Lafon M-H

Marie-Helene Lafon

Les derniers indiens

Buchet-Chastel

Après la Creuse de Granotier, voici le Cantal de MH Lafon. Ce texte est
un bijou. Si la littérature, ce sont des personnages, une musique, un
souvenir qui vous suit une fois le livre refermé, alors, « Les derniers
indiens » est de la belle littérature. 200 pages drues, sans
respiration, ou presque pendant lesquelles Marie, vieille fille
taiseuse, paysanne aigrie, nous parle de ses voisins, également
agriculteurs, jeunes, bruyants, dynamiques, et des siens, par ricochet.

Une sorte de face à face de l’ordre et du désordre, de la vie et de la
mort, du passé et de l’avenir ; un regard lucide et terrible d’une femme
triste, inhibée, interdite sur son monde (en voie de disparition), ses
rites, ses rares bonheurs ( la nature) ; une chronique splendide sur la
vie campagnarde, le linge qui sèche, les enfants, les odeurs et les
parfums, la musique, le voisinage, les chiens (et leur lubricité).

Beaux portraits de famille, la mère, sèche, orgueilleuse, très fin de
race, le père, effacé au double sens du mot, le frère aîné, le préféré,
qui eut le courage de quitter la ferme mais s’en trouva puni ; le cadet,
plutôt limité des neurones.

On déambule dans un monde de lenteur, monde vide, où les enterrements
offrent les rares occasions conviviales..., un monde appelé à
disparaître, englouti sans doute demain par la voracité de voisins
entreprenants.

Le style est magnifique, dense, la phrase semble chuchotée, les images
souvent fulgurantes.

MH Lafon est prof de lettres. Son 1er roman, Le soir du chien, avait eu
le Renaudot des lycéens.



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