Del Amo

jean baptiste del amo

une éducation libertine

gallimard

Nous sommes en 1760, à Paris ; la ville est un personnage omniprésent dans ce roman, le Paris du siècle des lumières et le Paris de la cour des miracles, ville de misère et d’opulence, ville labyrinthe que l’on visite au fil des pages dans ses quatre saisons, hiver mortifère, printemps glorieux, été caniculaire, automne pluvieux. La Seine est aussi un personnage terrible, souvent évoquée. L¹auteur, sans vouloir faire oeuvre d¹historien, a bien consulté les archives, et s’il laisse aller sa plume, c’est à partir d¹une solide documentation. C’est dans cette ville que le jeune Gaspard, 19 ans, débarque ; il vient de Bretagne et veut vivre la ville, s¹installer, monter dans l¹échelle sociale, réussir, s’en sortir, pénétrer la noblesse, vivre dans la « haute ». De son passé, on apprend peu à peu quelques éléments, il était garçon de ferme, son père tenait une porcherie, homme primitif, violent, sa mère était infirme ; un jour sur un coup de tête il fuit. On le sent vide, disponible, ambitieux, patient, calculateur, arriviste. Il commence par fréquenter le Paris prolétaire, celui des gens du fleuve, population misérable agglutinée le long de la Seine. Puis il va travailler chez un perruquier, passe dans le monde des petits commercants-artisans, où il devient apprenti chapelier, tout près de l’Eglise St Séverin, au quartier latin. Après avoir croisé le comte Etienne de V. (on n¹en saura jamais plus sur son nom), il côtoie la (petite) aristocratie, se prostitue, devient giton, arnaqueur.

Un roman social qui sait faire vivre les différents éléments d’une société qui va bientôt basculer. Un roman sexué, hypersexué, d¹une sensualité incroyable , d¹une absolue impudeur ; l’obsession des odeurs traverse le livre ; le corps est partout, minutieusement décrit, décortiqué. Un roman d¹apprentissage, celui de l’homosexualité, de la prostitution masculine.

La force du roman est dans son écriture physique, épaisse, qui sait incarner l¹histoire, qui a les mots qu¹il faut pour dire sexe, la brutalité, la distinction, la soumission , le corps, la mort.

L’auteur a 26 ans ! Il dit avoir écrit ce premier roman en pensant aux auteurs de l’époque ( Sade, Laclos) mais aussi, pour la manière d¹écrire, à Proust ou Virginia Woolf.



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