Garcia

Faber, le destructeur

Le récit met en scène un trio, Madeleine, Faber et Basile qui se sont connus sur les bancs de l’école de Mornay ( ville imaginaire, symbolique de la province) à la fin des années 80. Faber ( du nom de ses premiers parents adoptifs, en fait il est d’origine algérienne et se prénomme Mehdi) est beau, brillant, intelligent, manipulateur ; Madeleine la rebelle est conquise ; Basile, incertain, suit le mouvement. Cette inséparable troïka va vivre intensément le mouvement social de 1995, leur mai 68, puis le groupe se disloque.
Vingt ans plus tard, Madeleine, désormais pharmacienne, part au fin fond de l’Ariège pour « sauver » Faber, ermite halluciné, ex gourou d’un groupuscule autonome ( on pense aux gens de Tarnac) ; elle va ramener (avec Basile, prof de lettres) cette sorte d’homme des bois dans la civilisation, la société, la ville. Les choses se passent mal, des secrets d’enfance resurgissent, un quatrième larron émerge et manipule... L’auteur invente un pur rebondissement romanesque.

Garcia, qui est par ailleurs philosophe, par le biais d’un personnage surprise, en fin d’ouvrage, tente de (et s’amuse à ) donner une « explication » de ce Faber ; il avance une hypothèse philosophique ( ce personnage serait le diable), une hypothèse matérialiste ( Faber représenterait une image décadence de l’Occident) ; une hypothèse sociologique ( Faber, ou Medhi, renvoie à l’Algérie et à l’intégration manquée) ; une hypothèse psychologique ( c’est un adolescent qui refuse de grandir). Puis il brouille toutes ces pistes pour laisser entendre que Faber, finalement, incarne avant tout la toute-puissance de la littérature.

Un roman, dit-on, sur le vide et la colère de la génération née en 1981.

Tristan Garcia est né en 1981 ; il a eu le prix Flore du 1er roman, « La meilleure part des hommes « (2008) ; en 2010, dans « Mémoires de la jungle », il entre dans la peau d’un singe.

Gallimard



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