Ravey

Bambi bar

Yves Ravey

Editions de Minuit

ça commence comme un roman policier mais ce n’est pas un roman policier.
Autre fausse piste : on pourrait prendre Léon Rebernak, le narrateur,
pour un voyeur. On est dans l’Est ( de la France), dans une ville
imprécise. Léon habite en face d’un bar bordel, le Bambi bar, on le sent
très intéressé par tous les faits et gestes qui se passent dans cette
maison, où il réussit à se faire embaucher. Mais ce n’est pas le
voyeurisme qui l’anime, Léon tente d’arracher une très jeune fille,
Caddie, qui est esclavagisée dans le bouge. Il vient de l’autre côté de
la frontière, du village d’Oplotnitz ; Caddie est la fille de son frère,
fille disparue, enlevée par sa propre mère pour finir dans un peep show.

Tout ici est dans les silences, les non-dits, les regards de biais ;
l’atmosphère de suspicion est bien rendue. Un texte court, une histoire
simple, d’une simplicité biblique, une écriture épurée, un scenario
presque abstrait. Importance du style, de l’écriture sans pathos, des
phrases courtes, sèches, précises, efficaces.

Comme dit un critique, « il n’écrit pas gras, Ravey, il écrit maigre ; il
cherche le pur, le sec, le dénué comme si, dans le sillage de Beckett et
du nouveau roman, il cherchait à éliminer le « je », la psychologie, le
faste, la frime littéraire. »

Yves Ravey est né à Besançon en 1953. Ses histoires se passent toujours
dans l’Est de la France ; il écrit depuis 1989. A son actif déjà une
dizaine de romans dont « La table des singes », et quatre pièces de
théâtre dont « Dieu est un steward de bonne composition » ; la plupart de
ses textes sont aux éditions de Minuit. De lui aussi un essai sur ses
lectures appelé « Pudeur de la lecture. »



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