Gracia

Sylvie Gracia

Une parenthèse espagnole

Verticales

Un prof, quinqua, divorcé, deux filles, très à gauche et plutôt désabusé, des tranches de sa vie d’aujourd’hui, entrecoupées d’évocations de son premier amour (il était étudiant) et de la vie de son père ; le roman tricote avec élégance ces trois moments, la vie quotidienne, l’amante d’autrefois ( à laquelle il dresse dit il « un tombeau de mots ») et le père. On passe de façon un peu arbitraire, comme le fait notre mémoire quand elle se laisse aller, d’un « sujet » à l’autre en permanence, tout au long de déambulations du héros dans un Paris très bien rendu. Si ce livre était une musique, ce serait l’accordéon de Piazzola, mélange de mélancolie et d’énergie.
L’homme donc voit resurgir cette femme, Luz, qu’il aima trente ans plus tôt, épave alcoolisée et déchue après avoir été l’incarnation de la sensualité. Réapparaît par strates les moments de cette liaison ; on y découvre une sorte d’angelot voyou, d’eurasienne issue du croisement peut être tarifé d’une fille du Vietnam et d’un soldat en Indochine, sur fond des années 70, Patti Smith, Lou Reed.
Le roman est aussi un salut au père, vieux républicain espagnol ancré en terre française mais nourrissant chez le fils une masse d’images sur la guerre d’Espagne.
L’auteure a déjà publié quatre romans dont « Les nuits d’Hitachi » ; elle est aussi éditrice aux éditions du Rouergue.



Site réalisé par Scup | avec Spip | Espace privé | Editeur | Nous écrire