L’Humanité, 22 mai 2015

Marie-Claude Vaillant-Couturier
Romanesque comme un personnage de Jean Vautrin

Fille de patron de presse, Marie-Claude Vaillant-Couturier devient, très jeune, reporter-photographe. Pour le magazine VU, elle est la première, en 1933, à montrer au monde les camps de concentration allemands. Elle épouse cet ogre magnifique que fut Paul Vaillant-Couturier. Un amour bref, cinq ans à peine. Juillet 1938, elle se retrouve en Espagne, en pleine guerre civile, croise Henri Tanguy, le futur Rol-Tanguy, découvre les Brigades internationales. L’un des bataillons se nomme Paul Vaillant-Couturier. En 1942, elle est arrêtée, par la police française, passe de prison en prison pour finir à Auschwitz-Birkenau puis à Ravensbrück. Sa "force", alors, c’est qu’elle maîtrise parfaitement la langue allemande, dont elle se sert pour se préserver, survivre à l’enfer. Libérée par l’Armée rouge, elle reste dans le camp tout un temps au service des plus faibles des détenues puis elle témoigne de l’horreur nazie au procès de Nuremberg, en 1946. Une militante infatigable de la mémoire de la déportation, pacifiste et féministe de combat, élue et dirigeante communiste respectée.
J’ai eu la chance de la côtoyer à plusieurs reprises, au secteur international du PCF notamment. J’ai le souvenir heureux d’une femme passionnée, énergique, attentive.
Une sainte ? Le mot à été prononcé à son sujet à la Libération. Une héroïne ? Une légende ? Un mythe ? Rien de tout cela en fait. Plus simplement une femme unique, engagée, habitée par la passion politique, d’une incroyable vitalité, élégante et discrète, humble mais tenace, simple et altière à la fois. Une sorte d’aristocrate rouge qui semble sortie d’un roman de Jean Vautrin.

Gérard Streiff
Dernière parution : "Une vie de résistante. Marie-Claude Vaillant-Couturier" aux éditions Oskar, 2015.



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