.

Série Noire



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