Droite

*La droite rencontre de sérieuses difficultés. *

*La crise économique et sociale* entrave son action. Elle a beau se
cabrer sur ses choix les plus libéraux, comme le refus de toucher le
bouclier fiscal ou le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux ou
encore la privatisation de fait de l’Hôpital, elle a dû reculer sur
plusieurs fronts comme le lycée, le travail du dimanche ou l’évaluation
des enseignants-chercheurs ; elle a dû lacher du lest en Guadeloupe ou
encore temporiser sur les collectivités locales.

*Avec la crise systémique*, ça bouge dans les têtes : on accepte moins
les inégalités, on tolère moins certaines injustices, on attend une
autre utilisation de l’argent, on mesure mieux que ce n’est pas la crise
pour tout le monde ; la crédibilité même du capitalisme est en question.
La droite, qui se flattait il n’ y a pas si longtemps d’avoir gagné la
guerre des idées, se retrouve aujourd’hui dans presque tous les débats
sur la défensive ; les idées de gauche, de justice, de solidarité
retrouvent une nouvelle force.

Et *politiquement*, cette droite, qui sut l’emporter haut la main à la
présidentielle, est malmenée. Elle a perdu en popularité dans l’opinion,
et dans son propre électorat des tiraillements sérieux se font jour. Une
majorité (55%) de ce dernier a même soutenu la grève du 19 mars. Le
doute s’installe dans ses propres rangs. La crise met à mal cette sorte
d’alliance contre nature que Sarkozy avait réussi à échafauder avec une
partie des milieux ouvriers et populaires ; le mépris affiché de cette
grande bourgeoisie pour le monde du travail est mieux perçu.

De son côté, le Medef lui même est dans une posture délicate. Alors que
sa nouvelle direction jouait résolument la carte de la modernité
libérale, ce patronat se voit très directement mis en cause par
l’opinion. Le climat à l’entreprises n’a jamais été aussi tendu depuis
des années. Des divisions se font jour entre les stars du Cac 40, comme
Total au profit fabuleux de plus d’un milliard d’euros par mois - ce que
François Fillon justifie, toute honte bue ; tout au contraire, on se
félicitera que nos deux députés de Seine Maritime aient obtenu
l’audition prochaine de Christophe de Margerie, PDG de Total, par la
commission des affaires économiques de l’Assemblée- des divisions, donc,
entre ces prédateurs et bien des PME. Alors que Parisot a usé de termes
guerriers contre la grève du 19, on a pu voir, dans bien des endroits,
des petits patrons se solidariser avec les manifestants.

La grande bourgeoisie, tiraillée entre une rapacité qui lui est
consubstantielle et une peur très réelle de voir exploser la colère
populaire, se trouve aujourd’hui dans une sorte "d’état d’urgence". .
Dans une "lettre ouverte à mes amis de la classe dirigeante",
l’affairiste Alain Minc écrit ainsi cette semaine dans Le Figaro qu’il
faut "mesurer que le pays a les nerfs à fleur de peau, que les citoyens
ont le sentiment, fut-il erroné, de subir une crise dont nous sommes
tous à leurs têtes fautifs. Ignorez vous que la quêtes de boucs
émissaires est une constante de notre histoire et que 1789 se joue en
1788 ?"

A présent, la politique de la droite est à plusieurs tiroirs.

Sourde à la demande sociale, elle ne cède rien sur le fond. Elle prétend
relancer des « réformes » qui ne feront qu’aggraver la crise, elle
s’accroche à des mesures qui ont pourtant fait faillite, elle rabache
des recettes ( baisse des charges, flexibilité du travail,
précarisation, austérité salariale) ultralibérales qui conduisent le
pays dans le mur.

D’autre part elle relance sa campagne de "moralisation" du capitalisme,
en fustigeant les patrons et actionnaires les plus gourmands. Mais, il
n’est pas sûr que ce discours soit très convaincant pour le grand
public ; l’injustice absolue que ne supportent plus nos concitoyens,
c’est sans doute moins l’inégalité de revenus que l’arbitraire de
licenciements de la part d’entreprises qui prospèrent. Ici la droite
est impuissante, passive, complice. Pourtant la demande des salariés est
forte. Un sondage CSA sur Total indique par exemple que 80% des
français sont scandalisés par les licenciements dans ce groupe
richissime ( dont 67% des gens de droite) et 70% exigent que le groupe
revienne sur sa décision.

Et dans le même temps, la droite fait de plus en plus ouvertement le
choix de l’autoritarisme, parce qu’elle mesure l’impopularité de sa
politique, parce qu’elle s’attend à des jours difficiles, parce qu’elle
pense fixer ainsi la frange la plus extrêmiste de son électorat, parce
qu’elle entend user de leurre. Le Président a retrouvé des accents de
père fouettard, dans un long discours sécuritaire à Gagny, la veille
même de la formidable journée d’action du 19. Il a découvert l’ennemi
principal : les bandes de jeunes ! Et « la lutte contre ces bandes »
devant être désormais le « coeur de l’action menée par les procureurs de
la République ». Rien que ça ! Il n’a eu à la bouche qu’un mot : réprimer,
encore réprimer, toujours réprimer. La Figaro a qualifié ce topo de « 
piqûre de rappel bienvenue pour les électeurs de droite et une façon de
déplacer les médias sur ce sujet ». Il ne s’agit pas seulement là d’une
diversion minable. On ne peut en effet qu’être inquiets de cette dérive
autoritaire actuelle. La chasse aux jeunes est devenue une pratique
courante, et nos JC sont bien placés pour en témoigner : arrestations, PV
et procès à leur encontre se multiplient comme si on voulait entraver
l’activité militante. Comme se multiplient les actes arbitraires, voir
l’absurde affaire de Tarnac. On assiste à une caporalisation de la
justice. « Police partout, justice nulle part » : ce slogan refleurit à
juste titre. La vidéosurveillance traque nos citoyens à longueur de
temps. Dans les entreprises, les patrons, encouragés, ont la main lourde
avec les syndicalistes. La tutelle sur les médias, à commencer par
l’audiovisuel et les chaînes publiques, atteind un niveau comparable au
temps de l’ORTF et de la télévision d’Etat. C’est cette même
intransigeance qui prévaut en direction de l’immigration, la même
fermeture politique qui s’exerce au plan extérieur, avec le retour à
l’Otan, cette « police impérialiste » - et à ce propos, la manière dont
les autorités « préparent » la manifestation du 4 avril prochain à
Strasbourg ne peut que nous alerter.

Décidément, nous avons eu bien raison, à notre dernier congrès, de
faire du combat pour les libertés, un temps fort de l’action communiste ;
il nous faut donner à cette orientation une nouvelle vigueur.



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