2004 (1er trimestre)

Mouvement des idées
Note n°60 (9/1/04)

1.
L’emploi ou le voile ?

Le discours ambiant, fin 2003, semblait obnubilé par les questions de la
« laïcité ». Chirac, lors de ses vœux, paraît changer la donne, met au
centre la question de l’emploi – qui n’a cessé d’être la préoccupation
première de l’opinion ; il affiche aussi un ton nettement plus libéral,
notamment en s’exprimant devant les « forces vives ».

(Commentaires de la presse de droite, Le Figaro notamment (7/1) : cette
dramatisation confirme que la reprise n’est « pas aussi sûre qu’on le
répète partout » ; que la crise est plus profonde qu’on ne veut bien le
dire ; que tout attendre de « l’environnement international » est vain ;
que l’industrie paie chèrement ses dérives financières ; que les
délocalisations déséquilibrent tout. D’où le choix présidentiel : « 
sonner le tocsin » et fuite en avant libéral.)

En même temps, l’effet d’annonce passé, retour en force des questions de
la laïcité. En large partie ravivée par la gauche socialisante : A.
Touraine, jadis opposé à une loi, attaque le premier dans Libération ; Le
Monde, le même jour où Le Figaro fait gros sur l’économie, consacre de
pleines pages à la laïcité…

C’est toujours Le Monde qui écrit, dans l’édito présentant le bilan de
l’année 2003 : « Le débat passionné sur le port du voile islamique dans
les lycées publics l’a emporté sur tous les autres ». Vraiment ?

2) Remontée communiste

A noter le dernier baromètre mensuel Figaro-Sofres de janvier. Sensible
remontée de la cote du PCF, qui passe de 18 à 24%, +6, alors que le
reste de la gauche ; PS et Verts, recule (légèrement) ; progression
également de MG Buffet (+3). Après des mois de recul continu, une nette
inversion de tendance donc.

Autres enseignements : un leger recul du souci de l’opinion en matière
d’emploi, une reprise de l’inquiétude en matière d’insécurité ; ces
questions emploi/insécurité sont très diversement vécues à droite et à
gauche. L’emploi est le souci majoritaire à gauche(environ 60%) ; à
droite souci égal pour emploi et insécurité (30 et 30).

Un léger regain d’optimisme ou recul du pessimisme ; une croyance,
croissante depuis septembre, qu’on n’aura de moins en moins de conflits
sociaux.

Chirac et Raffarin gagnent des points ; pourtant leur politique est jugée
très massivement inefficace en matière de lutte pour l’emploi et contre
l’inflation ( de l’ordre de 85%) ; et 37% de l’électorat de droite dit ne
pas faire confiance à Raffarin.

3) Idées de temps de guerre ?

Le catastrophisme ambiant, dont le Journal télévisé s’est fait une
spécialité, ressemble à une communication de temps de guerre. Comme s’il
n’était plus question que de catastrophes naturelles, d’attentats, de
crimes. Une pression vraiment très forte pour apeurer l’opinion,
installer un fatalisme du malheur, entretenir la résignation, la soumission.

« 2003, année de peurs et de conflits » titre Le Monde du 29/12 pour son
numéro spécial.

En même temps cette « communication » donne aussi l’impression qu’on
exhibe une guerre (contre les éléments, le terrorisme, l’insécurité)
pour en cacher une autre : la guerre sociale. Il ne s’écrit et ne se dit
quasiment plus rien sur les inégalités ; or 2004 s’ouvre sur un tableau
caricatural avec le doublement des rémunérations des patrons du CAC 40
d’un côté, l’austérité féroce pour les démunis de l’autre.

4.
Mise en scène du lepenisme

Autant la menace d’extrême droite est à prendre au sérieux, autant
certains agitent l’épouvantail pour des visées politiciennes. En cette
période de trêve, où la politique était souvent évacuée des journaux,
nombre de papiers sur la campagne lepeniste. Comme si le FN, et lui
seul, n’avait pas pris de vacances... Libération du 30 décembre est
prise en flagrant délit de « montage » : une pleine page sur Marine Le
Pen, au ton à peine distancié, ne contenant aucun fait nouveau ; reprise
d’infos déjà dix fois vendues courant décembre.

Seule appréciation à retenir : le FN miserait beaucoup sur la « grande »
banlieue, Seine et Marne et Val d’Oise et un « néolepenisme rural ».

5) Le nouveau capitalisme

Dossier du bimestriel « Manière de voir »/Monde diplomatique sur « le
nouveau capitalisme » ( inégalités, tiers mondisme, blairisme).

Echos importants dans la presse économique et de droite sur la faillite
frauduleuse du groupe laitier Parmalat : chiffres colossaux, analystes
véreux, paradis fiscaux, tout finance, une dérive capitaliste type.

Beaucoup de papiers aussi sur le retour (2003/2004) des « 
fusions-acquisitions ».

Plusieurs études sur la nouvelle génération de patrons qui s’installent
à la direction des entreprises françaises (Le Monde, 31/12) ; des
commentaires persistants sur leurs salaires.

6.
Mémoire ouvrière et mémoire communiste

Nombreux livres autour de la mémoire ouvrière et de la mémoire communiste.

« Les derniers jours de la classe ouvrière », Stock, émouvant roman de
Aurélie Filippetti, sur son père, maire communiste d’Audun le Tiche
(Moselle). La mine, la résistance, la fierté ouvrière,
l’immigration/intégration, les luttes, les rêves et la desillusion.

« Classe fantôme, chroniques ouvrières » de JP Levaray, éditions Le
Reflet, coll Raisons de vivre.

« Metaleurop, paroles ouvrières » de FH Fajardie, ed Mille et une nuits.

« Paris ouvrier, des sublimes aux camarades » d’A Rustenhotz, ed Parigramme.

« L’affiche rouge » de Benoît Rayski chez Félin.

Un débat intéressant traverse le monde du polar à partir d’un
roman/essai de Mizio : comment un auteur regarde sa classe (ouvrière)
d’origine, vit mal son éloignement, cet espèce de mépris qu’il sent
poindre vis à vis des « siens », sa distance à l’égard de la
bourgeoisie, son sentiment d’être un « apatride social ».

6.
Une jeunesse conformiste ?

Les Echos du 31 décembre reprennent une étude du Credoc (Etude n°168 « 
Les jeunes sont aujourd’hui favorables à la mondialisation »). Elle
montrerait une jeunesse conformiste et individualiste. Le papier veut
casser l’image d’une jeunesse contestataire et réfractaire à l’autorité
version 1968. Ces jeunes remettraient moins en cause le monde,
manifesteraient une « relative adhésion » aux valeurs dominantes.

Porteraient un jugement plus positif que leurs aînés sur le libéralisme
(75% contre 60), surla mondialisation (56 contre 39), sur la mondialisation.

Moins critiques des institutions ( justice, école) ; image positive de
l’autorité (79%), de l’ordre (85).

Famille plebiscitée. Désintérêt affirmé de la politique (73% contre 63
pour les adultes).

Mais prêts à se mobiliser pour des choses ponctuelles, peu contraignantes

Ces données, connues (elles datent déjà de 2002), sont interessantes ;
est interessante aussi l’interprétation du Credoc et des Echos qui
donnent une image très droitisée de la jeunesse.

8) Retrouvailles franco-américaines ?

C’est le thème d’un très grand nombre de papiers depuis la mi décembre,
surtout depuis l’arrestation de S Hussein ; une (mini) campagne qui
dépasse le cercle habituel des atlantistes.

9) Etat de l’opinion

L’opinion inquiète de l’euro. Sondage Figaro économie/H2O (31/12) : si
c’était à refaire, referiez vous le choix de l’euro ?52% de oui, 46% de
non, un score très proche, s’alarme le journal, du référendum de 1992
sur Maastricht où le oui ne fit que 51% ! Absence de notoriété de
l’euro, forte nostalgie du franc (55% contre 29% d’europhiles).

Selon IFOP-Sud Ouest, 58% des Français optimistes contre 40 au mois
d’août. Plusieurs sondages qui confirment un « redressement » de l’image
de Raffarin (Sud Ouest, Paris Match).

10) Partis

Série de papiers du Figaro pendant les fêtes faisant le point sur l’état
et les projets des différents partis politiques français.

PS : un plan en quatre points pour l’emploi : soutien de la
consommation, des cotisations sociales qui épargnent les entreprises qui
emploient, contrat d’insertion plutôt que RMA, emplois d’utilité sociale
au niveau régional.

PS/Verts : rencontre le 5 janvier. Bataille d’image entre PS et Verts
sur le « sens » de cette rencontre. Le PS « magnifie » l’union relancée,
les Verts hésitent. Mais insistent sur leur lien privilégié avec le PS
au détriment du PC « en décroissance durable » selon leur porte-parole.

Sur les rapports PS/Verts, voir le double article sur Fabius et Voynet
in Le Figaro du 19/12 ; lancement d’une association fabiusienne écolo
(Respire) (Fogaro du 8 p 7).

PS/Lang : livre décapant de Charbonneau et Guinier sur l’opportunisme
langien : « Docteur Jack et mister Lang », Cherche-Midi.

Crise européenne des partis politiques : Papier d’A. Adler dans Le
Figaro du 31/12 : « Une inquiétante érosion des grands partis
traditionnels » ; il tente de montrer qu’il y a en Europe une sorte de
décomposition des familles gauche et droite ; évoque surtout les
différentes familles de droite ; trouve que l’Italie serait un
laboratoire ; qu’une course au centre brouille les pistes : « Il n’y a
pas de différence entre un socialiste gestionnaire et un libéral social
 » ; dans le même temps il rappelle « l’extrême difficulté qu’ont toujours
eu les centres à gouverner face à des extrêmes résolus qui disposent
alors d’une identité intacte ».

Sur les partis, voir aussi le papier du Monde du 4/5 janvier sur la
crise des directions.

CGT/PS : papier de Noblecourt du Monde « Hollande, Thibault, même combat
 » (20/12).

CFDT : une campagne d’auto-promotion dans la presse (Le Monde du 6/1),
deux millions de tracts, 50 000 affiches pour redorer son image.

Sur la crise du Sgen, voir L’Humanité, 26/12

Mouvement des idées
Note n°61 (16/1/04)

1.
Parmalat : une histoire capitaliste

Réelle inquiétude des chroniqueurs économiques sur l’image du
capitalisme donné par ce scandale.

Monarchie patronale, respectabilité, népotisme, lucre, paradis fiscaux,
secret de la gestion, pression et magouille financière, il y a là tous
les ingrédients d’une histoire capitaliste pure et dure, sans doute
appelée à se répéter (voir l’affaire Adecco, etc…).

Selon le chroniqueur du Monde, Le Boucher, (12/01), « les dégâts dans
l’opinion sont terribles ».

Il cite un sondage de l’American Entreprise Institut : seuls 16% des
américains estiment que les patrons ont « des principes d’honnêteté et
d’éthique » contre 25% en 2001.

Voir le livre de Olivier Pastré et Michel Vigier, « Le capitalisme
déboussolé » (La Découverte) : thèse : le capitalisme « pousse au crime ».

A noter la tenue du séminaire du MEDEF sur « la responsabilité sociétale
des entreprises » (Les Echos, 12/01) destiné notamment à « défendre
(leur) image ».

Sur un sujet proche, voir aussi la manière dont le capitaliste restaure
son image à partir d’une « communication » ciblée : la manière dont le
patron de FRAM ( voyagiste du vol Paris-Charm el Cheikh) est intervenu
dans les médias ( homme courageux, compassionnel, qui tient tête…) est
quasi exemplaire.

2) Egalité : le retour ?

Nombreux papiers sur égalité, égalitarisme, discriminations positives,
etc… Sans doute la contribution la plus significative : celle d’A.G.
Slama, « Le nouvel égalitarisme » in Le Figaro du 12/1. Il dit
explicitement : « On croyait l’idéologie égalitariste morte en même
temps que les illusions de l’empire soviétique » (…). « Or force est de
constater que les scandales financiers à l’Ouest et l’échec des
illusions placées à l’Est dans une libéralisation à marche forcée ont
ranimé les braises de l’idéologie égalitariste ».

S’il estime condamné l’égalitarisme d’Etat à l’ancienne, « sur le fond,
en revanche le projet égalitariste n’a pas désarmé » : ses exemples : le
paritarisme en politique, les modulations dans les services publics,
plus généralement toute espèce de modulation à partir du revenu.

3.
Retrouvailles républicaines ?

Mise en scène du rapprochement entre les minoritaires du PS (Mélenchon)
et de la LCR( Picquet) in Le Monde du 10 janvier. Tous deux auteurs de
livres sur « les valeurs de la République », respectivement « Causes
républicaines » (Seuil) et « République dans la tourmente » (Syllepse).

Débat public le 17/1 à Montreuil.

Retrouvailles autour d’une sorte desectarisme républicain (?), jacobin,
laïciste…

4.
Altermondialisme, antiracisme, tiers mondisme : la guerre des
gauches ?

On sera attentif à plusieurs papiers dont celui de C. Askolovitch in Le
Nouvel Obs du 8/1 sur une offensive d’une gauche « laïquarde » au Mrap,
à la Ligue des droits de l’Homme, à la FSU, à la FCPE, à ATTAC,
dénonçant une alliance entre révolutionnaires et islamistes. Nouvelle
coalition « rouge-brun » en somme. Un thème déjà esquissée fin 2003.
Dernière cartouche de ce débat ( notamment autour de Ramadan) ou
nouvelle bataille en perspective ?
Sur un sujet proche, papier de B. Cassen ( dans Libération, 12/01) qui
s’interroge sur les limites des forums altermondialistes, sur des formes
nouvelles à rechercher, sur « des socles de propositions » à définir.

5.
LO/LCR : débats

Papier de Ph. Corcuff, récent transfert de la social démocratie vers le
trostkisme et « penseur » médiatique de la LCR, sur « la nouvelle gauche
radicale en chemin » (Le Monde, 11/01). Un long argumentaire général pas
inintéressant ; puis une description du paysage politique où il ne
retient que trois forces : l’extrême droite, les sociaux-libéraux ( de
Raffarin à Hollande), la gauche de la gauche. Impasse totale sur les
communistes. Pointe ensuite quelques thèmes où cela coince manifestement
entre la LCR et LO : l’image des médias ; la judéophobie ; la question de
la sécurité ; le Proche Orient. Conclusion : « Ce n’est donc pas tout à
fait demain que la nouvelle gauche radicale émergera de l’ancienne
extrême gauche ».

Promotion du facteur Besancenot dans le JDD-Paris, organe
type de l’UMPS, le 11/01. Une demi page (p.40), totalement hagiographique.

Idem à Sciences Po : l’IEP Paris organise début février un stage sur les
régionales ( pour les professionnels, les journalistes). Sur les partis,
trois conférences prévues : le FN ; les liens UMP/UDF ; l’extrême gauche « 
en consolidation »…

Voir encore le papier des Dernières Nouvelles d’Alsace (14/01) sur un
modèle electoral mis au point par des universitaires de Metz : stabilité
à droite, à gauche, tassement de l’extrême droite, forte poussée de
l’extrême gauche…

6.
Citoyenneté

Sixième vague d’enquête de la Sofres pour le CIDEM sur citoyenneté et
engagement.

On retiendra que l’intérêt pour la politique (oui=42, non=58) est
retombé au niveau d’avril 2002 ; que paradoxalement une forte majorité
estime que la politique peut changer les choses ( 63 oui contre 35 non) ;
que les régionales interessent 47% contre 53 ; et les européennes : 41%
contre 59.

Sur toutes ces questions, on notera une singularité de l’électorat
communiste : c’est celui qui est le plus interessé à la politique (54
contre 46) ; il semble – paradoxalement !- moins sensible à l’idée que la
politique puisse changer les choses ( 55 contre 40) ; il est plus
interessé par les régionales que la moyenne (59 contre 41) et beaucoup
moins par les européennes que la moyenne (36 contre 57).

Aux régionales, les gens voteraient d’abord pour des raisons locales (60
contre 38 au national) ; seule une petite minorité dit ne pas vouloir
voter :13% (!).

Concernant l’engagement, les chiffres sont plutôt frileux. Voici les
indications « d’envie d’exercer un droit » : voter (84%) ; de l’argent
pour une cause (69) ; association (65) ; pétition (63) ; boycott (51) :
grève (40) ; manifester (32) : syndicat (32) ; parti(16).

Si on leur demande s’ils ont plus ou moins envie de s’engager, cela
donne par secteur : 53% dans l’associatif ; 27 dans le syndical ; 18 dans
le politique ; 17 dans le religieux.

7.
Le travail

Interessant papier sur l’opinion et le travail dans Les Echos du 13/01.
A partir de l’étude « La place du travail dans l’identité des personnes
en emploi », « Premières informations. Premières synthèses », n°1,
janvier 2004, DARES (Ministère des Affaires sociales).

Plus on est instruit, mieux on est payé, plus son emploi est motivant et
plus on accorde d’importance au travail…

Les deux tiers des actifs ayant un emploi jugent le travail « assez
important mais moins que d’autres choses », seuls 28 le trouve très
important.

La vie de famille réduit l’intérêt du travail ; les plus impliqués sont
les non salariés ; les employés sont les moins impliqués ; ceux du public
plus impliqués que ceux du privé.

La dimension « créative » et l’autonomie jouent très fortement.

8.
Mauvaise image confirmée de l’euro

Faisant suite au sondage Figaro/H2O évoquée la semaine dernière et
montrant le doute de l’opinion sur l’euro, une nouvelle enquête
Sofres/Le Nouvel Obs confirme spectaculairement le regard critique de
l’opinion.

Selon 49%, l’euro est un bien pour la France, un mal pour 45 ; ce qui est
déjà un taux de critique élevé. Lorsque la question se précise, la
critique est plus vive : seuls 42% trouvent que c’est un bien pour
l’économie ; pour 40%, ce serait un bien « personnellement » ; il n’y a
que 30% pour dire que c’est un bien pour l’emploi…

Pour la majorité (52), l’euro n’a profité qu’aux marchés financiers ; il
a poussé à la hausse des prix (95%) et 94% continuent de convetir en
francs pour lire un prix !

9.
La classe ouvrière se montre

On remarque une série de livres, de films aussi autour de la classe
ouvrière. Sur Arte ce vendredi « Zéro défaut » de Pierre Schöller.

Ou « Violence des échanges en milieu tempéré » de JM Moutout ( au cœur
d’un plan social).

In Le Monde/Economie du 13, entretien avec Cyril Mennegun, auteur de
plusieurs docu : « Quel travail », 2002 ; « Nous les apprentis », 2003.

10) Partis

Nouveaux sondages qui confirment une remontée forte des deux têtes de
l’executif.

Sarkozy : papier du Figaro du 14 sur « la droite moderne »
qu’incarnerait Sarkozy= Pasqua + Madelin. Une droite autoritaire et
surtout très très libérale…

UDF : Etude interessante d’Eric Dupin (Le Figaro, 13/1) sur la stratégie
de Bayrou.

PS : Lang, homme-orchestre de la campagne des régionales ?

Premier meeting en RP le 25/01 à la Mutu.

Delors regarde avec « sympathie » Bayrou et se prononce pour « la
réhabilitation du travail » (Le Parisien, 11/01)

Très nombreux papiers sur la politique sociale-démocrate allemande ou
britannique, souilgnant la communauté de choix avec l’actuelle politique
française.

FN : « Libération » continue de faire une grosse « couverture » de Le
Pen. ( voir par exemple le n° du 12/01).

LO-LCR : sortiraient sous peu un quatre pages pour les régionales ;
premier meeting sur Paris le 6 février.

MEDEF : AG mardi 20 à Lille.

Post-scriptum : Au palmares (JDD) des personnalités les plus populaires
de France, l’abbé Pierre se retire et cède la première place à Zidane.

Mouvement des idées
Note n°62 (22/1/04)

1.
Le Français, un libéral-sécuritaire ?

Sondage Sofres-Fig Mag sur les Français et le libéralisme.
Grosse enquête ( 60 questions) que le journal avait déjà réalisée il y a
trois ans.
Le Figaro titre « La fin des tabous » et qualifie ainsi les Français de
2004 : « Libéraux sur le plan économique, adeptes de la fermeté en
matière sécuritaire et jaloux de leurs protections individuelles ». Des
sarkozistes en puissance en somme.
Il est vrai que des réponses confirment les points forts de l’idéologie
de droite aujourd’hui ( à 75% les sondés sont pour le service minimum,
les baisses d’impôts, l’obligation pour un chomeur d’accepter le travail
qu’on lui propose, la baisse des charges sociales, les fonds de pension).
A 51% pour la concurrence de la Sécu, à 55% contre le monopole de l’ANPE.

Elles traduisent aussi des envies sécuritaires persistantes ( les
questions montrent d’ailleurs que la droite a encore en réserve toute
une panoplie répressive : couvre-feu ; sévérité au premier délit ; la
prison dès 13 ans, la police à l’école… ; sévérité à l’école). (Sur la
fin des allocs, une opinion partagée à 50/50).

MAIS l’enquête comporte des éléments contradictoires ; elle est loin de
montrer des Français aussi libéraux que le voudrait la droite.
D’abord, il y a une critique massive de l’argent et de ceux qui en
profitent : 61% contre la suppression de l’ISF, 76% contre l’amnistie
fiscale ; 61% pour taxer la finance en Europe. (Et pour, à 90%,
l’intéressement aux benefices !).
Et puis un fort besoin de protection sociale, donc un rejet assez massif
des pires dérives libérales : contre l’assouplissement du droit de
licencier (81% !) ; contre la fin de la garantie de l’emploi des
fonctionnaires (53) ; pour les 35h (56) ; contre la sélection à
l’Université (53) ; contre la suppression du collège unique (56) ; pour
la participation (84 !).
En ce qui concerne la Santé, on voit des Français très attachés à leurs
acquis : pour le maintien de la carte verte (74%) ; contre la
privatisation des hôpitaux (74% !) ; à 78% contre la retraite à 65 ans !
(un dossier qui n’est donc pas fermé) ; à 83% contre le fait pour le
patient de payer plus cher ;

Des Français enfin « libres » sur les « mœurs » : 73% pour l’euthanasie ;
62 pour le PACS ; 60% contre le refus d’avorter d’un médecin ; 71 contre
le clonage ; 63 contre l’uniforme à l’école ; 51 pour la construction de
mosquée (mais 45 contre !)
A noter encore : que 20% pour les OGM ; près de 40% contre la loi sur le
voile (38) ; près de 40% pour l’adoption d’enfants par des couples homos.

2.
Les libéraux pour l’ethnicisation

L’Institut Montaigne, un des laboratoires de la droite libérale, club
fondé par Bébéar, l’ex patron d’Axa, joue à son tour la carte de
l’ethnicisation de la vie sociale. Dans un rapport rendu public le 14/1,
intitulé « Les oubliés de l’égalité des chances », l’Institut plaide en
faveur de « la discrimination positive » en matière de formation et
d’emploi. Noirs et maghrébins constituent 12% de la population ; or leurs
représentants sont rares dans le monde politique, judiciaire,
télévisuel, des directions d’entreprise, corps intermédiaires, fonction
publique.
A qualification égale, cette population serait 5 fois plus victimes du
chômage. Solution ? Reconnaître « la diversité ethnique » ; pour une « 
politique d’équité » en matière d’emploi ; accorder un label aux
entreprises qui jouent le jeu ; exhiber les photos des cadres ; assurer la
mixité sociale en matière de logement : »mettre fin à la notion même de
quartier Hlm » ; sur-aider les écoles en zones sensibles.
Cette idée de « quota » est majoritairement repoussée dans les sondages.

3.
Le capitalisme à la française

Papier d’analyse du Monde du 16/1 sur la recomposition à l’œuvre du
capitalisme français. Le système traditionnel marqué par la connivence
Etat/entreprises, une forme d’endogamie, fonctionnant avec des réseaux
similaires ( voir affaire Executive Life) céderait la place à un modèle
ultra-libéral, marqué par l’entrée en force des actionnaires étrangers :
10% du CAC 40 en 1985, 43% aujourd’hui – le taux d’investissements
étrangers est de 20% en Grande Bretagne ou 10% aux Etats Unis…( voir OPA
sur Pechiney).
En somme, les grands groupes français, après avoirentretenu longtemps
des relations privilégiées avec l’Etat « doivent-ils nécessairement
passer sous la coupe des grands fonds de pension anglo-saxons ? ».
Un rôle nouveau attribué à la CDC dans ce cadre.

4.
Des républicains de gauche ?

Plusieurs articles sont revenus sur le thème évoqué ici la semaine
dernière. Un courant de gauche tenterait de se recomposer à partir des « 
valeurs républicaines ». On parle pour l’après-régionales de « 
refondation », d’ « Epinay 2 ». Voir Libération du 19 janvier qui parle
de Nouveau Monde+NPS+une fraction des radicaux de gauche+les
renfondateurs PCF+tendance Picquet à la LCR.

5.
Immigration

Publication par l’INED le 20 janvier d’une étude « Cinq idées reçues sur
l’immigration », démolissant cinq « préjugés » : 1) La France serait un
pays d’immigration massive ? Plus vrai depuis 25 ans ; 2) Le taux de
fécondité serait dû aux immgrés ? Faux, normalisation du nombre d’enfants
par famille ; 3)L’immigration irrégulière serait innombrable ?Faux ; 4) La
statistique ne sait pas compter les immigrés ? Faux, les flottements sont
mineurs ; 5) La France ne peut accueillir toute la misère du monde ? Ce
sont les moins pauvres qui partent.

6) Réformes et réformisme

Relance d’un débat récurrent. Il faut dire que le concept est devenu un
mot clé du discours patronal (Seillère en abuse) et de droite. Depuis
quelques années déjà, mais avec une nette amplification ces derniers
mois. Comme si le mot « réforme » était passé à droite, comme si cette
expression traditionnellement progressiste permettait à présent de
recouvrir des projets regressifs en termes de droits sociaux et d’Etat
social

Sans doute aussi un des symptômes de la pensée unique social-libérale
(voir les confusions du printemps 2002 en matière de « réformes » des
retraites émanant du Ps ou de l’Ump) ; et du poids dominant d’un « 
économisme » ambiant qui ramène tout débat à des choix limités.

Article utile de Robert Castel in Le Monde (20/1), « La guerre des
reformismes » qui fait remonter l’inversion de tendance aux années 70.

Voir l’article de l’intello patronal Alain Etchegoyen, Les Echos, 20/1.

7) Désintérêt persistant pour l’Europe

Au fil des semaines tombent des sondages très sévères pour l’Europe ; la
dernière enquête Louis Harris-Aol-Libération (19/1) montre une profonde
division de l’opinion et une crainte réelle à l’égard de
l’élargissement ; le doute est tel que près d’un tiers des personnes
interrogées se prononcent en faveur de « l’arrêt de la construction
européenne ».

Les sujets d’avenir pour l’Europe ? La défense (!) pour 79%, la politique
économique pour 67%.

Près des deux tiers des Français approuveraient le principe d’une
constitution à la Giscard MAIS près des deux tiers aussi (65%) affichent
leur désintérêt pour les élections européennes…

Sur un sujet proche, on notera ici l’inquiétude affichée (à son AG de
Lille) par le MEDEF à l’égard de la « gouvernance européenne », de
l’inefficacité « économique » de la machinerie de Bruxelles…

8) Le MEDEF se réorganise

AG du MEDEF à Lille. L’an dernier la direction de l’organisation avait
dû faire face à une mini fronde de la « base », se sentant mal
représentée par sa direction (opinion de six patrons sur dix, alors,
selon la Sofres). Des mesures de réforme interne de l’organisation ont
été prises depuis un an ; fonctionnement d’un « réseau militant » (terme
officiel) et de 165 Medef territoriaux ; chaque mois on va prendre-et
afficher- la température des adhérents (conjoncture, actualité) à partir
d’un panel de 1250 responsables d’entreprise. Testés par le CECOP
(Centre d’études et de connaissances sur l’opinion publique).

Pour gagner en légitimité, dit-on. On attend en contrepartie à ce que
toutes les organisations adhérentes « affichent plus clairement » leur
appartenance du MEDEF.

La première de ces études est publiée dans le Figaro du 20/1 : des
patrons optimistes à 66% ( en 2003, ils étaient pessimistes à 56%). Mais
un optimisme qui ne se traduit pas par l’intention d’investir et encore
moins d’embaucher (que 27%).

9)Médias

Les médias s’adaptent aux règles du CSA pour la campagne.
De la grogne dans l’air : « Les recommandations du CSA ne sont pas très
claires » (Le Monde, 20/1).
Directeur de l’info de TF1 Robert Namias annonce le lancement de la
campagne électorale sur sa chaîne avec un débat « inédit » le 5 février
réunissant des « leaders de tout bord, de Besancenot à Le Pen, à 20h15,
avec PPDA ».

10) Partis

UMP : mise en place de son « Forum » destiné à remplacer les courants (
non reconnus) ; dirigé par Madelin, il comprend des représentants de
diverses sensibilités ; organise des débats ; le premier porte sur
l’entrée de la Turquie.
Première réunion fin janvier de sa « Fondation pour l’innovation
politique » sur le thème : « Comment les idées deviennent politiques ? ».
Parmi les invités, Kouchner !

Droite : obsédée –et divisée- par la question du voile ; le courrier des
lecteurs de sa presse ne parle que de ça.

PS : a réalisé pour ses militants un contre-argumentaire sur la
politique (sociale) du FN ; et une note sur l’UDF.

Une demi page du Monde (21/1) pour dire que le PS élabore un projet pour
l’école…pour juin 2005 !

FN : deux sondages en Ile de France où il oscille entre 12 et 18%.

LO : approuverait la loi sur le voile, selon Le Parisien du 18/1 p.4

Parti des travailleurs : interview confus, quasi farfelu, des deux
leaders, Gluckstein et Lambert, in Le Monde du 18/1 ; sur leur rôle à FO,
et leur « boycot » des régionales.

Etat de l’opinion
Sondage CSA-France Info sur les régionales (20/1) :43% d’abstention (+
blancs/Nuls). Droite 39% (UMP 31, UDF 8) ; gauche 38 (PS, 26, Verts,7 ;
PC, 5). FN, 16 ; Ext gauche, 4.

Mouvement des idées
Note n°63 (29/1/04)

1.
Retour de l’Etat ?

Après le 11 septembre, l’idée qu’on assisterait à un « retour de l’Etat
 » dans la régulation sociale a monté. Certains (Ulrich Beck) ont même
parlé de ce fait de « la fin du libéralisme ».
Ce retour est certes vrai des questions sécuritaires. Mais, estime Laidi
Zaki, dans Libération du 28/1 dans un article à lire sur la
mondialisation, « croire que la réhabilitation de l’Etat sécuritaire
peut entraîner vertueusement un réinvestissement social de l’Etat est un
vœu pieux. L’exemple américain démontre le contraire ».
Il ajoute : « On peut même penser ou craindre que la contagion
sécuritaire conduise les Etats à relire et repenser le monde à cette
seule aune quitte à délaisser les impératifs de la régulation sociale
mondiale ».

Exemple flagrant de désengagement : Metaleurop. Voir lundi2 sur Arte
(22h25) le documentaire « L’Elephant, la Fourmi et l’Etat » de JM
Meurice et C Dauriac sur cette lutte.

2.
Débat sur l’école

On martèle le chiffre, hasardeux, d’un million de participants.
Dans les commentaires – et les indiscrétions- on retiendra que pour
l’heure le seul mot-clé qui revienne est celui « d’autorité » ( on
reparle aussi de remise en cause de la mixité). Impasse sur la question
des moyens ( qui rebondit fort par contre du côté de l’Université) ou
des inégalités.
Le pouvoir surfe sur une certaine « attente » dans l’opinion : dans la
grande enquête Sofres/Fig Mag, on sent bien cette « envie » sécuritaire
à l’école. Même sur des questions comme l’uniforme (!), on trouve 36% de
oui.
La polémique sur un flic à l’école de Villeneuve-Garenne a tout l’air de
préparer une nouvelle campagne sarkozienne sur le sujet.
Voir sur la question ( nombreux reportages) l’ extrême sévérité du
modèle britannique en matière de punition des enfants ( théorie de la
tolérance zéro).

Concordance des campagnes sur la faiblesse de l’université française et
les réformes libérales engagées en Allemagne et en Grande Bretagne vers
des « universités d’élite », payantes, etc…

3.
L’édition et la pensée critique

« A l’heure où le débat d’idées redevient central, nous souhaitons
renouer avec notre passé en publiant les ouvraes les plus représentatifs
de la reflexion critique actuelle » : ainsi parle Jean-Claude Dubost,
pdg de l’édition « 10/18 » ; il dit encore (revue des libraires « Page »)
qu’après le refus du marxisme des années 80 et le triomphe de la pensée
du tout-marché, « depuis quelques années, les choses changent et on
assiste au retour d’une parole critique qui n’est pas dogmatique ».
10/18 lance donc une nouvelle collection, « Fait et cause » ; parmi les
premiers ouvrages, Michael Moore, Noam Chomski, C. Aguiton, Toni Negri ;
des livres sur les enfants et les images, le milieu littéraire, Saint Just.

On notera que le CEVIPOF vient de relancer un pôle « Pensée politique et
histoire des idées », avec un argumentaire proche à savoir : le CEVIPOF
à sa création dans les années 60 s’est beaucoup soucié d’idées,
d’idéologie, puis ce courant s’est éparpillé ; on y revient…

4.
« Musulmans » de France

L’enquête CSA-Le Parisien du 26 janvier sur les musulmans et le voile
montre que la campagne depuis l’automne a fini par radicaliser les
positions.
En novembre encore ( enquête Ifop-Elle), 49% voulait une loi, 43%
étaient contre ; aujourd’hui le refus de loi serait majoritaire : 53%.
64% de sondés sont pour le voile si leur femme « souhaitait le porter » ;
59% s’il s’agissait de leur fille.
La République est cependant plébiscitée.

Les plus jeunes (18/24) sont plus « durs » encore : 56% pour les manifs,
65% contre une loi, 73% pour que leur propre fille le porte ! Et 30% de
cette catégorie d’âge contre la séparation Eglise/Etat.

5.
Ile de France/Tableau critique

Interessant ouvrage de Pierre Merlin, universitaire, président de
l’Institut d’urbanisme de la Sorbonne, à la Documentation française, « 
L’Ile de France, hier, aujourd’hui, demain ». Evoque la croissance
spectaculaire de Paris mais le durcissement des conditions de vie
quotidienne des Franciliens (logement, coût de la vie, longueur des
déplacements, espaces verts…). Si la tendance continue, dit-il, cette
dégradation de l’IDF va handicaper lourdement Paris.

De nombreux papiers cette semaine sur le logement (déplorable) en IdF.

6)Antipublicitaires

Le mouvement « antipublicitaire » qui barbouille de slogans les affiches
dans le métro prend une certaine ampleur.
Déjà, le 17 octobre dernier, 200 personnes armés de pots de peinture,
avaient piraté les pubs ; depuis le mouvement est moins spectaculaire
mais constant, permanent. On parle d’un millier de personnes ; le métro
en assigne 60 devant les tribunaux début mars. Grosses amendes
demandées. D’autre part, le mouvement essaime en régions ; on parle de
douze villes touchées. La tonalité, révoltée, des slogans est en règle
générale anticapitaliste,antisexiste, altermondialiste ; le chef de ce
mouvement se cacherait sous le pseudo de « Robert Jonhson ».

7)Les Français et l’emploi

Enquête BVA (Le Bleu de la Profession, 22/1) qui confirme le retour de
la question de l’emploi comme « la principale préoccupation » des
Français ; qui montre aussi une opinion très sceptique sur la capacité du
politique à changer la donne en la matièr. 57% pense que la gauche
ferait la même chose ( et même 59% des électeurs de gauche !).

Une majorité accorde une priorité à la création d’emploi dans le privé
(57%) ; une majorité est hostile-inquiéte par les contrats de mission,
accusés de précarité (53%) ; mais ici le clivage gauche/droite est fort :
à droite, 59% sont pour, 31 contre ; à gauche, 63% contre, 37 pour.
Toujours dans le Bleu du 29/1 une étude sur les Français et la politique
économique et sociale de Raffarin ; où l’on voit qu’en dépit d’une petite
remontée de la cote du pouvoir dans l’opinion depuis quelques semaines (
le voile y est pour beaucoup), un niveau très élévé de critiquedes choix
économiques et sociaux.

8) Anniversaire de la marche des filles des cités

Bilan dans le suplément dimanche du Monde ; le mouvement « Ni putes ni
soumises » serait dans une phase « ascendante » à l’égar des politiques,
les mêmes font état de leur « déception », de l’absence d’autocritique,
de propositions qui ne sont que des « pansements », de tentatives de
récupération (du PS, cité) ET d’une « attente de décisions politiques
fortes ».
Tous soulignent aussi « l’attente phénomènale des banlieues ».

9)Altermondialisme essoufflé ?

Petite campagne sur l’essouflement de l’atermondialisme ; dans le papier
deL. Zaki de Libération du28/1 ; ou de Laurence Caramel, « Les
altermondialistes et le risque de l’inaction » in Le Monde, 30/1.
On mélange de vrais problèmes de « croissance » du mouvement et une
envie de discréditer les idées véhiculées/./

10) Partis

PS : rougit sa campagne électorale, en tout cas sa « Com », sous
l’impulsion de Hollande/Lang/Bartolone ; 60 000 affiches rouge (rouge
socialiste, dit Rebsamen), slogan de campagne : « Stop. Réagissons pour
une vie meilleure ».
Tonalité très « volontariste », certains papiers ont parlé de « 
démagogie », des discours à la réunion des secrétaires de section
dimanche dernier. Omniprésence de Fabius.
DSK inaugure son local (de campagne) dans le VIIe, siège aussi de ses
deux associations.
M. Aubry va publier en mars un livre sur l’emploi.

Verts :parti créé le 29/1/84, vingt ans juste ; une AG et un CNIR pour
marquer l’événement.

Début 02, au débat de la « Une » rassemblant les leaders des différents
partis, les Verts seraient représentés par D. Voynet ?

UMP : la gueguerre à droite vise peut-être à occuper l’espace mais
traduit tout de même une sérieuse difficulté des stratèges de l’UMP à
installer LE grand parti de droite assurant la bipolarité ; image du
parti godillot, monolithe ; on reparle aussi de l’opération « oui mais »
giscardienne contre l’omniprésence gaulliste.

Internet : sa place dans la campagne électorale (démocrate) aux USA in
Le Monde du 15/1.

Mouvement des idées
Note n°64 (5/2/04)

1) Pression libérale maintenue

Les tenants de l’idéologie libérale produisent abondament, des ouvrages
vite utilisés par les réseaux de droite pour entretenir leur « débat »
d’idées. Ainsi sortent deux livres « La Guerre des deux France » de
Jacques Marseille sur les suites de l’affaire des retaraites ( cet
universitaire fut présenté alors comme l’idéologue préféré de Rafarrin)
 : il y a « la France qui avance » = le privé et « la France qui freine »
= le public.

Même thème dans « Service public, sortir de l’imposture » de Michel
Brulé et Michel Drancourt.
Livres largement présentés dans la presse de droite.

2) Le capitalisme en accusation

Dans le même temps, d’autres publications tendent à contredire la
version libérale ambiante. Genre : « Le capitalisme est-il moral ? » de
A. Comte-Sponville, ouvrage généralement bien présenté en librairie et
dont le titre appelle assez naturellement une réponse…négative. L’auteur
lui même écrit d’ailleurs que « le capitalisme est radicalement,
définitivement amoral ».
A ce propos, Ph Tesson in Le Figaro écrit : « Depuis la fin de l’Union
soviétique, la « moralité » du système économique qui gouverne les
sociétés démocratiques libérales est en cause… ».
On observera aussi, à l’occasion des nombreuses OPA actuelles, beaucoup
d’interrogations sur la pertinence (industrielle) et l’éfficacité de
cette course au gigantisme.
On remarquera au passage que le discours euphorique de début d’année sur
la reprise, la relance, la sortie de crise et compagnie a été mise sourdine.

3) Le bas moral des cadres

Les patrons s’ inquiètent du moral des cadres. « Les cadres broient du
noir » titre Le Figaro-Economie qui a décidé de tester chaque mois avec
un baromètreLouis Harris/France Inter.
Les résultats sont nets : ils s’attendent à plus de chômeurs, peu de
perspectives de carrière, à moins d’argent ; ils sont contre le contrat
de mission. « Il y a le feu » titre l’éditorialiste.

4) L’image des syndicats

Longue enquête du JDD (1/2) sur l’image des syndicats, à partir d’un
sondage IFOP ; Une baisse assez sensible de leur cote de confiance, qui
passe de 56% à 49 en un an (-7) alors que la défiance passe de 42 à 50
(+8). L’étude à sa manière montre comment la déception face au mouvement
social du printemps 2003 pèse sur leur autorité et sur la mobilisation.
Mais dans ce cadre tous les syndicats, individuellement, gagnent ?! Tous
les contestataires : la CGT gagne 6 points ( de 47 à 53 % de bonnes
opinions en un an) ; son meilleur score chez les 18/24 ans (75% de
positif). Idem pour Sud, l’Unsa, FO.
Et tous les pro-réforme de la retraite gagnent aussi : la CFDT gagne 5
points ( de 51 à 56), la CGC, la CFTC.
Un positionnement plus ouvertement droitier de la CFDT dans l’opinion :
Chéréque plus coté à droite (30%) qu’à gauche (22) ; 54% des sondés se
disant à droite ont une vbonne opinion de la CFDT.
Bonne image de Thibault ( 40 positif, 28 négatif mais 31 ne « le
connaissent pas ».
Mauvaise image de Chérèque : 26 positif, 21 négatif et 52 « ne le
connaissent pas ».
Ce qu’on attend d’abord des syndicats : la défense des acquis sociaux
(59%, -3), des services aux salariés (56, +1) mais aussi « de nouvelles
réformes sociales »= 54%, +4.
Seuls 27% souhaitent qu’ils « remettent en cause le système économique
actuel ».

5) Les régionales

Seconde vague de l’enquête Sofres/ Le Monde ( à paraître tous les quinze
jours ?). Un intérêt toujours limité (44% interessés, -1) ; cela vaut pour
l’électorat communiste (43% d’interêt). Le scrutin est l’occasion de
critiquer le pouvoir pour 66% (+1) ; légère poussée des extrêmes,
tassement PS et UMP.
Le détail de l’enquête montre la répartition des votes par électorat.
Voici les chiffres pour l’électorat PC et entre ( ) les résultats du
sondage précédent, il y a deux semaines : 29% extrême gauche (15) ; 43%
PC/PS (45) ; 19 % PC seul (29).
Fragilité du vote LCR/LO, le moins assuré de tous les votes, 40% des
sondés concernés pouvant changer d’avis.
Deux sondages (AOL/Libération et CSA/France Info) confirment l’intérêt
limitée pour les régionales. Ils chiffrent à 65% le désintérêt pour le
scrutin ou le fait de considérer qu’une alternance dans la région serait
sans importance.
Article du Figaro du 5 sur les télés et les régionales.

6) Le retour de la fraternité

La droite redécouvre cette valeur républicaine. Raffarin en fait une
cause nationale pour 2004. Copé dans ses topos ne manque jamais d’y
faire allusion. En précisant que c’est « une nouvelle forme de
fraternité » qu’ils proposent, genre l’aide aux handicapés « financée
non par l’impôt mais par le travail ».
Sujet proche : l’abbé Pierre et son nouvel appel. Deux thèmes dans les
commentaires : une nouvelle radicalité du discours qui n’a guère plu à
droite ; pour d’autres, cet acte apporterait une nouvelle preuve de
l’inutilité du politique puisque cinquante ans après…

7) Les Français et les médias

Enquête régulière de la Sofres sur la confiance des Français à l’égard
des médias. Rôle écrasant de la télé et dans ce cadre de TF1 (deux fois
plus cité que F2) ; progression régulière d’Arte. Doute majoritaire sur
le traitement par la télé. Doute fort sur la presse. Une certaine
bienveillance à l’égard de la radio où existe une manière de pluralisme : France Inter, France Info et RTL à égalité.
L’électorat communiste est le moins emballé de tous sur le traitement
des infos.
Quand on entre dans le détail des infos, une critique radicale du
traitement de l’information sociale : 58% trouve qu’on a pas assez parlé
des retraites, 12 % seuls sont satisfaits.
Dossier sur le mouvement « antipub » dans Le Monde du 1^er février.

8) Communisme

Long documentaire ( 2x 1h30) , « Il était une fois le PCF », d’un
trentenaire, primé du FIPA d’argent à Biarritz. Evocation humaine et
chaleureuse du communisme à la française à travers deux familles
communistes ( d’Avion et d’Ales) et des entretiens ( Ralite, Malberg).

9) Etat de l’opinion

Le dernier baromètre Figaro Mag/Sofres semble montrer que « l’embellie »
qu’a connu l’executif au moment des fêtes est terminée ; rechute de
Chirac/Raffarin, et dépression assez générale des « politiques ».
Autre signal : on s’attend à une reprise des conflits (+8), à plus
d’affrontements (+6).
Trois enseignants sur quatre pour « l’interdiction des signes » (CSA/ Le
Monde) mais le détail du sondage montre que cette question ne vient que
très loin dans leur préoccupations, quasiment au dernier rang après
leurs revendications ( échec, service public, effectifs, retraites,
décentralisation…)..
62% des Français approuvent le choix de Juppé ( Ifop/Figaro).

A noter cependant que le courrier des lecteurs de la presse de droite
n’est pas très enthousiasmé par le bruit fait (à droite) autour de cette
affaire.

10) Partis

UMP : assez bonne analyse de la fragilité de la structure UMP par Hugues
Portelli, Figaro 3/2, p 13

Quelques échos du colloque de la Fondation UMP, présence signalée d’un
représentant de la « fondation communiste ».

PPE : congrès à Bruxelles (5 et 6 février) du parti de la droite
européenne ( de Berlusconi à l’UMP) ; s’estime déjà vainqueur des
prochaines européennes (37% des sièges attendus au Parlement) ; plusieurs
papiers sur le thème : la droite dirigera l’Europe demain.

Verts : ont décidé d’attendre le soir du premier tour des régionales
pour publier le texte de l’accord cadre national avec le PS.

Mouvement des idées
Note n°65 (12/2/04)

1.
Plus que jamais, la lutte d’idées, dit Sarkozy

Intervenant le 5 février dernier devant un parterre de patrons qu’il a « 
électrisés » ( selon Le Figaro Entreprises, 9/2, p.4), Sarkozy s’est
livré à un long développement « sur la façon de faire passer les
réformes auprès de l’opinion ». Il a expliqué, dit le journal qu’il faut
« avant toute chose vendre ses idées : les choses ont changé. La
communication est à l’action ce que l’aviation est à l’infanterie. IL
FAUT GAGNER D’ABORD LA BATAILLE DE LA COMMUNICATION ET AGIR ENSUITE.
C’est le grand changement de ces dernières années ».

2.
Eclatement du salariat

Dossier du magazine mensuel « Le Monde/Initiatives » (n°27) sur « les
tribus à l’entreprise ». Les « micro-communautés ». Pointe une
recomposition à l’œuvre à l’entreprise. « Demain ce sera le modèle
majoritaire du salariat ». Exit les réseaux, voici le temps des « tribus
 », des formes de solidarité inter-salariés sur des bases ethniques,
ethiques, de mœurs, sexistes … « Demain les clans » ?

3.
La France de l’encadrement en crise et mobilisée

On relevait la semaine dernière l’étude du Figaro entreprises notant la
perte de moral des cadres et l’inquiétude des patrons. Lors de la
conférence de presse de l’Ugict-Cgt préparatoire à son congrès ( 15/18
mars, Clermon Ferrand), il a beaucoup été question de « changement
d’état d’esprit » à l’œuvre parmi les ingénieurs, cadres, techniciens,
agents de maîtrise. De mobilisations aussi.

Exemples récents : les urgentistes, les profs de médecine, les
chercheurs, les cadres de France Télécom. Mais aussi les journalistes.
Et les avocats. Egalement l’encadrement des structures culturelles (
voir les résultats CGT au ministère de la Culture ; pour partie les
intermittents…). Sans parler de l’inquiétude des éditeurs et libraires
devant les concentrations en cours.

4.
La France de l’abstention

Cette mobilisation d’une « France bac +… » souligne en même temps une
certaine atonie ailleurs. Faut-il y voir comme une allégorie de la crise
de la politique, du retrait de la politique des milieux populaires ? On
parle volontiers ces jours ci d’une poussée possible du vote frontiste ;
mais aucun papier ou si peu sur le risque d’abstention (majoritairement
sensible dans les milieux populaires), alors que l’actualité nourrit
cette piste.
On retrouve ici une autre idée : l’abstention est acceptée, tolérée
voire encouragée. Un scrutin censitaire qui ne dit pas son nom, à
l’américaine.
Dans un débat Ipsos/Europe1, alors que les sondeurs notent une plus
faible envie de participation à gauche qu’à droite, Eric Dupin nuance
l’impact : « Avec un électorat moins populaire depuis quelques années,
l’impact du differentiel de participation pour la gauche est peut être
moins important ».
Autrement dit, on ne se bat plus que pour un électorat « moyen ».

5.
Solidarité, générosité, bénévolat

Etude de l’Insee ( de Michèle Febvre et Lara Muller) parue la semaine
dernière sur ces trois thèmes. Il ressort que 65% des Français font des
dons matériels, 35% des dons financiers ; les donnateurs sont aussi
volontiers des bénévoles autrement dit font aussi don de soi. Bref on
est généreux de son temps ET de son argent ou on ne l’est pas.
Un quart de la population donne de son temps dans des associations
(loisirs, convivialité, humanitaire, défense des droits…) ou des
organismes locaux. Douze milllions de bénévoles : le plus souvent des
hommes (55%) ; le plus souvent des actifs parmi lesquels beaucoup
d’enseignants. 40% ont un diplôme égat ou supérieur au bac.
A tous âges mais les retraités les plus réguliers ; deux tiers donnent
deux heures par mois, les autresune demi journée par semaine.
Désir de se sentir utile : 81% des bénévoles.
S’épanouir, défendre une cause.
L’étude montre aussi une différence de générosité selon les générations ;
les soixante-huitards seraient moins généreux que leurs aînés (2000f /an
au lieu de 4000) ; génération plus difficile à culpabiliser, solidaires
non par devoir mais quand ils décident, une générosité plus citoyenne,
moins charitable, moins dupe des messages, plus méfiante.

6.
L’Europe et la droite

Les débats autour du congrès du PPE, le regroupement européen des partis
de droite, montrent de sérieuses divergences d’orientation entre une
orientation disons néo-eurosceptique ( conservateurs britanniques,
berlusconiens, aznariens, une partie des allemands) sur un programme
minimum : libéralisme, atlantisme, Etats-nations et la tradition
démocrate-chretienne/centriste ( fédéraliste, économie sociale de
marché). L’arrivée des ex pays de l’Est devraient renforcer sensiblement
les premiers. Le Figaro parle d’un « virage idéologique très perceptible
lors du congrès du PPE ».
Quid de l’UMP, de l’UDF dans ce cadre ?

7.
La droite et les idées

Long papier de Nicolas Weill in Le Monde, 13/2, sur la première réunion
de la fondation de l’UMP (31/1) chargée d’attirer à droite une partie de
l’intelligentsia. Sous la houlette de Jérôme Monod. Thèmes de discussion
 : le droit d’ingérence (Kouchner devait plancher, il s’est décommandé) ;
la République « autre de ces idées poreuses entre droite et gauche » ; le
libéralisme ( mais « la doctrine n’est pas à la mode ») ; la dissidence
de l’Est : la droite entend récupérer la mémoire de cette dissidence :
le polonais Geremek était l’un des invités vedettes du colloque.
A noter un effort d’activation idéologique similaire dans les autres
partis de la droite européenne (Espagne).
A noter aussi le regret d’une persistance de « culture marxiste, jamais
officiellement abjurée au PS. Une situation qui pourrait à l’avenir
favoriser des rapprochements futurs d’intellectuels avec le centre droit ».

8) Crise de la social-démocratie

Nombreux commentaires sur la crise du SPD allemand. Il faut dire que
l’ampleur du remodelage du modèle social ( qui remonte à Bismarck) est
comparable à la mise en cause du « modèle 1945 » en France. Nombreux
échos de résistances syndicales, de salariés. Tout se passe comme si la
social-démocratie, en l’occurrence, atteignait ses limites.

9) Etat de l’opinion

Consulter le site IPSOS et le PV de son dernier « forum » avec
Strauss-Kahn sur les régionales, les européennes ( forte poussée de
l’euroscepticisme) et le PS.
A noter l’insistance à distinguer le vote de proposition (=PS) et le
vote d’opposition ( = extrême gauche). Pour Eric Dupin, approuvé par
DSK, c’est « ou bien, ou bien ».
Sondage « Le Petit bleu » sur la (non) crédibilité du PS.

10) Partis

PS : une pétition de « la base » sur le Proche Orient, critique pour
Sharon, trouble la direction. Voir Le Figaro 10/2 p.6

Critiques internes sur le comportement de J. Lang, porte-parole de
campagne pour les régionales ( complaisance avec Bayrou).

LO-LCR : public étudiant important (chercheurs ? Intermittents ?) à leur
meeting de la Mutu

UMP : édito de Michel Schifres du Figaro sur « la sottise de la droite
 », qui a « rarement bénéficié dans son histoire d’autant d’atouts » et
qui les gaspille : mollesse des réformes et zizanie interne.

Verts : trouble des Verts parisiens sur leur place dans la campagne des
régionales.

Ont déjà présenté ses têtes de listes pour les européennes ( Lipietz en
IdF) et entendent commencer cette campagne. Création d’un Parti vert
européen le 20 février à Rome. Sollicitent l’aide de Cohn-Bendit.

FN : Marine Le Pen planche devant le MEDEF-Ile de France le 13 février ;
accompagnée de Jean-Richard Sulzer, prof d’économie à Paris-Dauphine et
JM Dubois (FNEML, fédération nationale entreprise moderne et liberté,
orga lepeniste).

Mouvement des idées
Note n°66 (20/2/04)

1.
Etat, OPA et impuissance politique

De nombreux papiers sur le rôle ( et le silence) de l’Etat dans les
restructurations en cours. Papier très sévère de Libération, « Une OPA à
desespérer de la politique » (13/2) : la classe politique serait hors
jeu, se contenterait de son strapontin : « Ne pas se prononcer sur une
fusion d’entreprises qui touchent à la fois à des questions de sécurité
intérieure, de diplomatie et de rayonnement intellectuel d’un pays sous
le seul pretexte qu’il s’agit là de deux entreprises privées est tout
simplement à désespérer de la politique ».
Ton différent du Figaro qui parle de « faux laisser faire de l’Etat »,
lequel surveillerait de près et agirait en fait pour faire prévaloir sa
philosophie ultra-libérale.

2.
Exaspération sociale et recomposition syndicale

Sous couvert de rendre compte de la radicalisation de certaines luttes,
on assiste aussi à une tentative de refaire, au plan syndical,
l’opération en cours au plan politique avec une démarcation entre forces
(syndicales) de proposition et forces de contestation ; hésitations sur
la place donnée dans cette nouvelle configuration. Voir par exemple le
dossier de L’Express « Les insoumis de l’entreprise » sur (16/2) sur « 
la naissance d’un pôle contestataire ».

3.
Anti-intellectualisme d’Etat

Succès de la formule lancée par « Les Inrockuptibles » et de la pétition
contre le gouvernement accusé de mener une « guerre à l’intelligence ».
8000 premiers signataires publiés, 20 000 attendus ; on parle de 700
signatures à l’heure !
L’organe rocardien ( cette revue a toujours privilégié les prises de
position de Rocard ; ici encore, le nom de l’ancien premier ministre est
mis en avant) a su fédérer les divers mouvements de protestation en
cours ; l’initiative tombe à point, focalise bien l’exaspération de
l’intelligentsia au sens large palpable depuis des mois ( voir la
semaine dernière la notule sur « la France de l’encadrement »).
Occasion aussi de mesurer les difficultés de la droite à s’entendre avec
l’intelligentsia, alors qu’il y a un an encore il était volontiers
question d’un (petit) mouvement de balancier de la gauche vers la droite.
A noter aussi la relativement forte mobilisation autour de l’écrivain
Cesare Battisti.

4.
Régionales/Sofres

Tous les quinze jours depuis la mi-janvier la Sofres (et le Monde)
réalise une enquête sur les régionales. La troisième série sort
aujourd’hui. On remarque : un intérêt plutôt en (légère) baisse de
l’opinion pour ces élections ( 30% seulement des sondés sont capables de
donner le nom de leur président de région) ; des électeurs de plus en
plus motivés par des considérations nationales pour ce scrutin ; un léger
progrès de l’extrême gauche, des listes autonomes PC et vertes, un leger
recul des listes gauche unie, un tassement de la droite, une force
maintenue du FN.
Sur l’électorat communiste : c’est le plus intéressé de tous les
électorats au scrutin (55% contre 43 en moyenne) ; un électeur communiste
sur trois dit pouvoir encore changer d’avis.
L’enquête permet aussi de voir ( avec réserves !) la répartition de
l’électorat communiste entre les listes extrême gauche, gauche unie, PC
autonome ; voici sur les trois enquêtes l’évolution :

* pour l’extrême gauche : 15, 29, 16

*pour gauche unie : 45, 43, 52

*pour PC autonome : 29, 19, 19

5) Les émissions jeunes ( à la radio)

Dossier dans « Le Monde/Télévision » (7/2) sur les radios jeunes ;
livre-enquête de l’ancien patron de l’info à Radio France, Michel Meyer,
Paroles d’auditeurs, Ed Syrtes.
Il évoque notamment les émissions de libre antenne. Le livre dénonce les
« imposteurs », les « gourous », les « prédicateurs » et surtout « les
responsables de ces stations, pour la plupart issus de la bourgeoisie,
et plustôt pudibonds, qui se livrent à un véritable marketing de la
provocation, à une exploitation des adolescents en souffrance ».

6) Les Français et les jeux

Cette question a été souvent abordée ces jours ci à l’occasion du
lancement d’un nouveau jeu « EuroMillions », avec une publicité ambiguë
et agressive sur les « riches » dans le métro, une incitation à entrer
dans ce « club ».
La recette globale des jeux (PMU, casinos, FDJ) se monte à 30 milliards
d’euros en 2003 avec 30 millions de joueurs. Chaque jour sont dépensés
88 millions d’euros en jeux.
Chaque semaine 10% des mises vont à la cagnotte.

7) Modèle européen de régression sociale

Il est beaucoup question du « modèle » anglais dont Paris et Berlin, en
difficulté sur les « réformes » sociales, aimeraient s’inspirer.
Ainsi on peut-lire dans Le Monde (14/2) que pour Chirac et Schröder, qui
« tentent de réformer les systèmes de protection sociale » l’aide de
Londres « est jugé bienvenu. Tony Blair a pris la balle au bond et l’on
indique à Paris que les experts de Downing Street ont montré leur savoir
faire en prenant en main la négociation face à des Français et des
Allemands encore incertains quant à ce qu’ils doivent faire ensemble
pour ajuster leurs réformes ».
Raffarrin a beaucoup vanté ces jours ci le modèle espagnol du Parti
populaire d’Aznar qui devrait servir d’exemple à l’UMP ( Juppé a
beaucoup donné sur le même thème).

8) Modèle américain

Excellent ouvrage de la journaliste américaine Barbara Ehrenreich « 
L’Amérique pauvre » (Grasset).Sur l’Amérique impériale, la condition
ouvrière, l’absence de démocratie sociale ( « Nous sommes terriblement
arriérés dans ce domaine au regard de l’Europe »), la croissance de la
misère, l’abstention populaire, la pauvreté invisible ( elle parle de « 
la lente disparition des pauvres de la conscience et des médias
américains »).

9) Mondialisation

Nouvelle vague d’ouvrages sur la mondialisation, l’altermondialisme.
D’économistes en cour : La Mondialisation et ses ennemis de Daniel Cohen
(Grasset) ; La démocratie et le marché de JP Fitoussi (Grasset).
A noter de Zaki Laïdi, La grande perturbation (Flammarion) sur l’
 »incertitude radicale » créée par ce phénomène dans tous les pays.
Aussi : « Un autre monde est possible » de Susan George, vice-présidente
d’ATTAC ( Fayard). De la même, un long plaidoyer pour l’Europe dans Le
Nouvel Observateur, ce journal parlant même de « conversion » à l’Europe
(13/2). Un texte pas ininteressant où elle plaide pour la lutte d’idées,
se veut « granscien de gauche », « réformiste radicale et pragmatique »,
et avoue « son énorme admiration pour l’action du CNR, le Conseil
national de la Résistance ».

10) Partis

UMP : papier du sagace Alain Duhamel, expert en air du temps in
Libération, 18/2 , sur « l’échec de l’UMP ».

Pierre Méhaignerie, président de la commission Finances à l’Assemblée,
organise un courant « centriste » à l’UMP.

Colère de ses candidats issus de l’immigration. On avait beaucoup
exagéré, l’an passé, le mouvement de « ralliement » des beurs à l’UMP.

PS : Pour Delors, Bayrou « diversifie la vie politique française et
c’est salutaire »

FN : dossier Le Monde du 16/2 ; sa tactique, son programme ; débat
d’experts : ce parti vire-t-il vers le populisme ( Pascal Perrineau, Les
Croisés de la société fermée, Ed L’aube) ou demeure-t-il un parti
d’extrême droite pur, dur et camouflé ( Réné Monzat, Les voleurs
d’avenir, Textuel ou Monzat et Tristan, Petit manuel de combat contre le
FN, Ras l’Front/Flammarion).

Mouvement des idées
Note n°67 (27/2/04)

1.
Deux militantismes parallèles

Contraste entre une campagne électorale qui mobilise modérément
l’opinion et un certain activisme militant qui saisit une partie de la
population : chercheurs en blouses blanches qui font signer leur appel
dans les wagons du métro, internet saturé d’appels croisés des
Inrockuptibles, des intermittents, des mouvements de solidarité pour
Battisti …
Tout se passe un peu comme si ces deux expressions - contestation et
élection- fonctionnaient chacun dans sa sphère propre.
Contraste aussi entre une radicalisation du discours ambiant et le ton
de la campagne électorale.
De nombreux signes de radicalisation des esprits ; des textes critiques
de plus en plus véhéments dans la presse : exemple, l’article du
philosophe et écrivain Alain Badiou dans Le Monde du 21/2 : « Derrière
la loi foulardière, la peur » ; des mises en cause plus directes des
responsabilités patronales.

Et un discours lancinant sur la montée des extrêmes, assez largement
mise en scène ( le traitement caricatural des positions communistes par
le Monde notamment) ; et une certaine adaptation du discours socialiste :
Huchon parle de « colère et d’exaspération », Hollande visite Battisti.

2) Intelligence/Suites

D’intéressants débats entourent la pétition des Inrockuptibles.
Cette revue à présent sollicite les signataires pour publier leurs
expériences de vie et de luttes et prévoir des suites…
Si ce texte est très anti-droite, il n’épargne pas la gauche. Ce que J.
Lang a appris à ses dépens : voulant s’approprier la paternité de
l’initiative, il s’est attiré des critiques cinglantes des (vrais)
initiateurs de la pétition. Signe des temps aussi d’une critique sociale
qui s’illusionnerait moins sur la social démocratie.

La droite digère mal ce coup. Elle y répond plutôt de manière polémique.
Sa presse accuse les signataires d’être des « diplodocus », des
assistés, des néo-fonctionnaires. Beaucoup d’énervement de ce côté.
Cette réponse – apparemment maladroite (?)- est d’une tonalité
populiste, sur le thème : il y a plus malheureux qu’eux… A gauche aussi
( voir Libération) certains opposent monde du travail et monde de
l’intelligence ; attente d’initiative fédératrice.

Sur un sujet proche, l’interview de Gisèle Halimi (à propos de la sortie
de son dernier livre) sur les intellectuels « individualistes » et « 
renfermés » qui « n’osent plus s’engager » : mais cela sonne aujourd’hui
un peu faux ou à contre-temps. (Figaro, le 23/2).

3) Sociologie et classes sociales. Histoire et Lenine.

L’Humanité souligne à juste titre l’importance du congrès de sociologie.
On retiendra l’opinion de Michel Simon qui évoque un possible « 
renversement de tendances », une « rapide évolution » des esprits, un « 
retour de la problématique des classes sociales ». A trouver son
intervention avec Michelat sur « les ouvriers et la politique, 1962-2002 ».
Du côté des historiens, à noter sinon le retour de Lenine du moins d’un
débat polémique sur cette personnalité à l’occasion de la sortie du
livre de Jean-Jacques Marie, « Lenine » (Balland) et la réplique de
Gallo : « Au secours Lénine revient ! » (une demi page du Figaro, 26/2).

4) Immigrés et ouvriers. L’intégration et la question sociale

Excellente étude des universitaires Stéphane Beaud et Gérard Noiriel (
Le Monde, 20/2), intitulée « Les nouveaux parias de la République » qui
replace les questions d’intègration dans son cadre social. Avec un
rappel : « Le mouvement ouvrier, principalement le PC, a pris appui sur
les dispositions contestatrices (des immigrants) pour cultiver une
autonomie de classe qui a joué un rôle décisif, quoi qu’on en dise, dans
leur intégration au sein de la nation ».
Et cette conclusion : « Aujourd’hui comme hier, la seule façon de
résoudre la question de l’intégration, c’est de prendre à bras le corps
le problème de la mobilité sociale car l’immense majorité des enfants
d’immigrés sont aussi des enfants d’ouvriers ».

5) Télé-poubelle et télé-qualité

La semaine même où l’on annonçait une forte arrivée de nouvelles
séries de télé-réalités sur plusieurs chaînes, succès spectaculaire
du film de reconstitution historique sur la « 2 » (Pompéi). Au point
de faire la « Une » du Parisien et un dossier de deux pages. Avec ce
titre : « Tele de qualité. Les Français en redemandent ».

Poubelle, suite : significatif d’un air du temps et de la misère morale
ambiante, le succès de la pièce avec Bernard Tapie, « Un beau salaud »,
texte démagogique, sexiste, crapoteux.
Un texte emblèmatique « des misères d’une certaine France, d’une
certaine culture et d’une certaine télévision » dit Le Monde.

6) Démocratie, institutions

Plusieurs papiers sur la crise de la démocratie et des institutions.
Dont Paul Fabra « le triste règne du pouvoir personnel » ( Les Echos,
20/2) notamment sur l’impuissance du Parlement.
Sur le rôle du Conseil économique et social (CES) et son « utilisation »
par Raffarin, voir Le Monde, 24/2, pg 18
Toujours sur la crise de la démocratie (et de la politique), des papiers
sur l’inefficacité ( apparente ? Réelle ?) des décisions politiques. Voir
l’édito du Figaro, « La difficulté d’agir », sur l’impression d’inabouti
laissé par la loi sur le voile : » D’où le mépris du citoyen pour le
monde politique soupçonné de faiblesse ».

7) Repli sur soi ou s’ouvrir aux autres

A noter ces commentaires de Gabriel Gauthier, de l’agence Leb à propos
de sa campagne publicitaire pour relancer la formule du magazine NOVA (
c’est cette agence qui a assuré la pub de l’Humanité) : comme on assiste
à un repli sur soi de toutes les tribus, dit-il, le message pour cette
nouvelle formule est : « N’ayez pas peur de votre voisin, ouvrez vos
portes, allez voir ailleurs. Alors que le message de Sarkozy est à
l’inverse celui d’une France qui ferme ses verrous ».
La « une » de la nouvelle formule est d’ailleurs titrée : « Le cauchemar
de Sarkozy existe, il coûte 3 euros ».

8) Le modèle anglais

La presse – de droite singulièrement- continue de valoriser l’exemple de
Blair. La semaine dernière, il apparaissait dans le trio
France/Allemagne/ Grande Bretagne comme le meilleur « réformateur » social.
Cette semaine articles sur sa réforme des universités : entrée du privé
et élitisme. « La réforme est juste » dit Blair ; elle fait peser « tout
le fardeau » du financement sur les étudiants « et non les contribuables
dont la majorité n’a pas fait d’études supérieures ». (Le Figaro, 25/2).
Ce modèle interesse beaucoup ici car il est à la fois ultra libéral et
ultra sécuritaire.
Sur le bilan Blair : l’enquête sur les enfants pauvres en France
rappelait que ce chiffre est pulvérisé en GB ; long dossier de La Tribune
du 24/2 sur le bilan des privatisations britanniques jugé « pas
satisfaisant ».

9) Etat de l’opinion

Série de sondages (IFOP, SOFRES, AOL, HARRIS) qui signalent un
affaissement de l’executif, de chirac notamment ; bonne analyse de jl
parodi dans le jdd sur le retour des affaires ; de l’inquiétude sociale.

JM Lech, coprésident d’Ipsos estime que le scutin du printemps
s’inscrira dans la lancée d’avril 2002 ; il distingue trois familles :
l’abstention, l’indigestion (ou les extrêmes) et la gestion ( menacée de
consanguinité et de marginalisation).

10) Partis

UMP : ce parti semble sur la défensive ; nombreuses tribunes de ses
dirigeants justifiant sa création…

Nombreux ratés de sa campagne électorale présentés dans Le Parisien du
23/2 : peu de monde aux réunions ; ratage du congrès de Paris qui ne fut
qu’une fête à Juppé ; militants perturbés par les dissessions
internes ;absence de chef ; médiatisation minimale. Au point que pour le
PS, l’UMP « joue l’abstention ».

PS : campagne sur le vote utile

Multiplication d’articles dans la presse proche de ce parti, Libération
notamment, sur « le foisonnement unitaire » autour du PS.

Réhabiliterait l’ère Jospin, Le Monde, 23/2 ; voir à ce propos l’étude
Insee montrant que les plus riches et les plus pauvres ont profité de
cette période. Apparitions calculées (?) de l’ancien premier ministre.

Verts : Voynet-Mamère super-médiatisés, au détriment de la direction
légitime.

Pour qui roule Voynet ? Bon papier sur l’écolo-socialiste Dominique
Voynet in Le Figaro du 20/2

Création de leur parti « européen » ; rôle de Cohn-Bendit et sa stratégie
centriste.

Europe/Services publics : texte « surréaliste » de Philippe Herzog se
félicitant de son texte au Parlement européen sur les « services publics
 » et le soutien de la droite (Figaro, 23/2).

Partis européens : plusieurs papiers-bilan dont Libération du 23/2.

LO-LCR : une de ses dernières affiches dit : « Sanctionner la droite
sans amnistier la gauche ».

Mouvement des idées
Note n°68 (4/3/04)

1) Des valeurs en hausse

Très stimulante enquête, annuelle, de l’Institut d’analyse géoéconomique
( plus de 600 entretiens qualitatifs) qui montre comment la crise
charrie des idées contradictoires, une forte tendance à la passivité, un
attachement croissant au service public et au modèle français par exemple.

Elle confirme que les Français ne se reconnaissent plus guère dans leurs
institutions, que les « décideurs » se méfient de la base et que la base
doute des « politiciens ». Comme une guerre base/sommets.

Idées qui sont dans l’air : le mot « politique » = politicien ; la base
est perçue comme un obstacle à toute avancée ; le décideur est
impuissant ; la parole d’autorité échappe aux politiques, aux patrons,
elle n’émane plus que des élites « marginales » (artistes) ou de la
résistance sociale.

A noter : une attente (de plus en plus) forte à l’égard du service
public, ce qui doit être préservé du « modèle français ».
Tendance aussi à faire le dos rond « en attendant que ça se passe »,
fatalisme, inaction. Le terme même de « changement » est devenu négatif,
perçu comme une menace.
Refus du modèle anglo-saxon, des marchés financiers, de la
mondialisation. Voir l’Express du 26/2 qui parle d’un constat « 
pré-révolutionnaire »

2) Contestation ET abstention à la hausse !

Apparente contradiction entre un mécontentement à la hausse, une
contestation de plus en plus vive et large ( K.O. social…), un air du
temps qui a un petit côté années 70 ( thème d’éditos du Figaro ou de
Libé) et l’incapacité (apparente) du PS – et de l’extrême gauche- à
profiter et reprendre cette vague de colère.
Disponibilité de larges secteurs de l’opinion.
Voir le sondage BVA/Acteurs publics-Métro-Chaîne parlementaire (27/02) :
53% des Français avouent s’être abstenus au moins une fois et 76 % se
déclarent intéressés par la politique ! Une nouvelle confirmation que
l’abstention est un choix « et même un signe ostentatoire de désaccord
politique ». » Rares sont les hommes politiques qui ont pris la mesure
de cette situation », parle « d’émergence d’une nouvelle citoyenneté,
des citoyens attentifs, plus acteurs qu’engagés politiquement, un
civisme considérable en fait, aux formes les plus multiples qui,
aujourd’hui, ne se mesure plus au seul nombre de bulletins de vote dans
l’urne ».
Voir l’étude de Michel Simon et d’autres chercheurs au congrès de
sociologie sur le thème : le premier parti en milieu ouvrier est celui
de l’abstention.

3) Le moral des cadres plonge

Nouvelle dégradation en un mois du moral des cadres, qui ont de plus en
plus peur du chomage (58%, +4), de la stagnation de leur carrière (77%),
redoutent de gagner moins (73%) : tel est l’enseignement du baromètre
mensuel mis au point par Le Figaro Entreprises en janvier.
Le pessimisme est particulièrement fort chez les plus jeunes et les plus
âgés.
A noter, à propos de la loi sur le voile, la totale division de ces
cadres : 47% pour, 46% contre !
Cette déprime sur la situation économique et sociale est très largement
partagée par l’opinion. Après un court répit en janvier, le moral selon
l’indicateur de l’INSEE s’est de nouveau dégradé en février
Voir sur le sujet Rozes dans La Tribune du 2 mars.

4) Idéologie libérale à l’université : nouvelles résistances

Cela ressemble à un nouveau front ouvert par les milieux de « 
l’intelligence » : après la motion de défiance tout à fait inhabituelle
votée par le Conseil National des Universités en décembre contre les
conditions de passage de l’agrégation en sciences économiques. Le jury
est soupçonné d’être un repère d’ultra-libéraux et une bonne partie des
admissibles sont identifiés comme des partisans de ce courant, une quai
secte intégriste de l’ultralibéralisme. Le débat est à présent sur la
place publique.
Première fois depuis bien longtemps que le débat porte sur le contenu,
notamment dans une discipline si essentielle.
Rage de la droite qui crie au complot « des keynesiens ou néo marxistes
qui ont dominé le concours d’agrégation pendant au moins deux décennies
 » (Le Figaro, 2/3).
Un débat nouveau et important.

5) Réveil de la droite socialiste ?


Nombreux échos de presse sur la participation de DSK à un colloque
social-démocrate franco-germano-anglais, à Londres, sponsorisé par
Downing Street. Jamais DSK ne s’était affiché aussi ouvertement
droitier, à côté d’alliés emblématiques et sur des thèmes lourds ; il
s’agissait d’un colloque de trois fondations, le Policy Network de
Blair, la fameuse fondation Ebert (560 permanents !) et « A gauche en
Europe », de DSK et Rocard. Il était aux côtés de l’aile la plus
droitière du PS, fait souligné par la presse – les maires de Mulhouse,
de Lyon, de Grenoble, la fille Touraine ou Monique Canto-Sperber,
philosophe qui tente l’improbable fusion de l’ultra-libéralisme et du
socialisme, très en odeur de sainteté à droite mais tenu à distance par
le PS.
Reprise de tous les thèmes « sensibles » : critique de
l’Etat-providence ; accent privilégié sur l’individu ; critique de la
gauche simpliste, de l’égalité « formelle », apologie du risque (cher au
Medef). Il faut en finir avec les projets « basés sur les années 80 ».
DSK se juge « au centre » ; prépare un livre pour la fin de l’année.
Envisage une candidature à la présidentielle en marge du PS.

6) Le foulard/ suite.

Le débat continue, avec cette fois une multiplication d’interventions
des opposants à la loi, des argumentaires solides le plus souvent ; voir
par exemple « Les religions, l’orthodoxie, la femme et le sexe » de X.
Ternisien in Le Monde, 1/3.
Jusqu’aux pressions sur Chirac mardi du président de la Conférence des
évêques de France.
Voir l’édito intérieur du Figaro du 4/3 qui explique ce que la droite
attendait de cette polémique du voile, en faire l’axe des régionales…
Comme en écho, des réactions identitaires dans le monde catholique.
Significatif le débat autour du film américain « Passion ». D’autres
signes aussi comme le dernier livre de
Tillinac, pourtant chiraquien bon teint, qui s’élève avec véhémence dans
son dernier ouvrage contre l’idée avancée par Chirac de racines (aussi)
musulmanes de l’Europe et plaide pour son passé chretien..

7) Identité et ouverture à l’autre

Nombreuses réflexions sur les limites de l’individualisme, le culte
identitariste, le besoin de retrouver l’altruisme, le goût des autres.
Livres de J.Cl. Kaufman, « L’invention de soi, une théorie de l’identité
 » (A. Colin) ; d’Eric Dupin, « L’hystérie identitaire » (Cherche Midi).
Et bon papier de synthèse in L’Express du 26/2, « L’obsession
identitaire » .

8) Berlusconisation ?

Livre de Pierre Musso sur le phénomène Berlusconi, « Berlusconi, le
nouveau prince » (Aube). Bonne définition de cette nouvelle droite
poussée sur les décombres des anciens partis qui n’est pas que l’homme
des médias ayant pris le pouvoir « mais un homme de télévision
commerciale : lui et ses collaborateurs sont experts en programmation :
comment répondre aux attentes exprimées par les études de marketing.(…)
Ce nouveau prince serait le fruit d’une science de la programmation télé
et du management de l’entreprise de communication. Le tout pimenté de
hollywoodisme ».
Droite gagne Allemagne, droite donnée gagnante Espagne, blair ébranlé
grande bretagne

9) Etat de l’opinion

Le baromètre Sofres/Figaro Magazine à paraître samedi indique une forte
montée de la préoccupation en matière d’emploi ; des chiifres sidérants
sur l’inefficacité du pouvoir en la matière ( 88% !) ; on est de plus en
plus pessimiste MAIS on s’attend de moins en moins à des mouvements
sociaux ; forte baisse de la cote de l’executif ; concernant les partis et
personnalités, comme un petit vent de gauche (?), hommes et partis de
droiteayant tendance à baisser, ceux de gauche à augmenter, y compris MG
Buffet (+2) et le PC (+1). Les mois derniers, gauche et droite
reculaient souvent ensemble.

Electorat communiste
Dans l’enquête bimensuelle Sofres-Le Monde, une question permet de voir
la ventilation du vote communiste. Vue la diversité de situations,
difficile d’ajuster très précisement mais on voit que la part de
l’électorat PC votant pour l’extrême gauche s’amenuiserait ; en quinze
jours la part de l’electorat PC votant extrême gauche passe de 16 à 13%
et la part de cet électorat votant pour des listes PC autonomes passe de
19 à 26.

10) Partis

UMP : rumeurs de partage du pouvoir à la tête du parti ; à noter dans le
courrier des lecteurs de la presse de droite des réactions indignées de
militants UMP contre ces arrangements « d’en haut ».

PS : ménerait sa dernière semaine de campagne sur le (seul) thème du
vote utile, dixit Le Figaro.

Réapparitions saugrenues mais ajustées de Jospin ( Lens).

LO-LCR : sondages convergents sur la stagnation attendue – ou le recul,
cf Sofres- du vote d’extrême gauche. Les médias en ont rabattu sur leurs
propos euphorisants des mois derniers.
Cet électorat est toujours le moins décidé de tous les électotats.

Militants : Etude (du journal Le Monde) montrant un vieillissement du
monde militant affectant TOUS les partis politiques, extrême gauche incluse.

Mouvement des idées
Note n°69 (11/3/04)

1) Un pouvoir libéral, une société anti-libérale ?

Non seulement le pouvoir est en difficulté avec le monde de la culture,
non seulement il a du mal à garder des intellos transfuges de la gauche
mais il a du mal à communiquer avec sa propre intelligentsia. Bon papier
du monde de samedi dernier « La droite ingrate à l’égard de ses
intellectuels »(Jean Birnbaum) ; avec le « témoignage » de AG Slama du
Figaro.
Ce n’est probablement pas qu’une question « relationnelle » ; peut-être
que cette difficulté illustre une singularité française : alors que
l’opinion européenne vire à droite et au libéralisme, que le libéralisme
inspire toute la politique du pouvoir, l’idéologie libérale passe mal
dans l’intelligentsia ( et pas seulement là).
Philippe Raynaud, président de la Fondation du 2 mars, l’avoue : « La
France est la seule nation civilisée où le mot libéral demeure une injure ».
Et dans un livre à paraître chez Odile Jacob, « Pourquoi les
intellectuels n’aiment pas le libéralisme », le sociologue Raymond
Boudon affirme que la tentation « illibérale » est en France la chose la
mieux partagée.

2) Courant social-libéral

Dans le même temps où la droite a du mal à « justifier » le libéralisme,
à « gauche » certains s’efforcent de le légitimer.
Le courant social libéral s’installe dans le paysage socialiste. C’est
même lui qui, du fait du silence des autres tendances, semble s’exprimer
le plus ces temps ci. A nouveau la philosophe « 
ultra-liberalo-socialiste », Mme Canto Perber, déjà invitée vedette du
colloque social démocrate de Londres la semaine dernière, fait la Une de
la revue de la Fondation Jean Jaurès sur la thème : le PS doit assumer
sa dérive libérale.
Dans le même esprit, Roger Fauroux (et Bernard Spitz), l’ex ministre
rocardien de l’industrie, qui avait réalisé en 2001 l’opus social
libéral à grand retentissement, « Notre Etat », plaidoyer « de gauche »
pour la casse de l’Etat social, remet le couvert avec la même équipe de
hauts fonctionnaires et de patrons (et avec T. Blair en prime) dans un
nouvel ouvrage « Etat d’urgence, réformer ou abdiquer. Le choix français
 » (R. Laffont). Argumentaire typique : trop de déficits publics, trop
d’Etat providence, mieux respecter les engagements européens. Il
critique, « de gauche », la lenteur des réformes en cours, trop « à pas
comptés » et entend bousculer l’Etat « en panne ».

3) Les jeunes et le syndicalisme

A la demande de la CGT, une étude de l’universitaire Sophie Béroud sur
les jeunes et le syndicalisme pointe les difficultés d’engagement des
18/30 ans. Première entrave : la précarité de leur sort, la necessité de
s’en sortir au quotidien. Dans ce paysage le syndicat est absent.
L’image des syndicats est floue ; on note aussi la difficulté à faire le
lien entre les revendications nationales et la réalité du terrain.

4) L’individu « hypermoderne »

De nombreux ouvrages sortent sur l’individu, l’identité. Une pleine page
de présentation dans Le Monde du 5 mars.
A remarquer le nouveau travail de Gilles Lipovetsky. Vingt ans après « 
L’ère du vide » (1983) et son individu « cool », il nous décrit, dans « 
Les temps hypermodernes » (Grasset), un individu effrayé, angoissé,
précarisé, terrorisé : « Il n’est plus question que de protection, de
sécurité, de défense des acquis sociaux, d’urgence humanitaire, de
sauvergarde de la planète. Bref limiter la casse ». En même temps, il
signale « une exigence humaniste de plus en plus marquée ».

5) Réhabilitation du populisme

Curieuse entreprise lancée par des cercles de droite de Sciences Po et
relayée largelent par la presse comme le Figaro (une page le 9/3) de
réhabilitation du populisme actuel, qu’on veut distinguer de la
tradition d’extrême droire et qu’on interprète comme « un phénomène
démocratique », comme « la maladie sénile du démocratisme », comme une
tentative « d’établir l’emprise des gouvernés sur les gouvernants, de
mettre les élites au pas ». A paraître l’ouvrage de l’universitaire
Dominique Reynié, « La fracture occidentale. Naissance d’une opinion
européenne » (Table ronde).

6) Droite, gauche, idéologie, Etats Unis

Très nombreux commentaires sur les élections grecques et autrichiennes
et dans la perspective du scrutin espagnol. Poids croissant de la
droite, d’une opinion européenne de droite. Glissement du social
libéralisme au libéralisme tout court : « l’opinion préfere l’original »
(Le Figaro, 9/3). Des commentaires qui se tournent vers Blair (droite ?
Gauche ?), vers Schroder en sursis. On fait remarquer qu’il s’agit de
campagnes assez peu idéologiques, puisque consensus sur un modèle de
gestion. Et il commence à se dire que le débat d’idées pourrait revenir
par les Etats Unis et la prochaine campagne Bush/Kerry (?) ; ce dernier
mettrait de plus en plus volontiers l’accent sur le retour de l’Etat
providence et sa nécessité dans les politiques d’education et de santé…

7) Bibliographie

Notre ami Michel Simon sort ces jours ci « Les ouvriers et la politique.
Permanences, ruptures, réalignements. 1962-2002, Presses de Sciences Po,
368p.
Sur l’abstention, l’incontournable Anne Muxel, « Le vote de tous les
refus », Presses de Sciences Po, 2003. Largement commenté dans Le Monde
du 5/3.
Significatifs la republication et la promotion du livre de Raymond Aron
sur Marx.

8) Pouvoir d’achat

timide relance du débat sur cette question – après notamment la campagne
des hypermarchés Leclerc : un sondage CSA pour la chambre de commerce de
paris montre « un fait nouveau » (La Tribune, 3/3) : » au cours du
dernier trimestre 2003, les Français se sont mis à puiser dans leur bas
de laine pour conserver leur pouvoir d’achat ».
De son côté l’INSEE montre qu’en février 2004 les Français ont eu du mal
à mettre de l’argent de côté…
Sur le sujet un dossier du Figaro Economie du 26/2, p II et du Monde le 7/2.

9) Nostalgie coloniale

Des publications visant à « réviser » peu ou prou l’histoire du
colonialisme. C’est le cas de « Colonisation : droit d’inventaire »,
ouvrage collectif chez Armand Colin.
Du livre de GM Benamou « Un mensonge français. Retour sur la guerre
d’Algérie » (Laffont).
En Belgique une exposition largement médiatisée par Arte sur l’art
colonial (belge) au Congo.
Ces textes et initiatives provoquent des débats. La revue « Confluences
Méditerranée » par exemple critique longuement et judicieusement Benamou.

10) Partis

PS : tire à 3,5 millions d’exemplaires un tract « Dites Stop. Votez utile ».
Calendrier post-électoral du PS esquissé dans un long papier du Monde du
6 mars.

FN : étude d’Erwann Lecoeur, « Un néo populisme à la française. Trente
ans de FN » (La découverte) ; l’auteur montre que l’offensive Marine Le
Pen vise trois électorats : les femmes, les jeunes, la droite classique.

Cotes : la cote des partis et des leaders (selon l’enquête Ipsos/Le
Point) examinée dans Le Figaro du 11/3, p6

Mouvement des idées
Note n°70 (18/3/04)

1.
Rhétorique de guerre

Les attentats de Madrid ont déplacé cette semaine le débat d’idées.
Les médias, globalement, ont eu un moment d’hésitation dans le
traitement du dossier. On voit assez bien comment, de droite à gauche,
on privilégie certains débats, on en écarte d’autres.
La désinformation. Débat important : le thème de la crédibilité des
médias, du pouvoir, du rapport pouvoir/médias revient fort depuis
quelque temps. Dans le même ordre d’idées la concentration dans
l’édition (Socpresse, Figaro, Dassault) inquiète. La droite esquive : « 
Il n’y a pas eu de mensonge d’Etat » décrète A. Adler, le 17/3. Ou
discrédite le vote espagnol.
La politique irakienne. Là encore débat plutôt esquivé à droite mais
obligation de pointer un nouveau sentiment antiaméricain en Europe.
Sécurité. Sont mis en avant non seulement le thème sécuritaire mais
désormais la rhétorique belliciste. La droite singulièrement opte pour
une posture souvent outrancière, très proche de la thématique d’extrême
droite.
Le ton martial est de mise. Jean d’Ormesson d’ordinaire plus pondéré
laisse entendre qu’en pareilles circonstances, il faut être moins
regardant avec les libertés publiques : « C’est la quatrième guerre
mondiale…Une mobilisation s’impose…Il faut savoir accepter une
discipline necessaire » (Le Figaro, 16/3). Dans le même quotidien le
lendemain dans l’édito intérieur Lambroschini compare la situation au
début de la guerre d’Algérie et appelle ouvertement à une intervention
européenne au Maghreb !

La thématique des conservateurs américains (liberalisme contre
terrorisme) est très présente. Le retour aussi d’une phraséologie d’ « 
union sacrée » actualisée.

2.
Le social dans la campagne

Le social au cœur de la campagne ? C’est l’opinion du dossier « Le
Monde/Economie » du 16/3.
Où l’on montre aussi comment la droite elle même peut faire de la
surenchère dans la critique. « Qui dénonce la précarité croissante, les
baisses d’impôts pour les plus riches, le sort fait aux plus faibles
sinon F. Bayrou, numéro un de l ‘UDF ? »…
Dans le même dossier JL Borloo dénonce « un modèle républicain à bout de
souffle » et évoque « les deux France », thème d’un discours de Fabius
ces jours-ci.

3) Retour de l’idéologie

Autre aspect marquant : l’importance des enjeux de dépolitisation/
repolitisation.
Raffarin a fait du refus de l’idéologie un leit-motiv de sa manière de
gouverner depuis deux ans.La question revient en force cependant. Par
exemple dans le dossier de la recherche, c’est sa posture « idéologique
 », sa dogmatique libérale, qui est souvent mise en avant et critiquée.
Un essai travaille cette question : « Aux bords du politique » de
Jacques Rancière, Gallimard, dénonce le mythe de la fin des idéologies,
montre comment en dépolitisant l’espace social (via la gestion) les
politiques ont ouvert la voie au populisme ; s’interroge sur la
permanence de la démocratie et de la citoyenneté.

4)Une autre Europe

Ouvrage d’Yves Salesse, « Manifeste pour une autre Europe » (Félin).
Pour une rupture nette avec les bases de l’Union actuelle. Trois
orientations : une Europe sociale avec la promotion d’un véritable droit
européen, l’introduction d’un principe de non-regression ; une Europe du
developpement durable ; vers de nouveaux rapports Nord-Sud.
« Utopiques, ces propositions le sont peut-être mais elles ont le mérite
de défendre un idéal européen exigeant » écrit Le Monde (16/3).

5) Féminisme

Publication aux éditions La Martinière de l’ouvrage de Bard, Baudelot,
Mossuz Lavau, « Quand les femmes s’en mêlent. Genre et politique. »
Regroupe 24 contributions d’un colloque (2002) sur « Genre et politique
 ». Thème principal :la cause des femmes a fait un pas en avant et deux
pas en arrière…

6)Tous patrons ?

Petite campagne de presse (économique surtout) sur la création
d’entreprises. On estime que la création de 200 000 entreprises ces
douze derniers mois marque « une vraie rupture », annonce la « mutation
du travail », la fin du contrat à durée indeterminée, la montée de
l’intermittence. Il est aussi question de « donner à l’entrepreneur les
mêmes droits qu’au salarié », un véritable statur « avec une couverture
sociale complète ».

7) Nostalgie

Livre curieux, et souvent chroniqué dans la presse, plus à droite qu’à
gauche, d’un universitaire de renom, Jean-Pierre Rioux, intitulé « Au
bonheur la France » (Perrin). En réaction au thème du déclin français,
il valorise les pages « heureuses » du siècle passé, notamment les
années d’après guerre où « la démocratie politique, l’ascension sociale
et le mieux-être matériel » étaient au rendez vous.
La « Une » du Fig Mag ; une demi page du « Monde ».

8) Les communismes

« Le siècle des communismes », ouvrage collectif d’historiens, Seuil, se
veut une réplique à l’ouvrage « Le Livre noir » qui donnait du
communisme une image unifiante et massacreuse. Montre la diversité des
expériences, travaille les raisons de l’engagement, les façons d’être
communistes.

9) Syndicalisme de proximité

L’universitaire Guy Brucy, auteur de « Histoire de la FEN », Belin,
2003, évoque la crise du syndicalisme enseignant ( Le Monde, 12/3) :
syndicats coupés dela base, sentiment disolement des enseignants, pour
un syndicalisme de proximité, pour des structures donnant la parole à
cette base, pour des comptes rendus d’activité. Attente de réflexions
sur éduquer autrement aujourd’hui.

10) Partis

PS : long discours programmatique de L. Fabius le 11 mars à l’ENS ; texte
publié dans Le Monde du 12 « Réconcilier les deux France ».

Droite : une peine page du Monde du 14/3 sur l’organisation du « Parti
populaire » espagnole, exemple d’unification de toute la droite sur une
ligne libérale, et donné en modèle par les fondateurs de l’UMP.

FN : deux ouvrages sur le vote Le Pen en PACA , « Vote en PACA » de C.
Traïni (Karthala) et « Le Pen en Provence » de F.J Guilledoux (Fayard).
Le premier critique la théorie « misérabiliste » du vote FN et montre
que l’extrême droite propspère le plus dans les quartiers à « villas ».

Sujet annexe : accord entre Haïder et les socialistes en Carinthie.

Sondages : le cinquième baromètre Sofres/ Le Monde indique – comparé au
précédent voilà deux semaines- un intérêt faible et inchangé pour
l’élection (et dans ce cadre l’électorat PCF est le plus interessé) ; une
dimension de plus en plus nationale de l’élection ; un discrédir
gouvernemental vraiment fort ( que 18% de soutien !) ; une tendance à la
baisse de l’extrême gauche, une tendance à la hausse de l’extrême
droite ; une petite poussée de la gauche, un petit repli de la droite.

Régionales : rappel : le Cevipof + Yahoo + la Sofres ont un site d’info
sur les régionales, /_www.régionales.yahoo.fr_/

D’autre part le Cevipof sort dès le mois d’avril un ouvrage sur ces
régionales, de Nonna Mayer et Bruno Cautres, « Le nouveau desordre
électoral », Editions Presses de Sciences Po.

Mouvement des idées
Note n°71 (25/3/04)

Spécial Régionales

L’association française de science politique organisait jeudi 25 mars
une réunion sur « Les élections régionales entre deux tours ». Six
rapports présentés. Voici quelques commentaires pris au vol.

1.
Les nouveaux paramètres de l’offre politique régionale
Claude Patriat

Observe que la physionomie du scrutin a changé. Les petites listes
hors-partis politiques ont été laminées ; or ces listes en 1998
représentaient 26% de toutes les listes et un tiers des suffrages.

On assiste à une (re) politisation de l’offre, à un retour de la
division politique de type bipolaire. En même temps, le même dira : « 
Pas de retour à la bipolarisation ». « Echec de la bipolarisation. »

Il y a un débat sur ce thème de l’échec du bipolarisme.
« On nous a changé les régionales » dit-il.
Il fait remarquer que la gauche progresse le plus là où elle est le plus
« désunie ». « La dispersion joue en sa faveur ». « La division est un
facteur favorable à gauche ».

Il insiste dans le débat sur cette idée : « Le problème ici n’est pas
seulement de ratisser plus large parce qu’on est plusieurs mais on est
plus fort parce que chacun fait plus ».

Le PCF a fait « un choix risqué qui lui a été profitable ».

Il parle d’un « vote sanction utile », qui, donc, se serait retourné
contre l’abstention et l’extrême gauche (mais pourrait jouer en partie
pour le PCF).
A gauche, plutôt qu’une réaction contre le 21 avril, on a surtout senti
une réaction contre le 5 mai, c’est à dire contre un Chirac, élu contre
Le Pen mais qui détourne le vote pour une politique ultralibérale.
On peut s’attendre à un nouveau débat sur le mode de scrutin des
régionales dans les mois qui viennent.

2.
L’extrême gauche
Annie Laurent

Porosité du vote, fragilité du vote. Mais à plusieurs reprises dit que
l’approche de cette question ( et surtout des transferts) est « complexe
 », « compliquée », difficile.

Des points forts : Limousin, Loire, Picardie.
Il y a eu un mouvement de polarisation vers l’extrême gauche de 1995 à
2002 ; ce mouvement n’est pas inversé ; à présent la gauche a le vent en
poupe mais l’extrême gauche ne l’alimente que pour partie ; pas de chemin
unique de l’une vers l’autre ; plutôt de la diffusion, du saupoudrage.
Parle de quelques enseignements : il y a une superposition partielle des
cartes de l’extrême gauche et de la gauche ; il n’y a pas de relations
entre extrêmes ( extrême gauche/ extrême droite) ; il y a une relative
stabilité du territoire de l’extrême gauche.
Sur la relation extrême gauche/PCF : de 1995 à 2002, l’extrême gauche
s’est nourrie du déclin du PCF ; y-a-t-il eu aux régionales un transfert
(inverse) ? « Compliqué ».
Un tableau sur les résultats de l’extrême gauche, selon qu’il y a eu ou
non de listes PC autonomes, ne semble pas concluant. La variation est
faible. Difficile de parler de transfert « direct ».
Prenant exemple sur le Valenciennois, montre encore que le recul de
l’extrême gauche et l’avancée du PC ne fonctionnent pas vraiment comme
des vases communiquants.

3.
Les gauches
Elisabeth Dupoirier

Redit que la gauche est la plus forte là où « l’offre à gauche est la
plus plurielle possible ».
Mis à part semble-t-il Poitou-Charentes où l’affrontement surmédiatisé
était simplifié (et boosté) au maximum.
Elle donne les chiffres suivants : là où l’union large est faite au
premier tour, la gauche fait 37,2% ; là où PC/PS sont unis, les Verts
autonomes, la gauche fait 40% ; là où PC et PS sont séparés, la gauche
fait 42,4%.
Donc prime à la pluralité du choix. On a beaucoup parlé d’ « effet 21
avril » (syndrôme de la dispersion). Or elle remarque au contraire que « 
les électeurs ne sont pas guéris (sic) du goût pour la pluralité de
l’offre proposé ».
La gauche a regagné dans la jeunesse (47% des étudiants, 48% des 18-24 ans).
Elle a regagné chez les précaires et les chômeurs (52%).
Son électorat est plus interessé par le scrutin. Le souhait du vote
sanction y est massif (88%).
A noter que 35% de l’electorat UDF est aussi partisan d’un vote sanction…
Pour l’Ile de France, l’orateur propose un tableau selon les tranches
Paris, Petite Couronne, Grande couronne, Ile de France.
Cela donne :
Extrême gauche : 3,4,4,4
Gauche (ensemble ; pas PCF !) : 42,9 ; 39 ; 37 ; 39,1
Droite : 43, 40,40, 40,9
FN : 9, 12, 15, 13,5

Pour le PCF, parle de « travail de terrain », de « réseaux réactivés »,
de « retour d’électeurs partis ». « Chez les militants il s’est passé
quelque chose. Plus difficile à dire chez les électeurs ».
Les études Sofres sur le vote en fonction des « préférences partisanes »
montre que 50% seulement des gens qui affichent une préférence pour
l’extrême gauche ont voté pour l’extrême gauche.
Chez ceux qui affichent une préférence pour le PS, ils étaient en 2002
50% à avoir voter Jospin et 30% extrême gauche ; aux régionales, 4% ont
fait le choix extrême gauche, 98% pour les listes gauche plurielle.
« Pour nombre d’électeurs d’extrême gauche en 2002, Chirac et Jospin
faisaient la même politique. Un discours difficile à tenir aujourd’hui
sur la droite et la gauche ».

Sur le PC : les rapporteurs prennent acte du « rebond » ; on ne s’y
attarde pas trop : les mêmes, il y a deux ans, avaient enterré ce parti ;
l’un d’eux, Pierre Martin, relance le thème du « déclin » en jouant des
chiffres de 98 ; quelqu’un lui fait remarquer que depuis 1998 il s’est
passé bien des choses ; un autre signale que la droite ici fait plus de
voix qu’en 1998, difficile pourtant de parler de relance à droite…
Débat aussi autour des « notables » communistes : pour les uns, ils
tirent les listes autonomes (Nord) ; pour d’autres (Pierre Martin), la
stratégie de liste autonome communiste « marginaliserait » des « 
notables » communistes (voir le 9.3 dit-il) .

4.
Les droites
Florence Haegel

Son score le plus bas depuis 1988.
Sa division est-elle cause de défaite ? L’autonomie la rend elle plus
attractive ?
En fait il y a baisse aussi bien là où elle est unie que divisée.
On souligne le poids du vote-sanction dans une bonne part de l’électorat
UDF.
Changement du rapport des forces internes entre UDF et UMP : ¼ ¾ en
2002 ; 1/3 2/3 en 2004.
L’UDF est « relégitimée », va pouvoir reconstituer son appareil
permanent, se réimplanter.
L’UMP pas moribonde mais piégée : que faire de l’UDF.
Petit débat sur le score de l’UDF : pour certains intervenants, c’est
malgré tout un échec.
Petit débat sur Ile de France qui montre que Copé a le contrôle des « 
noyaux conservateurs » (Neuilly, le 16è, le 8é) et l’UDF a tenté un
débordement populiste par le centre gauche, un vote qui ne sera pas
simple à rabattre sur la droite UMP.

5) L’extrême droite

Pascal Perrineau

Parle d’une dynamique pour l’extrême droite prise ensemble, d’une semi
dynamique pour le FN.

Le FN est installé sur les zones de crise économique, sur ses terres de
mission, en territoire rural ; mais érosion en Ile de France et PACA.
On ne signale pas de transferts de voix d’autres forces en sa faveur si ce n’est en partie « Chasse-Pêche ».
Rapports droite/extrême droite : un mouvement en Ile de France, un effet
Sarkozy, là où la droite serait conquérante : ainsi les évolutions
droite et extrême droite seraient les suivantes : Hauts de Seine, +6,
 3,7 ; 94 : +5,9, -3,2 ; Val d’Oise :+6,7, -5,2 ; Yvelines :+3, -2,7.
Ou Bouches du Rhône : +2,5, -2,5.
De 2002 à 2004, le FN recule fort dans le grand Sud Ouest ; recule un peu
dans le Nord, le Centre ; mais progresse en Alsace, Franche Comté, Rhone
Alpes.
Ici les voix perdus par Le Pen s’en vont dans tous les sens,
éparpillement ( ce qui contredit un peu la thèse de l’effet Sarkozy et
les passerelles Droite-extrême droite…).
La sociologie de cet électorat : toujours plus masculin ( passe de 18 à
21%) ; nette érosion chez les jeunes (-10%), chez les plus âgés aussi (-7).
Mais progression dans la « génération Le Pen » (18 ans entre 1988 et 1997).
Remontée dans le monde de la boutique (+10) ; chute chez une « 
bourgeoisie salariée » (sic)(-10) plus nette dans le public que le privé.
Toujours un haut niveau chez les ouvriers : 28% ( on cite aussi le
chiffre de 32%) et le petit salariat.
Perrineau parle aussi d’une « polarisation sociale croissante » : selon
les chiffres de la Sofres, les sans diplômes feraient un bond de + 20% (
mais débats sur la fiabilité de ce chiffre).
Perrineau fait enfin remarquer qu’il y a certes un (petit) mouvement de
retour dans le système des hors système ( extrême gauche, ex
abstentionnistes) ;doit-on parler de retour des partis ? Si on additionne
abstention + Extrême gauche + extrême droite…, on arrive ) 56% du corps
électoral. Certes ce taux était de 60% en 98. Mais attention à ne pas se
réjouir trop vite, dit-il.
Un intervenant faisant remarquer que la droite ( droite + extrême
droite) est majoritaire dans ce pays, les orateurs répondent qu’il y a
en fait une « tripartition », c’est à dire gauche/ droite/ extrême
droite. Autrement dit il y a à gauche des différences de degré entre
partis, à droite il y a (aurait) une différence de nature entre
droite/extrême droite.

6.
Le second tour : configurations et perspectives
Pierre Martin

Se livre à une petite prospective risquée.
Part de quelques considérations : au deuxième tour il y a prime (et
réserve) pour les gros du 1^er tour ; les reports sont meilleurs à
gauche ; la gauche éliminée (et l’extrême gauche) se reporterait sur le
PS ; l’UDF éliminée hésiterait à rejoindre l’UMP ; le FN maintenu pour un
quart irait à la droite ( quand le Fn est éliminé, il va pour moitié à
droite, pour 20% au PS) ; les Chasseurs se divisent à égalité
gauche/droite ; les écolos indépendants pour 1/3 à droite, 2/3 à gauche…
Tout cela augure des scenarii catastrophiques pour la droite, dit-il.
Les 8 régions de gauche resteraient à gauche ( même Ile de France et
PACA sauf inversion de tendances) ; sur les 13 à droite, l’Alsace à coup
sûr y demeure ; sept autres passeraient à gauche ; les cinq dernières
auraient un sort incertain : Auvergne, Champagne, Lorraine, Basse
Normandie, Pays de Loire.
Bref avec un petit vent favorable la droite en garderait six. Sinon…
*Mouvement des idées*

Note n°72 (31/3/04)

1.
Réformes ou pas réformes ? La pression libérale

Un débat biaisé sur la réforme est poussé par la droite. Le ton avait
été donné par Sarkozy : « Le débat n’est plus entre libéralisme et
socialisme mais entre immobilisme et innovation ». Il a son pendant à
gauche, où des voix nombreuses proposent de donner un contenu acceptable
à la « réforme » de fait libérale. Voir par exemple les chroniques très
idéologiques d’Eric Le Boucher, le samedi, dernière page du Monde.
Il milite contre « la glissade vers la nostalgie communiste » qui
marquerait trop selon lui le débat économique à gauche…
Objectif : « c’est l’intégralité de notre mode de régulation datant de
l’après guerre qu’il faut redéfinir » ; un seul gouvernement en Europe a
de ce point de vue une vision « cohérente » et « globale » : Blair (28/3).
Il va jusqu’à reprocher à l’américain Kerry ses rares audaces : « Il va
tenter une inflexion sociale. Mais est-ce possible ? Comment avoir à la
fois la croissance et moins d’inégalités ? Le goût du risque et plus de
sécurité ? » (21/3).
Sur le projet libéral, lire l’entretien de Jacques Marseille, économiste
à la Sorbonne, présenté comme le gourou de Raffarin sur les retraites ; à
retenir son encouragement à pousser à fond les réformes tout en
reconnaissant que la droite a largement perdu la bataillé d’idées. Une
de ses formules : « La France est une sorte d’Union soviétique qui a
réussi »…

2.
Social démocratie : limites d’une relance

Une batterie de papiers entretient l’idée d’une reprise de la social
démocratie en Europe après les élections espagnoles et françaises. Dans
le même temps certains commentaires sont plus mesurés ; ils rappelent la
vague d’échecs roses ( Grèce, Autriche, Danemark, Pays Bas, Portugal),
les divisions entre ces partis et surtout leurs limites programmatiques.
Voir Henri de Bresson, « La crise de la social démocratie », Le Monde du
24 mars ; ou la page sur la social démocratie en Europe in Le Monde du 21/3.
Principal enseignement, à lire l’aveu de P. Glotz du SPD (21/3) : la
social démocratie a abdiqué face au libéralisme, elle reprend sa
thématique économique et sociale. L’heure n’est plus à la prospérité ni
à l’Etat social. ( voir la nomination prochaine du très libéral Solbès
dans le nouveau gouvernement espagnol).

DANS LE MEME TEMPS, dans son argumentaire, la social-démocratie
privilégie un peu partout des thèmes comme le pacifisme (SPD), le
libéralisme moral ( liberté sexuelle), la démocratie participative (et
limitée).
Une sorte de reconfiguration interne est à l’œuvre pour certains d’entre
eux, comme le SPD qui prévoit ni plus ni moins de « changer sa base
electorale » (Glotz).
Parfois aussi des alliances honteuses, genre Parti social démocrate
autrichien et formation de Haider en Carinthie.
Pour l’anecdote, rappelons cette phrase de Raffarin en janvier dernier :
« Je suis assez frappé quand je suis avec Tony Blair et Gerhard Schröder
 : je suis quasiment le plus à gauche » (Le Monde, 22/1/2004).

3.
Capitalisme français

Plusieurs papiers sur l’état du capitalisme français aujourd’hui, son
adaptation au modèle anglo-saxon, son « exception ». Voir le PV du débat
du Monde avec patrons et intellectuels, double page dans Le Monde du 25
mars.
Papiers aussi sur les concentrations en cours dans la presse (
Figaro/Dassault) et dans le médicament. Et insistance sur le silence des
politiques sur ces phénomènes de fusion.
A propos de concentration, une main mise qui inquiète : Seillères et son
groupe Wendel serait un probable acheteur d ‘Editis, le groupe
d’éditions de l’ex Vivendi. Cette main mise du patron des patrons sur
des disaines d’éditeurs prestigieux non seulement marchandiserait encore
plus le livre mais traduirait une ambition nouvelle du patronat dans le
domaine du livre et de l’idée.
Sur les rapports patrons/politique, on entend une petite musique qui
répète que les gens d’économie comprennent eux la société alors que les
politiques… C’est le thème d’une intervention de Francis Mer entre les
deux tours ; c’est le thème de l’économiste J Marseille qui évoque « le
decalage spectaculaire » entre le monde économique et le monde
socioculturel. On est en 1788 mais dans son esprit, ce sont les patrons
qui portent le drapeau de la révolution…

4. Les pauvres, les riches et des livres

La pauvreté a son livre : « Les gens de rien. Une histoire de la grande
pauvreté dans la France du Xxè siècle » d’André Gueslin (Fayard).
Excellente étude sur l’ampleur et la violence de ce phénomène.
A noter dans les témoignage celui de l’historien Gérard Noiriel, qui fut
communiste, et qui est issu d’un milieu défavorisé pour dire vite :
« Ces événements ont ancré en moi la hantise du regard des autres, la
difficulté d’accepter leur jugement ».
A comparer avec l’ouvrage, à la tonalité cynique, du chef du service
économique du Point, Béatrice Peyrani, « L’enfer des riches » (Denoel)
sur les « faiblesses » des « maîtres du monde » : usurpation, angoisses,
dépression…

5.
Retraites : la « réforme » n’est pas passée dans les têtes

Interessant sondage CSA pour La Croix et Notre Temps qui montre que
spontanément une personne sur deux estime que 60 ans est un bon âge pour
la retraite ; seuls 17% envisagent d’aller jusqu’à 65…
Seuls 10% pensent partir le plus tard possible ; « les Français ne sont
pas du tout enclins à en faire plus ». Ce sont les ouvriers qui sont les
plus pressés de prendre la retraite.
Autre enseignement : une critique qui monte contre les retraites
cheminots, policiers ou enseignants, trop avantagés, dit-on ; dans le
même temps une majorité souhaite faciliter le départ pour les métiers
manuels pénibles ( chauffeurs, infirmières, ouvriers). Il y a même un
quart des gens du public qui sont pour une harmonisation public/privé en
ce sens.

6.
Tripartition

L’expression de « tripartition » a été lancée ces derniers temps par des
politistes. La vie politique française se diviserait en trois familles
homogènes : gauche, droite, extrême droite. Autant à gauche il n’y aurait
que des différences de degrés sur la politique à mener, en dernière
instance tout le monde se retrouvant – extrême gauche comprise, quelles
que soient ses recommandations ; autant à droite il y aurait une
différence de nature, de valeurs entre les deux composantes et
imperméabilité des électorats.
Il faut reconnaître que le relatif maintien au second tour de
l’électorat FN, soumis à une forte pression du vote utile de la part de
la droite, alimente cette thèse.

7.
Décentralisation

Si la région est mieux appréhendée par les Français ( en 2001, 72%
d’entre eux connaissaient le nom de leur président selon l’Observatoire
Interregional du Politique, OIP), une large majorité juge confuse
(assez, 56% ; très :22%) la décentralisation et la répartition des
compétences entre l’Etat et les collectivités locales.
Pire : pour Dominique Reynié, patron de l’OIP, le concept de
décentralisation est devenu « anxiogène ».

8.
Votes des syndiqués

Sondage CSA lors du premier tour des régionales sur le vote des
syndiqués, pour « Liaisons sociales ».
Sud est le plus à gauche (69% pour gauche plurielle – terminologie de
l’Institut- et 22% pour l’extrême gauche) ; la CGT (68% et 9%) ; la CFDT
(45 et 4) ; FO (38 et 11).
CFTC et CGC penchent à droite (54% et 76%) contre 6% pour la CGT, 39%
pour la CFDT, 27 pour FO.
Le FN fait 18% à FO, 11 à la CGT et à la CFTC, 10 à la CGC et au patronat.
La CFDT gauchirait son discours ; on annonce un entretien de Chérèque
dans « Le Nouvel Obs » de cette semaine demandant entre autres une
taxation des benefices des entreprises en faveur de la Sécu.

9.
John Le Carré

Pour le plaisir, on signalera cet extraordinaire retournement des rôles
avec la vocation tardive de John Le Carré, maître mondial du roman
d’espionnage, et devenu à 71 ans, en 2003, un militant altermondialiste
et pacifiste résolu. Son dernier livre « Une amitié absolue » va dans ce
sens ( une detestation absolue des conservateurs américains) et ses
nombreuses interviews sont des attaques virulentes contre Bish et Blair

10)Partis

PS : remous internes provoqués par la pétition de Pierre Larrouturou en
faveur d’une clause sociale dans la Constitution européenne, signée par
112 députés PS sur 145 mais boudée par la direction.

Sur l’Europe, les courants Emannuelli et Montebourg demandent une
consultation des militants.



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